[BGF 2016] Créer ses jeux vidéo et en vivre

Compte-rendu d’une conférence qui devrait intéresser ceux qui aspirent à devenir créateurs de jeux vidéo.

Créer ses jeux vidéo et en vivre, est-ce possible ? Telle était la question soulevée lors de ce Bordeaux Geek Festival 2016. Pour y répondre, des professionnels du milieu du jeu vidéo, ainsi que différents acteurs pouvant aider des personnes qui souhaiteraient se lancer dans l’aventure, étaient présents. Voici donc quelques conseils et informations, pour ceux qui aimeraient tenter l’expérience de la création de jeux vidéo.

 

Bordeaux Games : « En se réunissant, on est toujours plus forts »

Car oui, sachez-le, futur(e)s créateurs et créatrices, énormément d’institutions et d’associations existent pour vous aider à réaliser votre projet. Prenons l’exemple de Bordeaux Games, une association regroupant les acteurs du jeu vidéo de la région Aquitaine. Celle-ci, regroupant pas moins d’une trentaine d’adhérents qui va de l’indépendant, à la grosse boîte côté en Bourse, peut en effet vous aider dans bon nombre de domaine. Que ce soit pour vos démarches de financement, la mise en relation avec les bons contacts pour participer à des salons et divers évènements ou bien encore le relayage d’informations pour promouvoir votre projet, cette fédération peut vous donner le coup de pouce dont vous avez besoin pour faire aboutir votre projet.

Fabrice Carré, Président de Bordeaux Games, nous parle alors brièvement de son expérience, notamment chez Kalisto, nous donnant quelques conseils au passage. Tout d’abord, prévoir les deux cas de figures possibles de votre projet. Il peut marcher, donc réfléchissez bien avec ceux qui vous ont aidés à le réaliser aux différents paramètres comme le partage des revenus ou des droits entre vous et pensez à définir le rôle de chacun au sein de l’entreprise. Demandez-vous aussi si vous allez faire de nouveaux projets ensemble ou si c’était seulement un one shot. Enfin, l’autre cas de figure étant que votre projet peut ne pas fonctionner, prévoyez un plan B. La passion peut en effet vous rendre aveugle et vous faire raisonner de façon irrationnelle, donc envisagez une solution de repli. Vous pouvez également travailler sur des projets d’autres boîtes ou lancer une campagne de crowdfunding pour financer votre propre projet si celui-ci prend plus de temps que prévu par exemple.

Autre conseil très important : travaillez la communication et le marketing autour de votre projet car, comme vous le savez, un nombre impressionnant de jeux vidéo sortent chaque année. A une époque, il était question d’un savoir-faire compliqué, mais maintenant il y a beaucoup d’outils à notre disposition pour réaliser « facilement » un jeu. Vous avez des moteurs de jeux comme Unity ou Unreal de même que de bonnes formations initiales qui cassent cette barrière technique, très présente auparavant. C’est donc l’un des points essentiels de nos jours : faire connaître votre jeu est une des nombreuses clés qui constituent la réussite de celui-ci, le but ultime étant évidemment qu’il sorte du lot. Derniers points, sachez séparer les rôles de chef de projet et de chef d’entreprise, car c’est souvent l’initiateur du projet qui va endosser par la suite cette fonction. Une erreur en soi : ces deux postes étant foncièrement différents, il vous faut absolument faire cette dichotomie. Enfin, la persévérance est votre meilleure alliée pour réaliser votre projet de jeux vidéo.

 

Pôle Emploi Culture-Spectacle : une institution d’Etat au service du jeu vidéo

C’est communément admis, Pôle Emploi a mauvaise presse depuis de nombreuses années et ce n’est donc pas forcément vers eux que l’on se tourne en premier quand on a un projet de création en tête. Cependant, il est important de savoir qu’un service spécialement dédié à l’économie créative – dont les jeux vidéo font partie – existe et est à votre disposition pour vous aider à créer votre entreprise. Des accompagnements sont disponibles pour toute personne inscrite à Pôle Emploi et dans certains cas, pour ceux qui ne le sont pas. Ce service peut, par exemple, vous aider à aller plus loin dans votre idée de création d’entreprise et, par la suite, vous orienter vers les bonnes personnes en lien avec l’industrie vidéoludique. Une petite précision concernant les demandeurs d’emploi bénéficiant d’une indemnité : il est possible de transformer cette indemnité en aide à la création et vous pouvez également bénéficier d’un allègement de charges pour une durée d’un an.

 Des formations vous sont aussi proposées, financées par Pôle Emploi, pour obtenir certains agréments obligatoires. Enfin, si votre projet de création d’entreprise aboutit – et on vous le souhaite sincèrement –  vous pouvez demander des aides à l’embauche, afin de trouver vos futurs collaborateurs. Pour finir, Elsa Roubet, intervenante Pôle Emploi Culture Spectacle en région Aquitaine, nous livre quelques bonnes adresses pour de plus amples informations sur le sujet comme Emploistore.fr, un site internet avec toute une partie dédiée à la création d’entreprise. Vous pouvez également vous tourner vers l’Agence France Entrepreneur – successeur de l’Association Pour la Création d’Entreprises – qui est une association qui accompagne à la création et au développement d’entreprises et regroupe via leur site internet, énormément d’informations sur le sujet.

 

Adhérer à une SCOP : Une alternative intéressante à l’entreprenariat classique

Première chose à savoir avant de faire partie d’une SCOP – Société Coopérative et Participative – nous dit Roxane Lagardère, chargée de communication chez Coop’ Alpha, c’est que vous serez salariés à temps plein. Cette SCOP fonctionne en effet sur le concept économique de la CAE – Coopérative d’Activités et d’Emplois – Pour vous expliquer un peu mieux en quoi consiste une CAE, c’est un regroupement économique solidaire de plusieurs entrepreneurs. Cette forme d’entreprenariat collectif vous offre ainsi une alternative, plus sûre, pour lancer votre activité. Vous bénéficiez d’un cadre juridique existant, d’un statut d’entrepreneur salarié en CDI et d’une protection sociale – vous donnant le droit aux Assedics par exemple, non négligeable en cas d’échec de votre entreprise. Pour ce qui est de la gestion administrative, fiscale et comptable, elle est mutualisée.

Chez Coop’ Alpha, l’adhésion est libre et vous pouvez choisir d’en partir à tout moment. Même si l’aspect collectif est très présent, vous restez seul décisionnaire et propriétaire de votre projet. Vous participez également au co-financement de la société par une contribution de 10% prélevée sur la marge brute de votre activité. Cependant, si vous n’avez pas encore de chiffre d’affaires, on ne vous prélève rien. Cette manière de créer son entreprise peu connue, mériterait d’être mise plus en avant. Cette alternative innovante permet également de rompre l’isolement des entrepreneurs et d’ainsi avancer plus vite sur son projet, tout en se créant du réseau grâce à l’échange avec les autres entrepreneurs.

 

Ultimes conseils 

Pour clôturer cette conférence, Adrien Fournier, coordinateur du Master Game Art à l’ECV de Bordeaux, souhaite nous faire part de ses recommandations concernant la création de jeux vidéo pure. Pour lui, la création de jeu vidéo se résume en trois verbes : Gérer, vendre et créer. Bien que nous ayons tendance à créer d’abord notre jeu puis de le vendre et enfin de le gérer, ce n’est pas forcément la meilleure chose à faire. Pensez donc d’abord à une stratégie, savoir comment vous allez le financer pour avoir le meilleur confort de travail possible, etc. En second lieu, savoir à qui vous allez le vendre, puis ce n’est qu’après que vous allez créer votre jeu. Chose très importante à faire quand vous avez votre jeu en main, même s’il n’est pas totalement terminé, faites-le tester aux plus de gens possible, histoire ne pas passer à côté de vos joueurs. Un autre point à ne pas négliger : ne vous découragez pas. Même si votre boîte coule ce n’est pas une fin en soi. Beaucoup de personnes sont passées par plusieurs studios qui ont plongé, mais ils sont toujours revenus.

Cette dernière partie parlera plus particulièrement aux étudiants. Le premier conseil étant de ne pas hésiter à se lancer : faites des jeux. Vous pouvez commencer par créer un jeu de société ou bien encore utiliser Game Maker – logiciel de développement de jeux vidéo – faites-vous confiance et prenez du plaisir à le faire. Pour ce qui est de la formation de création de jeux vidéo pure, trois chemins s’offrent à vous. Tout d’abord, vous former en autodidacte : vous pouvez trouver plein de tutoriels sur internet très bien faits qui peuvent vous être utiles. Pensez également à faire de concours internationaux comme Global Game Jam par exemple, qui sont très formateurs et vous permettent de vous faire connaître, de ne pas rester seul dans votre bulle et de vous faire du réseau par la même occasion. L’autre voie possible concerne l’enseignement public, qui a beaucoup d’avantages comme la possibilité d’avoir des bourses. Mais il y a aussi beaucoup d’inconvénients comme les offres de formations inégales entre les différentes régions, la demande importante d’autonomie et une trop grande probabilité de se laisser entraîner dans la vie étudiante. Enfin, vous pouvez passer par l’enseignement privé, qui vous offrira un encadrement et un suivi importants, beaucoup de cours ainsi qu’un réseau de pros que vous pourrez vous créer grâce aux masterclass, par exemple. L’inconvénient majeur est, bien sûr, le coût de ces formations dans le domaine privé, qui est plutôt conséquent.

 

Cette conférence sur la création de jeux vidéo nous a permis d’apprendre énormément sur ce sujet. Il est donc possible de créer ses jeux vidéo et d’en vivre, à condition de bien réfléchir aux différents paramètres cités plus haut, de se faire accompagner et d’être passionné par ce que l’on fait. Nous tenons à remercier les intervenants qui ont su nous éclairer, nous conseiller et qui ont pris le temps de répondre aux questions du public. N’hésitez pas à cliquer sur les différents liens de l’article pour avoir de plus amples informations, notamment sur les structures citées comme Bordeaux Games ou Coop’ Alpha. Nous espérons vous avoir aidé à y voir plus clair et vous avoir donné envie de vous lancer dans l’aventure !

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