Evry Games City : L’industrie

L’industrie du jeu vidéo décortiquée lors de conférences au Evry Games City 2015.

L’industrie du jeu vidéo est devenue particulièrement importante dans le monde et a fait son trou en France. Ces conférences ont été l’occasion d’en apprendre plus sur l’état du marché et sur les perspectives de celui-ci pour l’avenir, notamment pour ceux qui entrent dans le marché du travail dans ce domaine. Zoom sur l’industrie du jeu vidéo. 

 

« Entreprendre et se professionaliser » – O’Gaming.TV

Alexandre et Hadrien Noci, plus connus sous les noms de Pomf & Thud, sont les fondateurs d’O’Gaming.TV. Mais qu’est-ce qu’O’Gaming.TV ? La plus grande chaîne de streaming française dédiée aux commentaires e-sport. C’est avec beaucoup d’humilité que les fondateurs racontent leurs débuts il y a cinq ans maintenant, en juin 2010. Ils parlent déjà de commenter des jeux vidéo. Ils ont dû tout apprendre par eux-mêmes, ils savaient simplement qu’il y avait une opportunité de marché. Seulement, le jeu vidéo n’était pas considéré commecela peut être le cas aujourd’hui en France, comme un sport ou un divertissement. Après s’être procuré les droits des compétitions, ils lancent leur première chaîne Youtube. En à peine un an, 3 millions d’IP sont comptabilisées sur leur chaîne. Ils misent tout sur le crowdfounding pour trouver les fonds nécessaires afin de proposer des compétitions toujours plus folles, telle que l’Iron Squid qui s’est tenue du 19 février au 5 mai 2012 au Grand Rex avec 2 500 spectateurs sur place et environ 50 000 téléspectateurs en streaming. Depuis, les deux frères ne cessent de redoubler d’effort et de travail pour aller toujours plus loin. Ils ont conscience que leurs vrais concurrents sont les anglais, d’où leur besoin de décliner leur chaîne dans la langue de Shakespeare. Cependant, ils savent qu’ils jouissent d’une liberté de ton que ne peuvent se permettre leur homologue anglais. Une belle rétrospective sur l’intuition de deux frères partis de rien, qui sont aujourd’hui leaders de ce marché fleurissant.

 

 

« La France, le prochain leader du marché » – Axelle Lemaire

La présence surprise d’Axelle Lemaire, secrétaire d’état chargée du numérique, a fait quelque peu retarder la conférence. Elle marque son enthousiasme quant au marché du jeu vidéo français. Elle représente le soutien du gouvernement face à des événements comme l’Evry Games City créé par des étudiants.  La France fait confiance et veut laisser la liberté aux jeunes. Créer de l’emploi, des entreprises prospères sur le marché, voilà ce que veut le gouvernement. Et avec 270.000 visiteurs à la Paris Games Week, des studios comme Ubisoft, Quantic Dream ou Gameloft et 500 entreprises françaises de moins de cinq ans sur un marché qui représente 14.000 emplois, oui le gouvernement a bien compris que le jeu vidéo était bien plus qu’une lubie passagère ou un révélateur de psychopathes avérés. Axelle Lemaire indique rapidement les points faible de la France face au marché du jeu vidéo. Tout d’abord, une compétition internationale forte plus qu’évidente, ensuite, un déficit de financement car investir est trop risqué. Enfin garder nos talents en France sans non plus rester fermé aux échanges. C’est pourquoi le crédit d’impôt de jeu vidéo est devenu plus souple pour que plus de personnes puisse en profiter. Le gouvernement a même la folle idée d’attirer les étranger en France d’un point de vue vidéoludique. Axelle Lemaire évoque aussi sa volonté de voir l’e-sport  reconnu nationalement, autant dire que ça ne sera pas chose aisée. Elle croit au potentiel de ce domaine et ajoute « Comme on dirait dans CS GO : Easy peasy lemon squeezy ». Une petite note d’humour que la secrétaire d’état n’a compris qu’après explication de la part du public.

 

« Le jeu Made In France, une industrie en plein essor » – AFJV & Capital Games

Axelle Lemaire laisse finalement la place à Emmanuel Forsans, directeur général de l’AFJV (Agence Française pour le Jeu Vidéo) et Hélène Delay, directrice adjointe chez Capital Games (Association de cluster de jeu vidéo en Île-de-France). Ils ont commencé à présenter le secteur du côté des professionnels. Autrement dit, il y a le studio, celui qui créé le jeu, l’éditeur, comme un éditeur pour les livres et les consoliers, Sony, Nintendo et Microsoft. On remarque que de plus en plus de studio prenne aussi en charge le rôle d’éditeur. On compte en France une trentaine d’éditeur (Ubisoft, Focus, etc) contre une filiale d’étranger plus massive pour exporter les jeux (Activision, Electronic Arts, etc). Depuis peu, le jeu dématérialisé a totalement transformé le marché. C’est Apple qui a prouvé que c’était un marché prometteur avec son App Store. On a rapidement vu arriver des plateformes comme Steam, Uplay ou Origin. Grâce à la dématérialisation, des sociétés ont pu émerger sans avoir à payer les consoliers, par exemple Criminal Case.

Hélène Delay reprend la main en expliquant ce qu’est un indé, soit une petite entreprise de 11-12 personnes. Le rôle de Capital Games dans tout ça, c’est de communiquer sur eux, en les mettant en valeur sur Steam avec la semaine Made in France et en ayant un stand Made in France à la Paris Games Week. Depuis un an, un fond d’investissement a été levé pour aider des projets à voir le jour. On prévoit 15 millions d’euros pour lever 35 projets de jeux vidéo en 5 ans, de quoi donner du baume au cœur des créateurs passionnés.

Emmanuel Forsans rebondit sur ce sujet pour parler du S.E.L.L. (Syndicat des Éditeurs de Logiciels de Loisirs) qui promeut et défend les intérêts collectifs des éditeurs de programmes (Nintendo, Sony, EA, Microsoft, Ubisoft, Square Enix, Blizzard, Focus Home Interactive, etc) et organise de grands événements liés à l’industrie du jeu vidéo. Le SNJV (Syndicat National du Jeu Vidéo) a aussi été introduit. C’est un syndicat qui préserve et développe les studios français en mettant en place des politiques publiques, des dispositifs réglementaires et législatifs adaptés et en proposant des formations professionnelles. Le Game, quant à lui, aide les studios français à exporter leur jeu à l’étranger en proposant des prix attractifs sur des grands salons étrangers (Gamescom, Game Connection America, etc) pour offrir une meilleure visibilité et assiste les développements internationaux. Il nous parle des Ping Awards dont il est l’un des fondateurs avec Philippe Ulrich (musicien, scénariste, créateur du studio de jeu Cryo, Dune 1991) et Patrick Giordano alias Matt Murdock (musicien, journaliste chez Player One, Nolife, Game One). Ping Awards est une cérémonie qui vise à récompenser les meilleurs jeux de la scène française.

On revient à l’emploi avec une concentration évidente d’offres sur l’Île-de-France, qui concentre 70 % des effectifs de société avec 75 % d’offres d’emploi sur Paris. Chose réconfortante à savoir, le jeu vidéo représente 10.000 à 14.000 emplois dont la moitié est en CDI. Pour ceux qui souhaitent travailler dans ce domaine, il est préférable de se tourner vers la programmation, qui représente plus de la moitié des demandes et qui est donc mieux rémunérée. Le seul réel frein dans ces offres d’emploi, c’est l’expérience minimale exigée. En France, Ubisoft représente le plus grand studio français avec 1.600 employés et 9.000 dans le monde. Quantic Dream compte 160 employés, ce qui est supérieur à la moyenne constatée (entre 50 et 100) dans laquelle rentre Amplitude Studio avec 80 employés.

On distingue cinq grandes familles de métiers dans le jeu vidéo : le design (level design, game design), l’image (graphisme, animation), la techno (programmation), le management et les métiers dit de « transverses » (test, localisation, marketing). La musique et les bruitages sont souvent des intervenants ponctuels car ils ne peuvent travailler seulement qu’une fois tout, ou presque, est assemblé. On constate que les écoles produisent trop de diplômés dans l’image (graphisme, animation), d’où le fait que les jeunes diplômés misent souvent sur l’international.

Une conférence qui fait comprendre que la France a des atouts avec beaucoup de talents, mais qégalement qu’elle peine à proposer autant d’emploi que le nombre de diplômés l’exige.

 

 

Des conférences poussées plus sur le marché du jeu vidéo qui donne un autre point de vue sur notre loisir préféré. On espère que le marché croîtra encore et que la France gardera ses talents pour peu qu’elle puisse les accueillir.

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