[TEST] L.A. Noire : Complete Edition, aussi noir que mon café

Aujourd’hui, j’ai presque fini à 100% le jeu L.A. Noire, il était temps d’en faire un petit test. Le jeu est sorti en mai 2011 édité par Rockstar Games, éditeur culte créé en 1998. Les jeux de son catalogue ont des allures de liste de Noël pour n’importe quel enfant assez grand pour tenir une manette dans les mains : GTA, Max Payne ou Red Dead. Les développeurs de L.A. Noire se sont eux regroupés sous le nom de Team Bondi. La Team Bondi est un cas intéressant dans le monde du jeu vidéo. Ils sortent L.A. Noire en mai 2011 et se déclare en faillite en août 2011. Alors que s’est-il passé ? L.A. Noire, chant du cygne, trop cher à développer ?

Pour la petite histoire

La vérité les amis est bien plus prosaïque. Toi, jeune de troisième qui cherche un stage, ou toi, gamer invétéré, tu souhaites travailler dans le monde merveilleux du jeu vidéo ? Pas de soucis : la Team Bondi est prête à vous accueillir. Dans une Australie magique, venez travailler dans des conditions proches de celle des jeunes chinois, horaires à rallonge, condition de travail déplorable et paye à la baisse. Bon je caricature un peu mais c’est ce qui ressort dans les interviews de plusieurs anciens membres de la Team. À tel point que cela a plombé toute la boite qui n’a jamais pu se relever. Je comprends mieux maintenant cet acharnement à incarcérer des communistes ou des syndicalistes dans le jeu ! L’histoire est parfois ironique, mettez-vous à la place des développeurs qui bossent dans des conditions horribles pour coder un jeu qui emprisonne en priorité des gens se battant pour que ce genre de chose ne se passe pas. Moi personnellement j’ai beaucoup d’admiration pour quelqu’un qui lit Kropitkine, mais dans le monde de L.A. Noire il en va autrement . . .

Pour en revenir au jeu

L.A. Noire est un jeu qui ne laisse pas indifférent : soit on accroche, soit on déteste. En effet, sa principale force est aussi son principal défaut. L.A. Noire se situe entre le jeu et un film, et parfois, la frontière est mince. Pour l’apprécier, il faut – à mon avis – avoir toujours en tête que, non, ce n’est pas un GTA-like et que le jeu, comme un film, est ultra linéaire. Une fois acceptés ces deux postulats de base, le jeu paraît tout de suite plus attrayant – ou pas selon les goûts. Le jeu est beau et les visages en motion picture sont assez impressionnants de réalisme. On se croirait presque dans un film d’animation d’un genre nouveau. Sur le point-là, il est vrai que le jeu repousse ce que l’on a pu voir auparavant. D’autant plus que la technologie n’est pas là seulement pour faire joli, il faut s’aider des expressions des différents protagonistes afin de voir s’ils mentent ou non. Une intégration au gameplay intéressante.

Atmosphère ! Atmosphère ! Est-ce que j’ai une gueule d’atmosphère ?

Mais ce qui m’a le plus interpellé dans le jeu, c’est son atmosphère. Que l’on aime ou pas, il est impossible de nier que du jeu se dégage quelque chose et pour peu qu’on y soit sensible, il y a quelque chose qui tient aux tripes. La musique du jeu est grandiose, merci à Andrew et Simon Hale (ce dernier est un pianiste qui a travaillé pour Madness, Björk, Jamiroquai) car je laissais parfois le jeu tourner juste pour pouvoir avoir la musique en fond sonore. Les personnages du jeu sont aussi une grande réussite, psychologie réussie, répliques cinglantes, chacun apporte quelque chose à la narration. Gallaway, l’alcoolique qui travaille aux homicides depuis tellement longtemps que si une femme est retrouvée morte, « y’a plus qu’à choper le mari et la journée est finie », Le chef des homicides aka « Super catho », qui ne jure que par la main vengeresse de dieu et pas mal d’autres. Il faut aussi parler du salaud suprême : Roy Earl. Le personnage le plus détestable qu’il m’ait été donné de croiser dans un jeu vidéo. Il est facile de faire des méchants immoraux mais lui, ça va plus loin, si comme moi vous avez fini le jeu, c’est probablement une véritable haine qu’inspire ce personnage. Je le détestait tellement qu’à la fin je faisais exprès de le tuer, histoire de me défouler un peu.

Enfin, je souhaitais dire que ce jeu à l’intelligence de dépasser une vision trop manichéenne souvent présente dans le jeu vidéo, pour proposer un monde non pas séparé entre gentils et méchants, mais  séparé entre puissants et faibles. De plus, il s’affranchit des codes traditionnels pour rester dans la lignée des films noirs où il reste souvent un goût amer en bouche. Pour exemple, durant l’arc dédié au service des homicides, tout repose sur des meurtres qui vont déboucher sur la traque d’un tueur en série. Le tout ne se terminera pas comme prévu, même si vous réussissez l’enquête. Les happy ends, ce n’est pas vraiment ce que vous devez vous attendre à vivre.

J’ai pour ma part eu l’occasion de jouer à l’édition complète incluant les DLC directement sur le disque. Le moins que l’on puisse dire, c’est que c’est une réussite. Non seulement les DLC s’intègrent parfaitement dans la trame du jeu et rien ne permet de les différencier d’une enquête du jeu de base. Je trouve aussi que les DLC sont extrêmement bien fait et que les défauts qui ont été évoqués pour le jeu de base ont été corrigé – plus de fun, plus de gun-fight, plus d’action. Alors si vous hésitiez, prenez cette édition complète – approuvé par le Seal of Quality Cuchulainn.

Verdict

8/10

Alors, oui, j’ai été emballé par ce jeu mais comme je l’ai dit au début, son atout majeur est aussi son principal défaut alors il est fort probable que si vous n’aimez pas les jeux ultra scriptés, passez votre chemin. Le jeu a beau avoir une ambiance prenante, si elle ne vous touche pas, il y a fort à parier que L.A. Noire va vite devenir un enfer pour vous. Le jeu n’est pas non plus parfait, les scènes d’actions peuvent être dantesque – comme dans les décors d’Intolérance –  ou franchement plan-plan. D’autre part, on a reproché au jeu de répéter toujours les mêmes séquences (course poursuite en voiture, fusillades, course à pied …) mais je dois avouer que j’ai pu passer outre ce sentiment de répétition grâce au scénario et à l’ambiance du jeu.

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