No Man’s Sky : L’avis de Jennifer

Notre deuxième avis sur No Man’s Sky, sur la version PlayStation 4.

« Le connu est fini, l’inconnu infini ; ce que nous comprenons n’est qu’un îlot perdu dans l’océan illimité de l’inexplicable. » Cette citation de T. H. Huxley aurait très bien pu figurer dans le très ambitieux No Man’s Sky, développé et édité par le studio Hello Games, dont nous allons vous parler aujourd’hui. Sorti pour le moment sur PlayStation 4 et PC, ce jeu d’exploration jouable à la première personne a effectivement beaucoup fait parler de lui ces dernières années. Les attentes des joueurs n’ont cessé de grandir au fil des présentations et des divers aperçus, notamment lors de l’E3 2014, tant les promesses sont immenses. On ne peut pas leur en vouloir quand on voit les vidéos qui nous offrent une perspective des plus alléchantes d’un jeu superbe graphiquement et, surtout, d’une exploration quasiment infinie du cosmos. Hello Games a-t-il eu les yeux plus gros que le ventre avec son rêve d’immensité ou a-t-il au contraire réussi son pari et, plus important encore, tenu ses promesses ? Réponse tout de suite dans notre test de la version PS4.

 

No Man’s Sky : un éternel recommencement

Comme il a été évoqué plus haut, il vous est possible de parcourir l’univers à bord de votre vaisseau de manière quasiment infinie. Et pour réussir ce tour de force technique, il a fallu faire appel au système de génération procédurale, c’est-à-dire que tous les systèmes, planètes et ce qui s’y trouve sont générés de façon aléatoire en suivant des algorithmes prédéfinis. C’était, certes, le seul moyen pour répondre à cette ambition folle de jeu sans fin mais n’y avait-il pas mieux à faire, quitte à revoir à la baisse cette quête d’infini ? Car le risque, quand on fait appel à ce genre de procédé, c’est de se retrouver avec un jeu sans âme qui se répète encore et encore et qui, en fin de compte, finit par lasser. Passé le stade de la découverte des quelques planètes quand vous débutez le jeu, l’enthousiasme retombe assez rapidement et laisse place à un sentiment de piétinement. Vous commencez à retrouver les mêmes énigmes, les mêmes « recettes » pour améliorer votre multi-outil ou votre exocombinaison et, surtout, vous n’avez pas l’impression d’avancer tant la progression est lente vers le centre de l’univers. Ce qui constitue quand même la quête principale du jeu. Il aurait mieux valu que les développeurs se concentrent sur, disons, une trentaine de planètes, ce qui est déjà énorme et – surtout – plus proportionné par rapport à la taille de l’équipe de développement, qui ne compte qu’une quinzaine de membres. Le jeu aurait alors gagné une des choses les plus importantes selon nous : une âme.

Le concept de base fait rêver mais la frustration de ne croiser aucun autre joueur noirci quelque peu le tableau que nous avait dépeint le studio. L’environnement de jeu est, en même temps, tellement vaste que les chances de se rencontrer sont extrêmement minces voire inexistantes, ce qui est plutôt réaliste en soi. Cependant, la communication faite autour du jeu avait laissé entendre qu’il était tout de même envisageable de croiser d’autres joueurs s’ils jouaient au même moment et se retrouvaient au même endroit. Des personnes auraient alors tenté l’expérience et n’auraient apparemment pas pu se voir, une information à prendre avec d’énormes pincettes. Balayons cette désillusion et parlons de choses concrètes, à savoir les différentes races extraterrestres qu’il est possible de croiser sur sa route. Après plusieurs jours d’exploration, nous avons fait la connaissance de trois peuples différents : Les Vy’keen, les Geks et les Korvax. Toutes les trois ont un dialecte propre, ce qui fait qu’au départ, vous ne comprenez pas un mot de ce qu’ils vous disent. Il faudra donc vous débrouiller pour apprendre leurs langages, mot par mot, à l’aide de Pierre de savoir, Monolithe ou par le biais des individus eux-mêmes.

Côté scénario, vous l’aurez sûrement compris, il n’y en a pas vraiment. On peut quand même noter la présence de stèles sur les planètes qui vous racontent les légendes des peuples extraterrestres et les conflits qu’il a pu y avoir, entre autres informations. Vous avez également la possibilité de suivre la Voie de l’Atlas, une quête supplémentaire qui vient s’ajouter à celle du voyage vers le centre de l’univers. Il n’y a donc pas de fil rouge scénaristique à proprement parler, il s’agit plus de fragments d’histoire éparpillés un peu partout dans l’univers. La volonté des développeurs était de faire un jeu sans réel but pour que le joueur puisse se créer lui-même ses propres objectifs. Un parti pris intéressant dans le fond, mais qui décevra assurément les amateurs de background.


Dans l’ordre : Korvax, Gek et Vy’keen

 

Un véritable hymne au minage

Vous vous en apercevrez bien assez tôt, vous passerez le plus clair de votre temps à farmer. Car même s’il n’est pas clairement identifié comme un RPG, No Man’s Sky emprunte néanmoins beaucoup de mécanismes de cette catégorie. Vous avez, en effet, la possibilité de faire évoluer votre personnage en améliorant son exocombinaison, son multi-outil ainsi que son vaisseau spatial. C’est d’ailleurs quasiment une obligation si vous ne voulez pas être stoppé dans votre progression vers le centre de l’univers. Et pour cela, il vous faudra partir à la recherche de minerais et d’objets spécifiques pour confectionner les pièces nécessaires à votre avancée dans l’aventure. Le gros point noir au niveau de l’inventaire – l’exocombinaison – c’est qu’au commencement, il est vraiment ridicule. Non seulement vous n’avez que très peu d’emplacements mais en plus les équipements qui vous permettent d’améliorer vos conditions d’exploration monopolisent de la place. C’est alors vraiment frustrant de tomber sur une planète où l’on trouve beaucoup de ressources différentes – et d’autant plus si elles sont rares – et de ne pas pouvoir les emporter à cause d’un inventaire d’une taille lilliputienne. Pour l’agrandir, il vous faudra trouver les capsules dédiées en vous promenant sur les planètes et comme il vous faudra payer ces emplacements, un bon conseil : procurez-vous un vaisseau avec le plus d’emplacements possible, car le stockage des ressources est deux fois plus important que dans l’exocombinaison.

Au niveau de l’arme – le multi-outil – par contre, nous avons eu une très bonne surprise. Le viseur est, certes, minuscule mais les développeurs ont eu la bonne idée de faire une visée semi-assistée, ce qui améliore réellement le confort de jeu lors des combats rapprochés. Nous pouvons, là aussi, améliorer notre arme ou en acheter tout simplement une autre plus performante. L’équipement ne s’arrête pas là, car vous avez en votre possession un scanner qui vous permet d’analyser l’environnement qui vous entoure – faune et flore – et de partager vos découvertes en ligne. Vous pouvez même renommer les espèces que vous avez découvertes. On ne va pas se mentir, cette petite fantaisie est plutôt marrante au départ, mais vue la quantité de choses que l’on peut scanner, au bout d’un moment, l’envie et la motivation s’envolent loin, très loin. Terminons notre tour d’horizon des équipements avec le vaisseau, qui se révèle être une plaie à diriger – sur console en tout cas. La maniabilité est tellement inexistante qu’il vous est impossible de planer au ras du sol et ça vous fait non seulement rater beaucoup de choses mais c’est également très désagréable niveau sensation de jeu. Ne parlons pas des combats spatiaux, qui sont inintéressants et même un peu déroutants. Pour résumer, c’est un joyeux bordel et on ne sait pas vraiment comment s’y prendre quand on se retrouve au beau milieu d’une bataille galactique. Dommage, car cet aspect du gameplay aurait vraiment gagné à être mieux exploité et surtout mieux expliqué.   

 

Mensonges et trahisons, dernière partie

Ces mots peuvent vous sembler durs voire exagérés, mais vous allez vite comprendre que c’est loin d’être le cas.  Premier mensonge et première désillusion : les graphismes. Rappelez-vous, lors des conférences à l’E3 2014 et 2015 des vidéos de gameplay et des cinématiques présentées qui étaient tout simplement bluffantes. Eh bien vous pouvez tout de suite effacer tout cela de votre mémoire, car au final, Hello Games et Sony ont surfé sur une communication qui a laissé une ambiguïté trompeuse et mensongère s’installer. Car ce qui nous a été montré se rapproche en fait bien plus de la version PC que de la version console. On peut comprendre l’immense déception des joueurs lorsqu’ils ont enfin pu mettre les mains sur le titre. Une communication trompeuse qui a été vécue comme une trahison par un bon nombre de personnes qui ont surtout eu le sentiment d’avoir été pris pour des jambons. Nous vous invitons d’ailleurs à voir de vos propres yeux le comparatif entre la version PS4 et la version PC, qui est à votre disposition à la fin de cet article. La version console ressemble presque à une version alpha graphiquement parlant comparativement aux présentations. Le clipping est non seulement de mise – terme utilisé pour définir l’apparition soudaine du décor – mais comme si cela ne suffisait pas il y a également du popping de textures – terme qui désigne un changement soudain de texture sur le décor quand on se trouve à une certaine distance dudit décor – ce qui est esthétiquement hideux. Inutile de s’attarder plus longtemps sur l’aspect graphique du jeu car, vous l’aurez compris, cette version console est tout simplement une honte.

Autres grosses déceptions à ajouter sur la liste : les nombreux bugs dont nous avons été malheureusement victimes. Notre console a, en effet, à de nombreuses reprises freezé – blocage complet de la console où dans certains cas il faut débrancher l’appareil – et nous avons eu la désagréable expérience – expérience répétée, là aussi – de passer à travers le sol, tomber dans le néant du codage du jeu pour finalement atterrir dans de l’eau imaginaire et se noyer. Bref, heureusement qu’il est possible de recharger la dernière sauvegarde enregistrée avant de trépasser, c’est déjà ça ! En parlant de sauvegarde, il est vraiment dommage que les développeurs n’aient pas pensé à proposer le cross-save qui aurait permis d’avoir sa sauvegarde disponible sur la version PC, au cas où nous aurions voulu continuer l’aventure sur cette version. Côté durée de vie, comme nous l’avons abordé plus haut, elle n’est pas vraiment quantifiable car vous pouvez continuer l’exploration indéfiniment si cela vous chante. Seulement voilà, pour ceux qui veulent atteindre le centre de l’univers et voir ce qu’il s’y trouve, il vous faudra y consacrer pas mal de votre temps libre, 30 à 40 h de jeu au bas mot. Pas sûr que beaucoup de personnes soient assez tenaces et motivées pour atteindre cet objectif, au vu de la progression qui est, on vous le rappelle, assez lente. Finissons tout de même sur une note positive, avec l’atmosphère reposante qu’offre le jeu et son ambiance sonore des plus zens. Les thèmes musicaux sont en effet parfaitement adaptés à l’ambiance générale du jeu, qui se veut relaxante et reposante.

 

Verdict

6/10

Sur le papier, No Man’s Sky avait tout pour plaire. La liberté d’explorer à l’infini des planètes au nombre tout aussi infini et tout ça sans temps de chargement étaient vraiment un pari complètement fou, surtout avec une équipe de développeur aussi petite. Malgré de réels points forts comme le fait de rencontrer des peuples extraterrestres et apprendre leur langue au fur et à mesure de son voyage ou bien encore l’atmosphère agréable que dégage ce titre, de trop nombreux défauts viennent gâcher la fête. La faute, entre autres choses, à une trop grande ambition de la part des développeurs qui ont préféré la quantité à la qualité, ainsi qu’à une mauvaise communication autour du jeu de la part de Sony, qui nous a vendu cela comme une révolution du jeu d’aventure, ce qui est loin d’être le cas. Il est fort possible que dans un genre similaire (l’infini en moins), Mass Effect Andromeda fasse très mal à No Man’s Sky en terme d’exploration spatiale si les rumeurs de couloirs sont vraies. No Man’s Sky est, malgré tout, globalement un bon jeu pour se détendre une fois de temps en temps après le boulot mais, pour être honnête, l’aspect redondant du farming fini malheureusement par écœurer.

Propulsé par WordPress | Thème Baskerville 2 par Anders Noren.

Haut ↑