[TEST] The Legend of Zelda : Majora’s Mask 3D, la fin du Héros du Temps ?

Etant un joueur n’ayant que peu connu les consoles retro de la première moitié des années 1990 – ma première console de salon fut une Nintendo 64, après quelques parties de Super NES – la série The Legend of Zelda a été marquée, pour moi, par les deux opus de la 64 bits de Nintendo. Majora’s Mask arrive sur Nintendo 3DS et les souvenirs affluent alors … et l’envie de voir du neuf dans les mécanismes aussi.

« Tu es confronté à une terrible destinée, n’est-ce pas ? »

Link traverse tranquillement les Bois Perdus quand, soudain, deux fées effraient son cheval Epona. Gisant, inconscient, au sol après être tombé de sa monture, notre héros est dépouillé de son ocarina par Skull Kid, porteur du masque de Majora. A peine le temps de se remettre que le sale môme s’empare également du destrier et s’enfuit, poursuivi par le héros. Une poursuite qui fait atterrir Link à Termina, après quelques péripéties, et une malédiction en prime. Changé en peste Mojo, vous devrez sauver le monde en trois jours, avant que la lune ne s’écrase.

Comme dit plus haut, ma vie de joueur a été marquée par deux Zelda en particulier, Ocarina of Time et Majora’s Mask. A la base, dur de savoir lequel des deux est mon préféré, puisqu’ils sont si différents. Je veux dire, foncièrement différents. Malgré un gameplay de base identique, les mêmes modèles 3D repris pour les personnages non jouables – ce qui servira l’ambiance, au final – et malgré son statut de suite directe à Ocarina of Time qui aurait dû le rapprocher bien plus de celui-ci – en plus d’être infiniment casse-gueule, au passage.

En fait, je peux finalement répondre, dès maintenant, que Majora’s Mask est mon épisode préféré, et l’a en fait toujours été. Et si nous avons eu droit à des jeux ayant imité Ocarina of Time par la suite dans la série, aucun n’a jamais tenté le coup qu’a tenté Majora’s Mask à l’époque. Cette oppression ressentie lors de la quête tout entière, cette aura de « mort » palpable à chaque instant, cette mélancolie qui s’échappe de tous les lieux rendent l’expérience très marquante.

« Marais. Montagne. Océan. Canyon. Vite… Les quatre qui sont là-bas… Amène-les ici… »

Au-delà de l’ambiance, Majora’s Mask reprend toutes les bonnes formules qui ont fait du passage en 3D de la série un modèle du genre. Ainsi, les contrôles globaux de Link sont une référence dans la prise en main et l’intuitivité. De la même manière, la nouvelle gestion de l’inventaire avec l’écran tactile, directement reprise du remake d’Ocarina of Time, permet une plus grande fluidité en évitant les mises en pause trop nombreuses pour les changements d’équipements assignés.

Ce remake sur Nintendo 3DS risque, cependant, de faire débat sur certains aspects, au niveau des modifications entreprises. La plus notable concerne les points permettant de sauvegarder sa progression là où le jeu original se servait, en partie, de son système peu permissif en la matière pour gagner en difficulté et en sentiment d’oppression. En fait, le jeu propose de sauvegarder aux statues de hiboux, comme auparavant, mais ajouté aussi des stèles à des endroits clés, qui ont la même fonction, la téléportation en moins. Au final, le modèle se prête parfaitement au jeu mobile qui doit proposer un système permettant de s’arrêter de manière plus régulière, sans rendre le jeu plus facile – il faudra toujours ralentir le temps et se bouger pour finir un donjon dans le laps de temps imparti.

D’autres points ont été légèrement modifiés. Par exemple, le Journal des Bombers n’est plus donné par les enfants, mais par le vendeur de masques, le tout étant expliqué scénaristiquement sans que ce soit illogique – ce serait même le contraire – et la banque a changé de place pour être mise en avant au sud du Bourg-Clocher, dans la tour dudit clocher. Organisation urbaine qui devient plus logique, donc.

Dans le registre des choses qui ne changent pas, la quantité de quêtes annexes, qui compensent le manque de donjons et qui tirent parti du temps qui passe, constituant un véritable emploi du temps qui permet d’obtenir des quêtes avec une continuité parfaite et un timing à respecter. D’ailleurs, le Journal des Bombers a été modifié pour pouvoir planifier des rappels et ne plus rater un moment important, pratique. Dans le même ordre d’idée, le cadran solaire de l’épisode original cède sa place à une représentation du temps plus pratique. Cela a peut-être influencé la décision de rendre le Chant du Temps accéléré plus flexible, plus besoin de sauter des demi-journées, vous pouvez avancer vers une heure précise – sous-entendu, une heure PILE, comme 16h.

 

« Tu veux jouer aux méchants contre les gentils ? »

Au final, des changements qui rendent le jeu plus fluide et mieux adapté au format mobile. Mais, bien entendu, ce remake ne tient pas seulement en quelques changements pratiques, puisque la principale raison pour laquelle il a été entrepris, c’est pour lui offrir une cure de jouvence au niveau des graphismes.

De nombreuses craintes ont émergé avec les premières vidéos, jugeant que le jeu avait été « éclairci » et perdait de son ambiance du même coup. Sur notre New 3DS XL, le jeu nous a semblé dans le même ton que l’original, avec les mêmes nuances, et une ambiance toujours aussi unique. Etonnamment, sur une 3DS classique, le jeu paraissait, en effet, un peu plus clair. Peut-être une différence de conception entre les écrans. A moins que le hardware de la New 3DS gère mieux ce remake, ce qui serait assez étonnant, puisque le développeur a affirmé qu’aucune différence graphique ne se ferait selon le modèle. En parlant des différentes 3DS, il est à noter que le second stick ajouté à la dernière-née rend la gestion de la caméra plus souple, même si vous utiliserez souvent le recentrage par le bouton L. Dans tous les cas, ce stick demande un temps d’adaptation mais se révèle très utile.

On parle éclairage, mais un autre point important se situe au niveau des textures en elles-mêmes. Le jeu se dote d’une upgrade appréciable, c’est joli, fidèle à l’original et ça remet le jeu au goût du jour. Toutefois, on ne peut s’empêcher de se demander ce qu’aurait donné un remake HD sur Wii U, avec un tel game design, une ambiance sombre. Le tout se prête particulièrement à une « hdéisation », même si on comprend que l’un des Zelda s’étant le moins vendu aurait constitué un risque en vue d’un remake plus ambitieux.

Verdict

10/10

Majora’s Mask n’est pas parfait. C’est peut-être même ce qui fait son charme. Malgré tout, le seul véritable reproche fondé que l’on pourrait adresser au jeu, c’est le manque de donjons. Heureusement, la quantité incroyable de quêtes annexes rattrape le coup (et cette version 3D les gère bien mieux). Restent cette ambiance si incroyable, la mort palpable, un monde sur le point de disparaître qui posent la question de l’appréhension de la fin imminente. Les variations de gameplay selon votre forme – Humain, Mojo, Goron ou Zora – ajoutent une profondeur que n’avait pas Ocarina of Time. En bref, une expérience qui marque au fer rouge.

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