Ori and the Blind Forest

Quand la poésie reprend le meilleur du retro gaming.

Un budget AAA est-il indispensable pour servir aux joueurs une œuvre qui les fera tomber de leurs chaises ? Ori est l’un de ces jeux qui démontre que l’argent ne fait pas tout – même si on se doute qu’il en a fallu un peu – et que l’inspiration, le travail sur les émotions est tout aussi important dans ce que l’on peut considérer comme une réussite ou un échec. Notre aventure sur Ori and the Blind Forest a soulevé cette question : Et si la solution venait des « petites » productions ?

 

Tombé du nid …

Notre petit héros Ori va devoir retourner à l’Arbre des Esprits qui l’a vu naître, alors que sa vie connait un bouleversement majeur avec la mort de celui qui l’avait recueilli, Naru. Véritable symbole d’espoir, Ori va devoir réunir les trois éléments pour sauver l’Arbre, avec l’aide de Seyn, un esprit qui ressemble beaucoup au Igniculus de Child of Light, avec moins d’applications dans le gameplay. Le héros s’aperçoit que le monde a bien changé, puisque tout ou presque est menaçant et une fois lancé dans sa quête, il découvre des lieux sombres et désolés. Ori sera pourchassé par Kuro, une sorte de chouette géante, qui se présente comme l’antagoniste principal de l’histoire. Jamais vous ne vous sentirez en sécurité, ou presque. Comme un symbole de ce sentiment d’insécurité et avant de voir tous les endroits pas franchement accueillants qui vous attendent, l’introduction vous met petit à petit dans la peau d’Ori, dans des phases qui préfigurent déjà de l’ambiance très mélancolique du jeu dans sa globalité, ainsi que de la fragilité de votre personnage face aux obstacles.

L’ambiance d’Ori and the Blind Forest est incontestablement sa plus grande force, les émotions qu’il fait ressentir aux joueurs, son meilleur argument quand il s’agit de déterminer ce qui fait qu’un jeu marque une personne, une génération. Outre l’aspect graphique qui a bénéficié d’un travail titanesque, il faut rendre hommage au level design particulièrement inventif qui révèle tout son potentiel au fur et à mesure de notre avancée dans la quête du petit être de lumière. Enfin, les thèmes musicaux sont tout aussi inspirés que le travail artistique visuel, encore un immense point fort pour l’aura du titre.

 

Une difficulté à l’ancienne

Les jeux retro sont souvent taxés de difficulté extrême. Si ce constat ne s’applique pas à tous les jeux, il est vrai que pour certains, le côté die and retry de l’expérience prenait le pas sur pas mal d’autres aspects – laissant parfois des souvenirs cuisants à certains joueurs. Ori and the Blind Forest arrive, en tout cas, à mêler une grosse difficulté sans que cela ne prenne le pas sur les autres côtés de l’expérience. Un équilibre extrêmement bien dosé, en somme, même si le côté die and retry déjà évoqué plus haut pourrait en rebuter certains.

La maitrise du système de sauvegarde se pose alors comme une nécessité pour ne pas perdre toute motivation. Celui-ci est plus ou moins à la carte et permet de sauvegarder n’importe où, moyennant une case d’énergie – l’énergie est à dissocier de la jauge de vie – pour déposer le portail de sauvegarde. Une fois le système parfaitement maitrisé, restera à dompter le – très bon – level design pour évoluer plus sereinement dans Ori and the Blind Forest. Le jeu parvient alors à vous garder concerné pour aller voir la suite, et autant dire que chacune des quatre grandes zones – accessibles avec la bonne combinaison de compétences – donne envie de les découvrir, vu leur beauté.

 

 

Verdict

9/10

Un magnifique exemple de ce que des moyens relatifs peuvent donner une fois entre les bonnes mains. Ori and the Blind Forest est un jeu qui fera date, graphiquement sublime, émotionnellement prenant et prenant le meilleur du retro gaming. Cette difficulté et ce level design savamment dosés en font une expérience gratifiante, même si certains peuvent se décourager en cours de route. Pour un premier projet important, Moon Studios a fait mouche et apporte un vrai nouveau souffle au genre.

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