[TEST] Life is Strange 2, épisode 2 : Rules, les règles ont-elles changé ?

Tandis que les beaux jours reviennent doucement sur l’Hexagone, en sera-il de même pour nos deux frères, Sean et Daniel Diaz ? Réponse tout de suite avec l’épisode 2 de Life is Strange 2, la dernière histoire interactive du studio français Dontnod, disponible sur PC, PlayStation 4 et Xbox One. Ainsi, depuis le 24 Janvier 2019 (oui, je sais, je suis en retard), les fans ont enfin pu continuer leur périple à travers un portrait des États-Unis contemporains, toujours aussi chargé en dilemmes et rebondissements. Le studio français va-t-il honorer mes espoirs de meilleur jeu de l’année 2019 ? C’est parti pour un débriefing de ce nouveau chapitre, en long, en large, en travers, et toujours « spoiler free » !

 

Winter is coming !

Précédemment dans Life is Strange 2, nous quittions nos deux protagonistes, après de nombreuses péripéties, en bus, filant à travers les États-Unis en quête de Puerto Lobos, au Mexique. Nous reprenons le train en marche, quelques jours plus tard, dans l’Oregon, berceau de la licence, en plein hiver. Nos deux frangins, toujours en cavale, trouvent refuge quelques jours dans une maison abandonnée. Si leur condition n’est pas vraiment enviable, on sent du progrès. Les Diaz ne sont plus les citadins aisés qu’ils étaient et deviennent de véritables Bear Grylls en herbe. Si Sean tient le coup, Daniel commence à montrer des signes de fatigue. Leur fugue reste une course de longue haleine et la confiance n’est plus un élément sur lequel compter. C’est sous ces auspices que démarre le deuxième épisode de Life is Strange 2.

Ce chapitre sera également l’occasion de croiser l’intrigue avec l’histoire de The Awesome Adventure of Captain Spirit, le préquel de Life is Strange 2. Si le premier épisode jouait le rôle d’une introduction de la famille Diaz, l’épisode 2 incarne le point d’ancre de l’histoire. Comme le laisse sous-entendre ce point de croisement scénaristique, énormément d’éléments vont placer les pierres angulaires de la narration. Alors que l’épisode 1 était très tourné autour de la relation entre les deux frères, cette suite va plutôt mettre l’accent sur les relations des frères avec leur entourage et les inconnus. À qui faire confiance ? Qui croire ? Qui éviter ? Qui craindre ? Tant de questions si évidentes mais si anxiogènes à la fois quand on se retrouve à incarner un adolescent fugitif. Je noterais également le nombre d’interactions impromptues présentes dans cet opus : bien plus que dans son prédécesseur, et ça fait du bien ! Les dialogues ambiants, normalement utilisé comme simple subterfuge deviennent enfin de réels éléments d’immersion. On peut être pris à défaut, surpris, paniqué à l’idée de mal répondre ou simplement éluder la conversation, faute de réactivité. Ce sont des mécaniques de gameplay qui rendent une histoire interactive palpitante et haletante !

 

Life is Glitch

Si la suite de cette série reste passionnante à souhait, cette épisode nous montre malgré tout de nombreuses failles techniques. Si je pardonnerai les pertes d’ips (images par seconde) extrêmement ponctuelles et sûrement dues à ma faible configuration, de nombreux problèmes techniques viennent parasiter l’immersion, si ce n’est la briser entièrement. Entre les légers problèmes de pathfiding de Daniel et de petits problèmes de rendu des textures par moment, j’ai eu le droit à de gros soucis de hitbox en prime de personnages présents au mauvais endroit, dans la mauvaise position. Exemple ? Un personnage, normalement assis dans un coin, se retrouvant assis, dans le vide, en plein milieu du chemin. Tellement perturbant que j’ai cru une seconde à un véritable événement scripté, avant de réaliser qu’aucun personnage ne réagissait à cette apparition paranormale ! Drôlement étranges, ces américains ! Dontnod s’est déjà exprimé à propos de ces nombreux bugs (et nombres d’entre eux sont désormais résolus), cela reste plutôt inquiétant quand on sait que cet épisode 2 est sorti un peu plus tard. En sera-t-il de même pour les chapitres suivants ? Je ne l’espère pas car, aussi parfait le second soit-il, ces bugs mineurs viennent faire tâche.

Si on rigole tous d’un glitch extravagant ou d’un ragdoll épileptique dans un Assassin’s Creed ou un Grand Theft Auto, il n’en est pas spécialement de même pour Life is Strange 2. Principalement car l’un est une histoire interactive tandis que les deux autres sont des jeux d’action et d’exploration. L’immersion est primordiale pour vraiment prendre conscience des dilemmes imposés au joueur et leur conséquence. Imaginez regarder votre série favorite et voir inopinément un effet 3D sans ses textures. Rien de bien méchant en somme, cela n’altère pas la narration, seulement sa mise en scène, de façon partielle. Mais cela reste un élément visuel qui viendra couper votre immersion. Cet absence de texture vous rappellera la virtualité de votre expérience, aux dépends du processus d’incarnation, indispensable dans un dispositif où le joueur est plus souvent passif qu’actif. Peut-être est-ce un problème exclusif à la version PC, n’ayant jamais expérimenté ces problèmes avec son aîné que j’ai découvert sur Xbox 360.

Je terminerais sur ce point avec un très léger détail, l’absence de sous-titres à certains instants. Personnellement, ça ne m’a pas dérangé, mon niveau de compréhension orale en anglais étant respectable du haut de mon niveau B2. Mais je n’ai pas pu m’empêcher de penser à mon ami unilingue, à qui j’aimerais mettre ce chef d’œuvre entre les mains. D’autant plus étonnant quand on sait que Dontnod est un studio français, basé à Paris… Serait-ce passé à la trappe ou simplement passé inaperçu ? Je ne sais pas. Tout ce que je sais, c’est que pour comprendre toute l’étendue de l’intrigue, il va falloir vous armer de votre plus bel anglais ou reprendre les révisions. Dommage…

 

Les fils de l’homme

J’ai été certes un peu dur en ce qui concerne les problèmes techniques du jeu, qui ne sont clairement pas dû à une paresse du studio, et qui leur ont sûrement mené la vie dure. Si je suis si tatillon, c’est justement car Life is Strange 2 est un jeu d’une qualité rare, qui vient vraiment exploiter une dimension profonde du jeu vidéo. C’est une histoire qui malmène son joueur par le drame du scénario, la tendresse de ces deux frères et ces nombreux dilemmes éthiques que chacun d’entre nous rêvera de ne jamais vivre. Si l’épisode 1 soulevait des questions plus politiques et sociétales, ce second chapitre vient ébranler nos convictions et notre conception de la confiance. On se remet en cause, on se demande si les choix que l’on fait sont justes ou non, s’ils nous ressemblent, nous parlent ou non. À l’instar du premier volet, ces choix bouleversent et, pour ma part, remettent en question ma notion du bien et mal, de la justice. Sean devient un père de substitution pour son frère, incarnant cette autorité qu’il ne comprend pas non plus. Elle nous pousse à réfléchir à nos valeurs en tant qu’hypothétique parent d’un enfant vivant un chamboulement irréversible. Comment l’aider sans l’étouffer ? Comment préserver son innocence tout en lui faisant prendre conscience de la gravité de la situation et de sa part de responsabilité ? Tant de questions si profondes et puissantes dans un jeu vidéo !

Le contexte nous pousse à se méfier de tous, même de ceux dont on ne douterait jamais en temps normal. La narration s’exprime plus que jamais à travers les décisions du joueur et nul besoin d’explorer toutes les facettes de cette histoire pour en visualiser l’immensité. On est clairement face à un récit riche et bien ficelé, et que c’est plaisant ! On ne se sent pas enfermé dans nos choix tant il y a à faire (plus encore que dans l’épisode 1, je pense) et les différentes branches narratives permettent de préciser la posture du joueur vis-à-vis des péripéties. Seul reproche, mineur, que l’on pourrait reprocher à cet épisode 2 est une certaine mollesse narrative. Les événements cruciaux paraissent légèrement plus fades face aux dilemmes et rebondissements du premier volet. Plutôt normal en soi, l’histoire ne peut être constamment spectaculaire, elle doit se ralentir pour mieux repartir. Et c’est à mon avis la malédiction des épisodes 2. L’épisode 1 apporte une pléthore de nouveautés en installant ses bases, tandis que l’épisode 2 vient les stabiliser et les ancrer dans une histoire cohérente. Ainsi, je comprendrais que certains ne retrouvent pas l’émotion du premier chapitre, mais cet épisode 2, malgré son rythme de fleuve tranquille, promet bien plus ! Verdict avant Mai 2019, si le studio n’allonge pas (à nouveau) le temps entre deux épisodes.