Vous êtes une sorcière …
Bayonetta raconte l’histoire de la sorcière éponyme – quoique, mais on va éviter les spoilers – qui se met en quête des deux joyaux magiques dénommés Œil Gauche et Œil Droit, ce sont les Yeux du Monde, symbolisant respectivement l’ombre et la lumière. Vous rencontrez de nombreux personnages – comme la très mystérieuse fillette nommée Cereza – mais aussi des anges très agressifs qui veulent vous empêcher d’arriver à vos fins.
L’histoire et l’univers de Bayonetta sont de sérieux atouts pour garder le joueur concerné. Passée une introduction qui peut laisser un à priori négatif sur le jeu dans le genre surenchère de gros plans évocateurs et sexualisation à outrance de l’héroïne, le ton très second degré nous fait très vite comprendre que le jeu puise volontairement dans ce registre pour rendre l’atmosphère du jeu tantôt légère, tantôt sérieuse. Un équilibre presque parfait que l’on apprécie sur la globalité du titre.
… et une très belle sorcière.
Malgré un gameplay plutôt très équilibré et réussi, un problème peut gêner certains joueurs. En effet, l’équilibre dans la difficulté est parfois assez curieux. Vous avancerez parfois très vite et très facilement, jusqu’à arriver à un passage qui va vous réclamer des dizaines d’essais. Si cela ne concernait que les boss, nous ne serions pas étonnés mais certains de ces passages concernent parfois des monstres communs tout bêtes que vous rencontrez pour la première fois. En parlant difficulté, notons que les modes de difficulté au-dessus de Normal sont déblocables en finissant le jeu et offrent des challenges très relevés en plus de débloquer l’accès aux dernier bonus récupérables lors de votre partie. Dans un autre ordre d’idée, déloquer des armes et nouveaux combos vous fera passer par les Portes de l’Enfer – le bistrot d’un de vos amis démon – qui vous les échangera contre des auréoles.
Certes, les modèles des personnages commencent à faire leur âge, à l’heure où nos yeux s’habituent aux jeux PlayStation 4 et Xbox One, mais la patte graphique est toujours aussi plaisante. Le jeu reste donc de qualité très raisonnable si l’on raisonne en terme purement technique.
Diversité et mise en scène
Bayonetta ne tombe pas dans le piège du contenu conséquent mais sans relief, à cause d’un manque de diversité et d’effort pour remédier à cet écueil plutôt commun. Ce qui fait de ce jeu un mythe du genre, c’est sa faculté à être long, tout en proposant des expériences de jeu très différentes les unes des autres.
Ces phases sortant de l’ordinaire mettent encore un peu plus en avant le sens de la mise en scène qui anime les développeurs, avec des personnages qui ont un vrai charisme, des chorégraphies de combats sensationnelles et des phases d’action monumentales qui donnent un côté très God of War et un vrai cachet à Bayonetta.
Un portage Wii U plutôt propre
Revenons au gameplay, puisqu’il convient d’aborder la jouabilité au gamepad. Autant le dire tout de suite, ce n’est clairement pas la manette à préconiser pour jouer à Bayonetta, même si un effort a été fait pour que la transition vers cette manette soit la plus agréable possible. Ceci dit, on ne peut s’empêcher de penser que le gamepad n’a pas été exploité comme il se doit. Mis à part les combos que l’on peut sortir au tactile – même si on ne vous le conseillera pas vraiment – l’écran tactile n’a pas été utilisé pour rendre le menu plus ergonomique – dommage car il n’est pas toujours commode à utiliser. Dommage.
Dernier point concernant un aspect qui a pu choquer lors de la sortie de Bayonetta, concernant la vision dégagée par la femme et son hypersexualisation. On ne va pas s’étendre sur le sujet outre mesure, mais il nous a semblé que le côté « femme forte » de Bayonetta, et le caractère qui lui est associé font d’elle un personnage qui n’a rien de l’objet sexuel.
[EDIT du 25 février 2018] Une version Switch très proche de celle sur Wii U
Le rendu global de cette version Switch est très similaire à ce que la version Wii U avait proposé lors de sa sortie. Dans les bons comme les mauvais côtés. Ces derniers sont peut-être un peu plus visibles maintenant que la version PC – qui se pose comme une référence – a vu le jour. Celle-ci nous offrait un rendu presque sans faille avec une compatibilité 4K. On ne pouvait évidemment pas attendre de la version Switch une telle excellence technique mais on ne peut s’empêcher d’être déçu de ne pas retrouver une résolution à 1080p, même en mode Dock.
Le 720p est donc de mise tant en mode salon que portable mais cette contrepartie s’accompagne tout de même d’un framerate très stable à 60fps qui en souffre de presque aucun moment de faiblesse. Le seul regret que l’on peut nourrir est de voir que ce portage ne profite pas du hardware un peu plus costaud de la Switch pour régler quelques problèmes assez visibles – comme l’aliasing, toujours très présent, comme sur Wii U.
La principale nouveauté de cette version tient dans le concept même de la console de Nintendo : le fait de pouvoir jouer en mode nomade à Bayonetta. Le constat est plutôt positif, même si on vous conseillera d’opter pour la manette Pro quand vous jouerez en mode salon. Le mode portable rend ses QTE un peu moins exigeantes pour les sticks, et c’est une bonne chose tant ceux des Joy-Con nous semblaient un peu frêles pour supporter de grosses sessions de jeu sans en pâtir. Reste que, sur le petit écran de la Switch, l’action parait parfois un peu trop confuse, un constat déjà soulevé dans les versions salon et qui est ici décuplé. On le dit sans ambages, on préfère jouer sur une télé à Bayonetta.
Verdict
8/10
Bayonetta est un des meilleurs beat them all de tous les temps, mais il n’est pas exempt de défauts. Ainsi, une difficulté parfois bizarrement dosée et un gamepad pas exploité à son maximum ternissent l’expérience, mais que cela ne vous refroidisse pas, car Bayonetta reste une valeur sûre et un atout de poids pour la Wii U, qui a du mal à décoller. Un très bon portage d’un excellent titre, qui aurait pu faire encore mieux. La version Nintendo Switch ne modifie pas notre avis global mais ajoute la possibilité de jouer en mode nomade.