George Orwell, William Gibson, Philip K Dick, etc…
L’univers Cyberpunk est souvent défini par l’expression “high tech, low life” qui veut dire « technologie avancée, vie pourrie ». C’est l’exploration du fait que nous réalisons que les avancées technologiques ne résoudront pas tous les problèmes de l’humanité… mais qu’au contraire, elles exacerbent les problèmes d’inégalité existants et créent toute une collection de nouveaux problèmes auxquels nos sociétés ne sont pas prêtes à faire face.
Observer se place clairement du côté le plus dystopique de cet univers de SF… même s’il devient de plus en plus évident que les livres de William Gibson étaient moins alarmistes que l’on voudrait le penser quand on voit le monde d’aujourd’hui, Observer pousse le concept un peu plus et installe son univers dans une Pologne de 2084 ravagée par la guerre et une pandémie de nanotechnologie qui est encore très active…
Le jeu se déroule entièrement dans un immeuble d’appartement bouclé dans un confinement dont vous ne connaissez pas l’origine et qui se déclenche peu après votre arrivée. Vous êtes sur place pour essayer de trouver votre fils dont vous n’avez plus de nouvelles depuis longtemps, et tout tourne au vinaigre assez rapidement. Vous trouvez un corps décapité, est-ce votre fils Adam ? C’est à vous de le découvrir dans ce huis clos dystopique.
La peur, c’est dans la tête…
Vous incarnez Daniel, un vieux flic qui travaille pour la méga corporation de service. Son rôle ne se limite pas à de simples enquêtes cela dit car Daniel est un observer. A ce titre, il dispose d’une interface qui lui permet de se connecter directement à l’esprit d’un suspect et explorer ses pensées. Ces interrogatoires se présentent comme des séquences de rêves éveillés, un mélange de conscient, d’inconscient, de pensées réprimées, de regrets et de peurs. Comme vous pouvez l’imaginer, c’est là qu’Observer flirte avec l’horreur dont Bloober Team a fait sa marque de fabrique.
Mais et si ma tête a un bug ?
Le jeu a parfois tendance à injecter des bugs visuels volontairement pour illustrer le fait que les sens de Daniel sont maintenant plus électroniques que biologiques, mais quand ces glitches se mélangent à des petits bugs liés au jeu lui-même, ça rend l’effet assez difficile à apprécier. Est-ce que le fait que je suis tombé à 10 images par seconde pendant quelques secondes est un bug ou est-ce que c’est le jeu ?
Ce genre de question n’aide pas l’immersion malheureusement. Cela dit, cette édition Redux est une sacrée bête visuelle, donc il est possible que ce soit juste mon PC qui ait eu quelques problèmes à suivre.
Observer est un jeu superbe. Je ne peux pas dire beau parce que le jeu est sale, crade, il tombe en ruine et c’est fait d’une main de maître. Le monde d’Observer est non seulement visuellement fantastique, il est aussi incroyablement créatif. L’immeuble dilapidé que vous explorez est superbement détaillé, et vous donne vraiment l’impression qu’il est habité. Les résidents sont également une des choses que j’ai aimé le plus dans Observer. Les conversations que vous avez avec eux, via leur intercom, vont du drôle au tragique en passant par l’inquiétant et le révoltant. C’est probablement le détail que j’ai préféré.
Un gameplay qui s’appuie lourdement sur son atmosphère
Le tout est saupoudré de quelques puzzles assez simples et plus tard dans le jeu, quelques séquences d’infiltration où vous devrez éviter d’être détecté sous peine de… devoir recharger au checkpoint. C’est un peu le problème de ces jeux. Si vous ne vous faites pas attraper, c’est paradoxalement plus terrifiant que si vous perdez et devez recharger votre partie, puisque toute la tension est maintenant retombée. Le “monstre” de service est très créatif cela dit, une fois que vous apprenez la vérité.
C’est une bonne illustration de mon impression générale d’Observer, un jeu créé par une équipe incroyablement talentueuse, qui se déroule dans un monde rempli de détails dégoûtants, avec une atmosphère si épaisse qu’on peut la couper à la tronçonneuse. Mais c’est aussi un jeu dont les inspirations sont tellement évidentes qu’elles ruinent pas mal de surprises. L’histoire est conventionnelle pour le genre et si vous êtes amateur de SF en général et de cyberpunk en particulier, vous allez voir la fin arriver à un kilomètre.
Verdict
7/10
Observer est un peu comme une maison hantée au carnaval. Vous montez à bord pour vous donner une bonne frayeur, mais vous finissez par apprécier plus le superbe travail des créateurs plus que les moments où un gus en costume vous saute dessus en criant “BOUH !” Mais une fois que vous êtes sortis, vous vous dites que c’est dommage que l’histoire soit un peu trop cliché.