Soldats Inconnus : Mémoires de la Grande Guerre

Pour le centenaire de la Première Guerre Mondiale, Ubisoft Montpellier rend hommage …

Soldats Inconnus : Mémoires de la Grande Guerre, un jeu en développement depuis pas mal de temps au sein du studio Ubisoft Montpellier et qui avait éveillé notre curiosité au travers de différents teasers et trailers savamment distillés. Nous avons pu jouer à ce titre qui se situe dans la lignée de ce qui a été fait avec le désormais célèbre Child of Light, notre avis !

 

Emotion, sang et courage : Ubisoft nous raconte la guerre …

Précisons en tout premier lieu que votre serviteur aborde ce test avec un œil un peu plus aiguisé que d’habitude, étant en fin de cursus universitaire dans le domaine de l’Histoire, il est évident que l’intransigeance qui caractérise la plupart de mes tests est ici exacerbée, même si cela ne veut pas dire que le jeu m’a déçu, comme vous allez le voir en lisant la suite.

Soldats Inconnus : Mémoires de la Grande Guerre nous met aux commandes de plusieurs personnages dont les destins se croisent tout au long de l’aventure. Le fil conducteur semble être Emile, père de Marie, qui se trouve être mariée à un allemand : Karl. Nous disons qu’il nous semble seulement car chaque personnage est développé de manière significative, ce qui nous met en face de protagonistes qui ont chacun une importance capitale. L’américain Freddy et l’infirmière Anna font également partie des personnages jouables qui font leur apparition un peu plus tard dans l’aventure et qui ont chacun des motivations propres. Le premier veut venger la mort de sa femme en retrouvant le coupable, la seconde veut retrouver son père, capturé par les allemands.

La trame débute alors que Karl est expulsé de France, à la veille de la guerre, puis c’est à Emile de quitter la ferme familiale et laisser sa fille seule avec son petit-fils, pour répondre à la mobilisation. Emile devient le frère d’arme de Freddy et nos deux larrons rencontreront Anna, voilà pour les liens qui unissent nos personnages.

Cela nous amène à parler de la narration, très juste dans le ton et habile dans son développement, celle-ci est hyper efficace et nous permet de nous plonger à corps perdu dans le scénario. La crainte que l’on avait concernait, en fait,  le parti pris que les développeurs auraient pu avoir, étant français, la plupart des développeurs d’Ubisoft Montpellier auraient pu se laisser prendre au piège du patriotisme mal placé, mais heureusement, cela n’est pas le cas. Le conflit est ici présenté avec justesse, ni méchants, ni gentils, puisque des mauvaises personnes sont dans les deux camps et que des héros s’y trouvent aussi. C’est bien vu de la part d’Ubisoft, qui s’évite là un écueil trop souvent constaté dans les jeux dits « historiques ».

 

Une inventivité au service de l’Histoire

Chaque niveau du jeu se décompose comme une énigme où l’on doit trouver les bon objets à combiner ensemble, ou l’ordre correct dans lequel ils doivent être utilisés. A ce titre, les développeurs ont fait preuve d’inventivité, puisque la plupart des grands moments de la Première Guerre Mondiale entre 1914 et 1917 sont habilement retranscrits (mention spéciale à la Bataille de la Somme et aux Taxis de la Marne, extrêmement bien intégrés).

Ce qui frappe également, c’est le soucis du détail d’Ubisoft Montpellier quant à la cohérence historique et le traitement des thématiques. Ainsi le partenariat avec la série de documentaires Apocalypse nous a convaincu, vous débloquez ainsi au fur et à mesure de votre progression des petits encarts vous en disant plus sur des éléments que vous vivez en jeu. Emouvant et ludique, le développeur frappe très fort.

Les thématiques, parlons-en, entre les mutineries et la façon de les réprimer du côté français, le deuil, l’honneur mais aussi les côtés plus noirs de l’être humain, le tout est traité avec une sensibilité et une justesse admirables, du grand art, mais nous n’allons pas trop en dire, de peur de spoiler tout ça.

 

Graphismes et jouabilité, de l’art, mais des faiblesses

Le travail effectué sur les graphismes est, bien sûr, très différent de celui entraperçu du côté de Child of Light, même si le UbiArt Framework est toujours de la partie. Ambiance oblige, le tout est plus gris et sombre, mais garde une aura incroyable. Les personnages, même s’ils ne parlent pas de façon très audibles – c’est assumé –, ont un vrai caractère. Le travail artistique et technique est tout bonnement splendide. En bref, un excellent travail fourni par nos amis de chez Ubisoft.

Au niveau du gameplay, il faut avouer que certains points ne sont pas aussi impeccables que le reste de notre ressenti sur le jeu. En vérité, cela tient beaucoup au fait que les phases de tutoriels sont parfois peu explicites, ce qui fait que certains auront du mal à comprendre certaines phases du premier coup, surtout dans un contexte où les jeux vidéo deviennent de plus en plus assistés. Certains passages s’apparentent à du die and retry, mais ils sont, heureusement, rares. A part ce menu défaut, le jeu est assez intelligent dans la construction et vous intéressera du début à la fin.

En bref, notre impression sur ce Soldats Inconnus : Mémoires de la Grande Guerre est extrêmement positive et la fin qui ouvre sur un très probable DLC nous a beaucoup touché, un grand coup de chapeau à Ubisoft Montpellier, qui ne nous a, de toute façon jamais vraiment déçus.

 

Verdict

8/10

Soldats Inconnus : Mémoires de la Grande Guerre est l’un de ces jeux qui vous marquent. D’accord, quelques soucis de gameplay le rendent légèrement imparfait mais à l’heure où nous parlons de devoir de mémoire, pour une autre guerre, il serait bon que les jeunes générations jouent à ce jeu, ne serait-ce que pour avoir un aperçu des horreurs de la guerre – qui plus est moderne. Certes, le jeu ne montre pas tout, mais ce qu’il montre, il le fait avec justesse. Quant à ce qu’il ne montre pas, il le suggère si bien que l’on comprend tout. Un des jeux de l’année 2014, sans aucun doute.

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