[TEST] Assassin’s Creed Origins, un retour en grâce ?

La franchise Assassin’s Creed d’Ubisoft a été génératrice de grands jeux mais aussi, surtout en ce qui concerne ses derniers épisodes, de déceptions immenses devant son incapacité à se renouveler. Après un Syndicate dans la lignée d’un Unity qui a cristallisé toutes les critiques, l’éditeur et développeur français a choisi de prendre son temps avant de faire revenir sa licence. C’est donc près de 2 ans après le dernier épisode qu’Assassin’s Creed Origins nous arrive. Nous étions partagés entre peur et espoir. Voyons ce que tout cela donne.

 

Bayek, de medjay à « celui qu’on ne voit pas »

Ce qui a marqué les esprits au moment de l’annonce du retour d’Assassin’s Creed, c’est cet univers qui met en scène l’Egypte durant la période de la prise de pouvoir de Cléopâtre. Après avoir passé toutes ces heures sur Origins, force est de constater que ce monde, qui dévoile toute son ampleur devant nos yeux très tôt dans l’aventure, est un véritable point fort du titre, avec une multitude d’interactions et d’activités qu’il est possible de faire. Surtout, l’ensemble est cohérent et parait vraiment vivant, c’est souvent le plus grand défi que doit relever un monde ouvert et il est ici réussi. L’approche du monde qui entoure le héros est très différente des derniers épisodes : la nature, la faune, vous pouvez vous appuyer sur de très nombreux éléments pour parvenir à atteindre votre but.

Le scénario qui amène Bayek sur le chemin de la vengeance tire également parti de cet univers en intégrant des considérations religieuses très importantes – Bayek a un code de l’honneur très dépendant de ses croyances, un reflet de cette époque, globalement. De même, le rapport aux événements de la « grande Histoire » de la part des personnes lambdas croisées au fil de l’aventure est relativement réaliste dans le sens où certains PNJ vont se sentir impliqués et tenter de réagir alors que d’autres semblent totalement en dehors de ces considérations. De même, les relations entre les peuples, génératrices de tensions, sont retranscrites de façon crédible dans certaines quêtes annexes – notamment une, mettant en avant une méfiance latente entre Grecs et Egyptiens, qui conduit à des meurtres.

Le développement du personnage principal est épaulé par des phases mettant en scène sa femme, Aya. Ce qui est intéressant et apporte une vraie plus-value à l’aventure, c’est les itinéraires croisés que chacun va emprunter pour faire face à leur deuil – on apprend très tôt au début de l’aventure qu’ils perdent leur fils, assassiné. Les finalités de leurs parcours se révèlent opposées mais ils continueront pourtant à se battre pour la même cause. La fin est, en ce sens, vraiment intéressante et plutôt subtile même si le boss final se révèle décevant et plutôt banal dans son pattern.

La métahistoire fait également son retour. On sent qu’il s’agit du prélude à un scénario dans le présent qui va être amené à prendre de l’importance tout au long de ce nouvel arc qui s’annonce – Origins serait le début d’une trilogie – et cela pour notre plus grand plaisir, vu que cet aspect avait été pas mal laissé de côté depuis l’arc Desmond.

Un gameplay renouvelé et intégré dans une expérience riche

Ces bons points scénaristiques et le développement réussi des personnages ne sont pas les éléments les plus marquants. Ce qui l’est vraiment reste sans doute l’évolution vers un système de jeu en grande partie différent de tout ce que la série a pu proposer jusqu’à présent. Ce qui change la donne, c’est certainement la volonté affichée de prendre le meilleur des jeux d’action et exploration tout en y intégrant des éléments de RPG qui s’adaptent bien au genre. Ainsi, on se retrouve avec un jeu qui propose de nombreuses approches durant les missions – infiltration, action pure, utilisation de l’environnement ou des compétences débloquées dans les arbres d’évolution – ce qui sert énormément l’intérêt sur le long terme.

Des mécanismes iconiques, comme les points de synchronisation, ont été modernisés. Pour prendre justement l’exemple du dévoilement de la carte du monde, elle se passe maintenant en deux temps. Il faut d’abord atteindre les points de synchronisation mais les activer va aussi faciliter votre aventure par la suite autrement que sur la carte du monde puisqu’ils permettent à Senu, votre aigle, de mieux vous guider lorsque l’on fait appel à elle et que l’on peut observer depuis le ciel la zone autour de nous – son champ de vision est augmenté au fur et à mesure que vous débloquez les points de synchronisation. Une façon originale d’intégrer dans le gameplay les découvertes liées à ces points.

Les combats ont aussi beaucoup changé puisqu’ils prennent une orientation plus stratégique avec un modèle qui se rapproche de Dark Souls ou Nioh avec une exigence évidemment moins élevée – le mode de difficulté maximal est tout de même retors. Les esquives sont importantes dans le déroulement des affrontements, ce qui marque une différence fondamentale avec l’ancien système utilisé. L’utilisation des différents types d’armes est ici facilitée et encouragée selon le type d’adversaire même si la roue permettant de switcher entre celles-ci n’est ni très précise, ni ergonomique dans le feu de l’action.

Enfin, nous souhaitons mettre l’accent sur la variété plutôt importante des situations proposées au joueur. Si les différentes approches durant les missions ont déjà été abordées auparavant, notons que les phases de jeu en général se révèlent tout autant variées. Certains moments de l’aventure avec Aya nous ont refait vivre de très bons moments lors de batailles navales – leur grand retour, on ne les voyait plus depuis Assassin’s Creed Rogue – et quelques moments épiques ont jalonné l’aventure – une poursuite et des courses de char, des combats en arènes. En bref, on ne s’ennuie pas et c’est bien ce qui avait fini par desservir les précédents opus.

Artistiquement magnifique, mais des bugs agaçants au lancement

Il suffit de regarder des artworks du jeu pour s’en persuader : Assassin’s Creed Origins a bénéficié d’un travail sur le visuel très important et que nous trouvons réussi. La fidélité historique d’une multitude de petits détails est un véritable plus qui donne une authenticité très appréciable à l’ensemble. En plus de cet aspect, le jeu se permet d’être magnifique dans sa plastique, même si les différences entre plateformes peuvent se révéler importantes. La version PlayStation 4 Pro est un peu en-dessous, une conséquence directe du fait que, sur Xbox One X, le jeu a été très bien optimisé afin de tirer parti du surplus de puissance de la console face à la PlayStation 4 Pro – où l’on constate parfois une profondeur de champ moindre. La version PC reste la plus aboutie selon votre matériel, mais c’est assez logique. A noter qu’un excellent mode Photo a été inclus afin de permettre aux joueurs de partager leur périple, nous pouvons d’ailleurs voir leurs photos directement sur notre propre map, aux endroits où les clichés ont été pris. C’est bien vu de la part d’Ubisoft qui s’offre de quoi promouvoir son jeu d’une manière ludique via sa communauté.

Il y a tout de même un point qui nous a un peu chagriné : c’est le manque de mise en avant de certaines régions intégrées au jeu, non seulement dans le scénario principal mais aussi dans l’aventure post-quête principale. On se doute qu’une zone totalement désertique ne va pas regorger de quêtes annexes, mais de là à se retrouver aussi vides alors qu’elles ne manquent pas de « charme », on ne peut s’empêcher d’être un tantinet déçus.

Il faut quand même noter que, sans atteindre le lancement catastrophique de Unity, il nous est arrivé d’être confrontés à des bugs au mieux agaçants – répétition d’une réplique en particulier à chaque fin de chargement – et, au pire des cas, bloquants, avec la nécessité de « recharger les objectifs de quêtes » — et donc refaire une partie de ladite quête – pour pouvoir avancer. D’autres bugs un peu plus anecdotiques parsemaient ce ressenti mais les mises à jour ont été rapides et ont réglé une très grande partie des problèmes dans la semaine ayant suivi le lancement.

Ah et, pour l’anecdote, la phrase que l’on entend à chaque chargement dans notre sauvegarde – donc, après avoir repris la partie, chaque voyage rapide, etc – est : « Je dois faire vite ou ce monstre va quitter Memphis ». A noter que les mises à jour ne corrigent pas les parties où le bug est apparu avant leur déploiement, du coup, nous sommes condamnés à entendre Bayek répéter cette phrase pour toujours. Le pauvre.

 

Ce test a été co-écrit par Jennifer et William.

Verdict

9/10

Assassin’s Creed Origins est une incontestable réussite et est très certainement un épisode qui annonce le retour au premier plan de la franchise. Sa remise en question du modèle précédent qui commençait à sérieusement s’essouffler semble être pile ce qu’il fallait pour relancer la saga. Origins est certainement l’épisode qui va réconcilier les fans de la première heure, qui avaient mal vécu la fin de l’arc Desmond, avec la franchise. On prend plaisir à parcourir l’Egypte, à répondre à cette invitation au voyage et à accomplir les quêtes annexes proposées tout au long de l’aventure. Nous sommes impatients de voir la suite, avec les DLC à venir et, surtout, le prochain épisode – en Grèce ou à Rome, qui sait ? De notre point de vue, Origins marque une véritable résurrection que l’on attendait plus pour la série.

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