[TEST] South Park : L’Annale du Destin, l’Annale fait-elle école ?

Après un malheureux concours de circonstances qui m’a fait louper le premier opus, je peux enfin poser mes pattes sur l’Annale du Destin et en tant que gros fan de South Park, autant vous dire que quand j’ai eu le jeu entre les mains, je n’avais qu’une phrase en bouche : « Fuck you Guys I’m going home ». Ubisoft San Francisco fait-il aussi bien qu’Obsidian ? On va voir ça.

Un jeu qui fait tout péter

Après une gestation presque aussi difficile que celle du premier opus, South Park revient avec L’Annale du Destin. Suite de l’excellent Bâton de VéritéL’Annale du Destinnous fait quitter le RPG tendance médiéval-fantastique pour nous proposer une relecture des super héros. Le jeu est la suite directe du précédent opus et le tutoriel sert aussi de transition entre les magiciens et les super héros. Le jeu se place aussi dans la continuité de l’épisode 4 de la vingt-et-unième de South Park après la terrible séparation des amis du Coon. L’histoire est on ne peut plus simple : le chat Sacripant a disparu et une récompense de 100 dollars est promise à qui le retrouvera. 100 dollars qui seraient bien utiles pour lancer la franchise du Coon et de ses amis.

L’histoire n’est pas mauvaise, loin de là, mais il est vrai qu’on pourrait lui reprocher un petit manque d’imagination. En tout cas, elle n’est pas aussi percutante que certains épisodes de la série, en particulier lors des dernières saisons. Mais que tout le monde se rassure, on reste dans l’esprit de South Park avec une histoire pleine de rebondissements et autres retournements de situation dont la série a le secret.

« Je voudrais pas avoir l’air d’une tantouze mais les licornes ça me troue le cul ! »

Le principal changement vient du système de combat. Plus tactique que dans le premier, le jeu se place dans la veine des tactical RPG puisqu’il faut désormais jouer avec les lignes de vue et déplacer les personnages de manière optimale pour pouvoir tirer toute la substantifique moelle des combats. Par exemple, certains personnages n’attaque que s’il n’y a personne entre eux et l’ennemi. Dès lors, il faut faire attention au placement pour éviter de perdre des tours inutilement.

Si le système change, on reste néanmoins dans un RPG comme avec améliorationsXPet attributs à débloquer pour améliorer son personnage. Ce système de combat bénéficie aussi de petites variations ici et là qui permettent de varier le gameplay et d’entretenir l’intérêt quand les combats se multiplient (par exemple, l’introduction d’une barre de temps vient mettre la pression durant le tour par tour). Mais, finalement, plus que les combats ou l’histoire, l’intérêt du jeu réside principalement dans l’exploration et la découverte des (très) nombreux clins d’œil cachés dans le jeu. Cela peut sembler paradoxal mais montre bien que le public ciblé est bien celui qui aime la série.

Tous dans la Proutmobile !

Si le jeu rappelle beaucoup le premier, il est toujours agréable de se promener dans la ville et l’impression de vivre un épisode de la série est toujours là. On sent que le jeu a été développé pour des fans de la série tant les easter eggs sont nombreux et parleront aux aficionados. Mais, … c’est aussi peut être un problème. Le jeu est avant tout fait pour les fans de South Park qui seront aux anges de retrouver certains personnages disparus depuis longtemps mais qui reviennent le temps de faire un petit coucou (Inspecteur Barnaby, je vous aime !!!) mais les personnes ne suivant que peu ou pas du tout la série n’y verront certainement qu’un jeu vulgaire.

C’est peut-être là le principal reproche que l’on peut faire à Ubisoft San Francisco, c’est d’avoir gardé l’aspect pipi-caca-prout de South Park sans exploiter pleinement le génie de Trey Parker et Matt Stone (même s’ils ont supervisé l’histoire et pas mal d’aspects). Néanmoins, certaines idées sont franchement intéressantes surtout dans un jeu de ce calibre comme, par exemple, le choix de la difficulté qui dépend de la couleur de peau (même s’ils se sont finalement ravisés en expliquant que cela ne changeait rien). Cette idée, c’est le reflet de ce que l’on retrouve dans les épisodes de la série aujourd’hui, à savoir faire passer un message à travers ce média télévisé. Ici, c’est à travers le gameplay. Dans la société, une personne noire à plus de difficulté qu’une personne blanche, le jeu cherche à refléter ça, voilà une idée de gameplay audacieuse qu’on aimerait voir plus souvent dans un triple A.

Une VF qui pue du petit joufflu ?

Enfin, difficile de terminer ce test sans aborder le cas de la version française. Ah, que n’avons-nous pas entendu ? Combien de fourches ont été sorties et combien de fiel a-t-il été déversé sur les forums à l’annonce de la non-présence des doubleurs officiels de la série ? Crevons l’abcès tout de suite. Le doublage français est-il catastrophique ? Non. Est-il pour autant réussi ? Mouarf… C’est toujours délicat d’avoir une série avec une telle identité dans le doublage et de la faire doubler par d’autres personnes.

Car il s’agit bien, en l’occurrence, de doubleurs auxquels on a demandé d’imiter d’autres doubleurs. On sent bien que ce ne sont pas les doubleurs et quitte à ne pas avoir les doubleurs officiels autant changer complètement les voix. Les gens auraient râlé de toute façon alors autant y aller franco (du moins, c’est mon avis). Quoiqu’il en soit, beaucoup de personnes regardent South Park en anglais pour profiter des dernières saisons envoyées par leur oncle des Etats-Unis et ils seront pleinement satisfaits avec la version originale.

Verdict

8/10

La rupture dans la continuité comme diraient certains. Tel pourrait être le slogan de cet opus. Plus de clins d’œil, plus profond dans ses combats mais aussi moins percutant que le premier. Un jeu qui s’apprécie toujours entre fans tant il semble vouloir s’adresser à eux et à eux seuls. Par chance, j’adore South Park mais L’Annale du Destin risque de laisser de marbre les autres.

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