[TGS 2017] La légende Dragon Quest, phénomène jeu vidéo et culturel, avec Daniel Andreyev

Après la conférence sur la création de jeux vidéo, nous avons suivi la conférence sur Dragon Quest animée par Mehdi El Kanafi et avec pour invité Daniel Andreyev (connu sous le pseudo Kamui), journaliste et auteur de La Légende Dragon Quest, chez Third Editions.

 

Daniel Andreyev, le gaijin

Pour le présenter à ceux qui ne le connaîtraient pas, Kamui a 20 ans d’expérience dans la presse jeux vidéo. Il commence à Animland, enchaîne par la presse spécialisée jeux vidéo (PlayerOne, Dreamcast Magazine) puis fait un petit peu de traduction du japonais au français (notamment Ghost in the Shell). Il rencontre son comparse Greg à la fac et les liens se font assez rapidement car peu sont ceux qui peuvent traduire le japonais à cette époque. Aujourd’hui, Kamui écrit principalement sur Gamekult et dans le journal Le Monde (dans la section Pixels). C’est un adepte du New Game Journalism, une vision du journalisme où décrire son expérience de joueur est plus important qu’un descriptif plus orienté technique et neutre du jeu.

Il a profité de l’occasion pour présenter son livre La légende Dragon Quest chez Third Editions. L’occasion de revenir sur cette saga ô combien importante au Japon. Son premier contact avec un Dragon Quest se fait avec Dragon Quest V qu’il découvre au hasard d’une visite dans une boutique d’import, boulevard Voltaire à Paris. Attiré par le style Toriyama, il l’achète et découvre un jeu « qui était déjà vieux » c’est-à-dire qu’il avait déjà l’air rétro quand il est sorti au Japon. Après moult péripéties et l’aide d’un guide book (le jeu est assez austère), il découvre un jeu qui malgré ses graphismes déjà datés arrive tout de même à communiquer une émotion au joueur.

 

Dragon Quest, un phénomène au Japon

Il faut aussi savoir que Dragon Quest est extrêmement important et populaire au Japon. Néanmoins, comme l’explique Kamui, si chaque génération a son Dragon Quest, l’expérience des joueurs, l’émotion transmise et la narration seront les mêmes peu importe la génération ou le Dragon Quest auquel on a joué. D’ailleurs, Yūji Horii l’un des membres du trio fondateur de Dragon Quest est révéré par les développeurs japonais car le premier jeu de la série a posé les fondations du RPG japonais. C’est aussi le premier jeu en monde ouvert. Malheureusement, quand le jeu sort, les ventes ne sont pas franchement folichonnes, mais Yūji Horii a l’avantage de faire des piges pour la rubrique jeux vidéo de Shonen Jump . Il va donc faire sa propre pub dans ses propres articles pour le jeu qui va finir par se vendre dans la durée.

La conférence a continué sur les différences entre Dragon Quest et son rival historique, Final Fantasy. Le seul point commun entre les séries, c’est qu’au départ les épisodes s’enchaînent assez rapidement pour ensuite prendre un rythme de développement beaucoup plus long (n’est-ce pas Final Fantasy XV ?). Les deux séries diffèrent ensuite fondamentalement dans leur philosophie. Alors que Final Fantasy va toujours être à la pointe de la technologie et essayer de raconter des histoires de plus en plus abstraites, oniriques. Dragon Quest va, lui, rester « daté » très longtemps (au moins jusqu’à Dragon Quest 6, d’après Kamui) et ne cherche pas à se renouveler. C’est une série qui raconte peu ou prou une histoire aux thématiques similaires à travers chacun de ses épisodes et qui s’adresse avant tout à la nostalgie des joueurs. Une série qui est « comme avant », qui cherche à faire revivre l’expérience que les joueurs ont ressenti enfant.

Ce n’est pas pour rien si la série est aujourd’hui menée par trois « vieux messieurs » avec leurs défauts et leurs qualités mais qui restent toujours dans une sorte de nostalgie duveteuse. C’est pour cela que, d’après Kamui, Dragon Quest XI est sans doute le dernier du trio. Toutefois, la relève semble assurée chez Square Enix avec beaucoup de talents, il s’agit donc probablement du dernier Dragon Quest avec Yūji Horii, Akira Toriyama et Kōichi Sugiyama aux manettes.

 

Dragon Quest XI semble en effet marquer la fin d’une époque (ce qui est fortement visible dans le jeu, semble-t-il) et ce n’est pas pour rien qu’après avoir fini Dragon Quest XI, le joueur gagne un code pour le Dragon Quest original, comme si la boucle était finalement bel et bien bouclée.

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