[TEST] Need for Speed, l’arcade à tout prix

Comme vous avez pu le constater, l’année 2015 a été pavée de bon nombre de jeux vidéo de qualité. Les licences déjà bien installées – Assassin’s Creed, Fallout et autres Call of Duty – ont renforcé encore un peu plus leur leadership sur le marché et nous avons aussi pu explorer de nouveaux horizons avec notamment l’excellent Ori and The Blind Forest ou bien encore le terrifiant Until Dawn. 2015 a également été l’occasion pour l’éditeur Electronic Arts de revenir dans le paysage des jeux de courses de voitures, avec sa célèbre licence Need for SpeedNFS pour les intimes – après deux ans d’absence. Ce nouvel opus est un reboot de la série et pour cette occasion, l’éditeur a choisi de faire appel à son studio, Ghost Games, qui avait déjà œuvré en partenariat avec Criterion Games pour NFS Rivals. Le défi est-il relevé ou est-ce un faux départ ? Et surtout, arrive-t-il à effacer de nos mémoires les « vilains petits canards » de la franchise ?

Des clichés par milliers

Parlons un peu de cette nouvelle mouture de Need for Speed. En premier lieu, ce qui a suscité en nous pas mal d’interrogations tout au long de la campagne solo, ce sont les nombreuses cinématiques aux dialogues peu inspirés. Honnêtement, nous nous sommes demandés à quoi servaient ces discussions plutôt insipides, n’apportant pas grand-chose au scénario et plus largement à l’univers du jeu. Justement, concernant le scénario – enfin, si on peut appeler cela un scénario –    celui-ci est tristement plat et inintéressant.

Vous incarnez un pilote au potentiel insoupçonné gravissant les étapes jusqu’à se faire un nom dans la ville fictive de Ventura Bay. Vous évoluez au sein d’un groupe composé de véritables caricatures du genre, qui font honneur aux clichés les plus tenaces du monde du tuning. Les dialogues n’arrangent rien, puisque ceux-ci sont tout simplement sans intérêt. Ne parlons même pas du jeu d’acteur, qui est littéralement au ras de l’asphalte. Certaines situations sont surjouées de telle manière qu’elles en deviennent risibles. Peut-être est-ce un choix du studio de tomber dans la caricature, afin de revenir aux sources en quelque sorte mais malheureusement, cela n’apporte rien au jeu excepté une sensation de lourdeur extrêmement agaçante. Dans le genre agaçant : le téléphone portable virtuel qui nous est attribué de force et qui nous saoule toutes les 5 minutes. Et, bien entendu, nous ne pouvons pas non plus régler le volume des voix dans les options.

Certes, quand on joue à Need for Speed ce n’est pas pour son scénario ou l’interprétation des acteurs, mais pour ce reboot, les aficionados de la série étaient en droit d’attendre autre chose que les banals clichés servis lors des opus précédents. En bref, il n’y a pas grand-chose de positif à retenir sur cet aspect-là du jeu. Quelques points viennent, heureusement, éclaircir le tableau comme la présence de vrais acteurs lors des cinématiques, la manière de filmer à la première personne et l’intégration très réussie de sa propre voiture dans les scènes. Des points qui offrent un petit bonus immersif dans la mise en scène. Pour ce qui est de l’ambiance sonore, celle-ci est diversifiée avec, au programme, Avicii et Major Lazer entre autres, une mise à jour à également ajoutés des morceaux emblématiques des anciens volets. Les effets sonores, en particulier les bruits de moteurs, contribuent à renforcer l’expérience du joueur et valorisent l’excellente réalisation du titre.

Un Need for Speed 100% connecté

Chacun des personnages, dont nous parlions plus haut, propose des défis correspondant à une « façon de jouer ». Ces différents défis sont représentés par un personnage emblématique du milieu, chacun ayant une spécialité qui correspond à une de ces « façons de jouer ». Vous ferez, par exemple, la connaissance de Magnus Walker, un expert de la Vitesse ou bien encore de Nakai-San, une sommité dans le domaine de la Customisation, que vous réussirez à approcher en personnalisant votre voiture à l’extrême. Il y a 5 spécialités, ce qui offre une diversité plutôt bienvenue au jeu. Un autre point qui, par contre, ne fait pas l’unanimité réside dans l’obligation d’avoir une connexion internet pour pouvoir tout simplement lancer le titre. En effet, le jeu exige une connexion internet permanente pour accéder au mode multijoueur mais aussi pour le mode solo dans lequel vous pourrez affronter d’autres joueurs en ligne que vous croiserez sur les routes de Ventura Bay. Un choix quelque peu déroutant de la part des développeurs, qui auraient pu justement laisser le choix aux joueurs de décider s’ils veulent ou non profiter de cette fonctionnalité.

Un mode hors ligne aurait été plus qu’appréciable. Nous sommes donc mitigés sur ce point, car outre cette obligation, l’aspect social apporte une certaine fraîcheur au titre et une interactivité supplémentaire pour une expérience de jeu plus complète. Bien que ce système ait déjà fait ses preuves dans The Crew par exemple, concurrent direct de la licence, cela n’enlève rien à la bonne initiative qui a été prise et qui était, selon nous, nécessaire pour faire évoluer la série. D’un autre côté, heureusement que nous avons la possibilité de rencontrer quelques personnes dans le monde ouvert car, à notre grand regret, celui-ci est désespérément vide. On ne croise pas grand monde, que ce soit sur les grands axes, les hauteurs ou dans les rues de la ville. Le trafic est digne d’un lendemain de nouvel an et le peu de voitures que vous rencontrerez au détour d’un virage, ou lorsque vous aurez le malheur de ne pas vous arrêter sur le bas-côté par exemple, vous foncerons tout bonnement dessus.

Une fois dépassé ce sentiment de no man’s land, nous avons été agréablement surpris par la qualité des graphismes de ce Need for Speed version 2.0. Que ce soit pour la modélisation des voitures, qui sont impeccablement recréées, ou les effets de lumières – notamment les reflets sur les carrosseries et les gouttes de pluies qui y ruissèlent – un gros effort technique a été fait et rien n’a été laissé au hasard. Les développeurs ont fait fort et relèvent le défi haut la main car le jeu est très beau. Cependant, nous regrettons que la totalité du jeu se déroule de nuit – sur certaines courses, nous pouvons apercevoir un court instant l’aube se lever, à part ça, c’est l’obscurité totale – ce qui est bien dommage car l’expérience de conduite aurait pu être plus captivante.

Un gameplay « explosif »

Et si nous abordions la question du gameplay ? A ce niveau-là, beaucoup de mauvaises nouvelles mais quelques lueurs d’espoirs éclairent cependant notre route. Au rayon des bons points : tout ou presque est personnalisable sur votre bolide. Du toit de la voiture au bas de caisse, des rétroviseurs à la plaque d’immatriculation, tout est mis à votre disposition pour créer la voiture qui vous ressemble. Bien qu’à la sortie du jeu, il n’y ait pas eu beaucoup de pièces disponibles et que le nuancier fut peu pratique et ergonomique, des mises à jour sont venues corriger tout ça pour notre plus grand plaisir. L’éditeur d’habillage a été remanié, les kits de carrosserie ont refait leur apparition et une série de modèles d’habillages prédéfinis provenant d’ancien NFS a vu le jour. Le catalogue de pièces de personnalisation s’est, quant à lui, quelque peu étoffé depuis la sortie.

En ce qui concerne la conduite à proprement parler, vous pouvez choisir vos pièces et régler les paramètres de pilotage selon le type de comportement que vous souhaitez donner à votre voiture, ce qui sera concomitant avec votre style de conduite. En parlant de paramètres, le menu du jeu n’offre que peu de possibilités. Il nous est, par exemple, impossible de changer les commandes de la manette. Autre raté concernant le gameplay, les explosions de notre voiture – mal calibrées en plus – dès que nous avons un accrochage un peu violent ou que le PNJ derrière nous nous envoie dans le décor, très agaçant. Need for Speed est censé être un jeu de voiture orienté arcade qui met en scène des courses de voitures pas très légales. Nous sommes tous d’accord pour dire que si nous jouons à ce type de jeu, c’est pour la sensation de vitesse extrême – d’ailleurs bien présente. Alors, quand nous sommes stoppés en pleine course par une petite cinématique de carambolage qui nous fait perdre un temps précieux, là c’est vraiment frustrant ! Pourquoi vouloir rendre Need for Speed réaliste ?! En faisant cela, nous nous éloignons de l’esprit même de la licence, en essayant de l’orienter – même légèrement – vers la simulation de conduite.

Du côté des déceptions, il y a aussi la disparition du mode flic/chauffard présent dans NFS Rivals, qui était plutôt original et intéressant, puisqu’il nous permettait de choisir d’incarner soit la police, soit le chauffard. Dommage car, selon nous, celui-ci n’aurait pas été de trop tant le contenu du jeu est limité. Oui, on nous propose pas moins de 80 défis, entre courses contre la montre ou bien encore concours de drifts, seulement ils sont, à la longue, très vite redondants. Pour les joueurs qui n’aiment pas forcément jouer en multi, la campagne solo risque fort de les décevoir. La map est certes en monde ouvert, mais celle-ci est ridicule comparée à celle de The Crew, nous en avons vite fait le tour. Quant à la difficulté du jeu, elle est quasi inexistante. Ghost a voulu simplifier son jeu pour qu’il soit accessible au plus grand nombre mais le problème, c’est qu’il n’y a aucun challenge tant le jeu est facile. La progression est beaucoup trop rapide, les courses sont globalement beaucoup trop simples à remporter – à part une ou deux courses vers la fin et encore – donc l’argent n’est vraiment pas un problème et nous avons pu rapidement nous offrir le modèle le plus puissant du catalogue, qui comporte pas moins d’une cinquantaine de modèles.

Là, encore une fois, gros problème au sujet du garage. Seulement cinq emplacements nous sont alloués, ce qui est totalement ridicule. Pourquoi proposer un aussi large catalogue de véhicules pour n’en posséder que cinq ? Surtout qu’au moins deux places sont déjà prises par des véhicules que vous devrez obligatoirement posséder pour pouvoir participer à certaines courses. Nous finirons cette déferlante de points négatifs par les poursuites avec la police. Cette dernière est très difficile à dénicher et quand vous arrivez enfin à déclencher une poursuite, vous êtes obligés de ralentir tant la police est facile à semer. Si vous voulez y mettre fin, il suffit de vous mettre dans un coin tranquille, d’éteindre les phares et le tour est joué ! Nous n’avions jamais vu de forces de l’ordre aussi peu motivés pour nous coincer dans un Need for Speed. Une police trop effacée, donc, ce qui est un comble pour un jeu de la série.

Une version PC techniquement à la hauteur

Need for Speed sort sur PC quelques mois après les versions consoles qui ont déjà montré de belles choses. Celles-ci étaient tout de même bloquées à 30fps et l’une des attentes principales autour de cette version PC tenait dans le débridage de ce taux et dans l’apparition de la 4K. Si cette dernière semble très bien rendre, d’après les différents retours – nous n’avons pas le matériel pour en juger par nous-même – notre avis sur les fps était encore à faire.

Résultat convainquant, selon nous, car le jeu, en plus de proposer des graphismes légèrement plus fins sur PC, permet également de faire tourner le jeu en 1080p et avec un haut taux de fps avec une configuration relativement abordable. En effet, nous avons pu faire tourner le jeu dans cette résolution avec un taux très approchant des 60fps, et sans saccades avec une AMD R9 280X, c’est-à-dire une carte graphique inférieure à la configuration recommandée par l’éditeur – pour information, il s’agissait de la Nvidia GTX 970. Une belle optimisation !

Enfin, cette version PC ne fait pas l’impasse sur la compatibilité avec certains des volants les plus populaires et il faut le saluer. Les jeux de courses arcades ne sont pas forcément ceux où l’on utilise le plus ce genre d’accessoires mais, au moins, il y a le choix. Enfin, certains bugs ou problèmes ont été corrigés – certaines déconnexions intempestives avec les autres joueurs, par exemple. Le jeu a donc bien bénéficié de ces quelques mois supplémentaires. De plus, les mises à jour déjà effectuées sur consoles sont disponibles dès le lancement sur PC et la sortie de cette version est également l’occasion d’ajouter la transmission manuelle à toutes les plateformes.

Verdict

6/10

Bon, c’est vrai, le test s’attarde beaucoup sur les mauvais points. Un jeu d’acteur ridicule, des points de gameplay qui laissent à désirer et, en particulier, ces satanés explosions de notre voiture. Ça n’aide pas à se forger un avis positif sur le jeu. Pourtant, il ne manque pas d’atouts avec une ambiance sonore très réussie, un travail technique sur les graphismes excellent et une sensation de conduite toujours grisante. En bref, un épisode en demi-teinte pour la franchise Need for Speed, que l’on conseillera uniquement aux fans moins exigeants de la série qui auraient une certaine patience et ne seraient pas agacés par une trop grande facilité. Il laissera tout de même certains d’entre eux sur le bord de la route avec une orientation parfois étrange pour un jeu arcade. La version PC, sortie quelques mois après les versions consoles, plus jolie, fluide et avec les mises à jour incluses mérite un point supplémentaire.

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