[TEST] Légendes Pokémon : Arceus, le coup de jeune de la licence

Un jeu coup de poing pour bien commencer 2022. Légendes Pokémon : Arceus est sorti le 28 janvier sur Nintendo Switch avec pour ambition de marquer le renouveau de la licence nipponne haute de ses 25 ans. Le résultat est-il celui escompté ? Réponse dans le test !

C’était le jeu le plus attendu de ce début d’année. Le jeu de rôle et d’aventure Légendes Pokémon : Arceus marque le retour de Game Freak au développement de la saga des monstres de poche, presque 2 ans après la sortie du dernier épisode canon Pokémon Épée et Bouclier. Annoncé en grande pompe en février 2021 comme l’épisode qui marquerait le renouveau de la licence, le jeu quitte les codes donnés depuis 25 ans (soit devenir le plus grand dresseur de l’univers) et nous plonge dans une ère ancienne, où Pokémon et Humains cohabitaient avec crainte et animosité. Une histoire forte en symbolisme et qui laisse venir un gameplay appréciable pour une licence qui commençait à s’essouffler depuis quelques années. En se rapprochant de la vision de The Legend of Zelda : Breath of the Wild, The Pokémon Company agrandit l’échelle du monde de Pokémon et le fait quitter le carcan des jeux à couloir. Les joueurs deviennent libres de leurs mouvements dans ce semi open-world et peuvent tous les attraper en temps réel. Alors réussite ? Voyons cela.

Histoire

Retour vers le passé. Notre personnage (fille ou garçon) se retrouve sur les terres d’Hisui, connues aujourd’hui comme la région Sinnoh des versions Diamant Étincelant et Perle Scintillante) après avoir traversé une faille spatio-temporelle. Il est accueilli par les membres du Groupe Galaxie, un groupe de chercheurs sur les Pokémon qui s’est établi dans la commune fraichement sortie de terre : Rusti-Cité. Sauf que notre personnage, lui, n’est pas vraiment le bienvenu dans l’équipe puisqu’il sort de nulle part et parait suspect aux yeux des autochtones. Pour prouver sa bonne foi, il devra remplir des missions au sein du Groupe Galaxie et les aider à mieux comprendre les Pokémon. Car, à l’époque du jeu, les connaissances sur les monstres sont encore infimes, notre rôle sera d’en apprendre plus et de découvrir ce qui a entraîné l’ouverture de cette faille spatio-temporelle.

Vous l’aurez compris, exit le rêve de devenir le meilleur dresseur. Ici, on est chercheur au compte du Groupe Galaxie, les grands méchants de Diamant/Perle. Le but est de remplir le Pokédex pour que les habitants d’Hisui comprennent les Pokémon. Ils sont dans l’ignorance et votre aide marquera les débuts de la cohabitation entre les créatures et les humains. C’est pourquoi des missions secondaires s’ajoutent à la quête principale. L’aventure commence pour apporter la connaissance.

Breath of the semi-wild

Le dernier opus de l’autre licence phare de Nintendo a encore fait un petit. Ce coup-ci, la licence Pokémon s’approprie le style open-world et ouvre cinq zones immenses à couvrir pour rencontrer tous les Pokémon. Pour se repérer sur la map, la tablette Sheikah… Enfin, le Smarceus est mis à disposition : il affiche la carte et permet de se téléporter à certains points d’intérêt comme les Bivouacs ou les hameaux. Cependant, cette fonctionnalité est à demi-teinte puisqu’Hisui n’est pas Hyrule, aucune zone n’est directement reliée et il faudra sans arrêt passer par le HUB soit Rusti-Cité si on veut aller d’une zone à une autre. Exemple : si je veux aller des Plaines Obsidiennes au Contrefort Couronné, deux zones voisines sur la map, je dois repasser obligatoirement par Rusti-Cité pour ensuite me rendre dans le lieu voulu. Sans oublier le manque d’une mini-map affichée sur le HUD. Les temps de chargement sont très courts fort heureusement, mais cela casse le rythme de jeu et ferme les frontières de ce qui aurait pu être un véritable open-world Pokémon. Des fonctionnalités qui seront peut-être corrigées dans un prochain Légendes Pokémon, on l’espère.

L’apparition du nom du Pokémon monarque rappelle étrangement un autre jeu.

De nouveaux Pokémon et des formes régionales sont présentes pour permettre de mieux s’imprégner le coin. Mais il existe aussi de redoutables créatures, plus grandes qu’à l’accoutumée : les Barons. Ce sont des formes agrandies des monstres basiques et sont bien plus puissants. Sans oublier les Pokémon monarques qui sont de vrais boss à combattre en temps réel. Il faudra esquiver leurs attaques et les fatiguer avec des objets, ainsi on pourra les confronter via un combat Pokémon. Ces immenses créatures ajoutent du challenge à l’aventure et invitent à devenir meilleur pour les affronter sans sourciller.

Et pour permettre une balade plus agréable dans les zones, des Pokémon sont à disposition en avançant dans l’histoire principale. On pourra aller plus vite sur le dos de Cerbyllin, aller sur l’eau avec Paragruel, ou encore voler dans les airs avec Guériaigle. Une fonctionnalité normale pour un open-world, mais avec les Pokémon, cela ajoute une petite note appréciable. Surtout lorsque des événements rares comme l’ouverture de distorsions spatio-temporelles apparaissent. Il s’agit d’une petite zone où des objets et Pokémon rares se manifestent pendant quelques minutes. Un événement à ne pas louper pour faire le plein de Pokémon rares, donc mieux vaut s’y rendre rapidement à dos de Cerbyllin.

Enfin du temps réel !

C’était la fonctionnalité tant attendue. Le temps est enfin venu pour la licence nipponne de revoir son gameplay. Dans Légendes Pokémon : Arceus, contrairement aux anciens épisodes, tout se fait en temps réel : la capture, la traque et les combats. Les Pokémon sont visibles et il suffira de les viser et de leur lancer une Pokéball pour enclencher la capture. Si on veut les combattre, il faut simplement envoyer un de nos partenaires (pas de notion de dresseur dans cet épisode) sur le Pokémon qu’on veut combattre. Le choix repose sur le joueur : soit il approche le Pokémon voulu discrètement en s’accroupissant et en se cachant dans les hautes herbes ou en le nourrissant, soit en le confrontant. Il faut noter que désormais, le personnage prend lui aussi des dégâts car en engageant le combat, les Pokémon sauvages peuvent se défendre et attaquer. Dans ces cas-là, on peut esquiver avec une roulade, si on prend trop de dégâts le personnage tombe dans les vapes et perd ses objets (beaucoup d’objets !).

Le système de combat a lui aussi évolué. En effet, on garde le tour par tour emblématique mais avec un changement notable : il apparait en temps réel, on combat là où se trouve le Pokémon sauvage. Cela peut parfois engendrer des situations ubuesques, comme les combats sur l’eau pendant lesquels les Pokémon terrestres flottent sur une bouée. De plus, l’ordre de passage est affiché grâce à l’apparition de nouvelles fonctionnalités : les styles « Puissant » et « Rapide ». Ils redéfinissent l’organisation du combat et feront plus ou moins de dégâts selon le style choisi. Par exemple, si une attaque est choisie en « Style Rapide », elle fera moins mal mais permettra d’attaquer deux fois de suite. Une stratégie à adopter si on y aller en douceur avec un Pokémon sauvage. Le « Style Puissant » sera plus dévastateur mais empêchera le monstre d’attaquer pendant deux tours. À utiliser à bon escient ou dans le but de one-shot un ennemi. Le système de capture est bien évidemment toujours possible en combat, avec un accès aux Pokéballs plus rapide.

Survivre sur les terres d’Hisui

Les boîtes Pokémon ont été remplacées par les pâturages, pour s’inscrire l’époque de l’histoire. Et ça fonctionne !

Concernant la fluidité, Game Freak a fait un travail colossal sur l’ergonomie et la prise en main des options et objets en jeu. Les Pokéballs, baies et autres nourritures sont accessibles directement pendant l’aventure via menu en bas à droite de l’écran. Ce même menu permet aussi, via un bouton, d’intervertir avec son équipe de Pokémon. Ce qui permet de provoquer un combat ou bien d’attraper un Pokémon sauvage, le tout avec une méthode fluide.

Le Pokédex a lui aussi été entièrement réorganisé. Exit les entrées seulement en attrapant les Pokémon, il faut maintenant les faire valider par le professeur au look improbable, Lavande. Il se trouve dans les Bivouacs à l’intérieur de chaque zone et dans les locaux du Groupe Galaxie de Rusti-Cité. Il viendra noter vos rencontres et vous rémunérer selon les Pokémon attrapés. Plus vous en avez eu lors de votre session dans une zone, plus l’argent tombera. Lors de cette phase, des points d’expériences seront attribués selon les études menées sur les Pokémon afin d’augmenter le rang de Chercheur au sein du Groupe. Cette dénomination remplace les badges d’arènes des précédents jeux, en montant de niveau, des objets et fonctionnalités nous seront attribués comme l’accès à de meilleures PokéBalls. Et histoire que ça colle avec l’histoire, c’est la cheffe du groupe des Chercheurs, Séléna, qui validera les acquis.

Dans Légendes Pokémon : Arceus, comme les habitants ne connaissent rien aux Pokémon, il faut les aider. Des tâches de Pokédex sont à remplir pour en apprendre plus sur certaines espèces. Par exemple pour un Keunotor, il est demandé d’en attraper un certain nombre, d’en combattre plusieurs, de le voir lancer telle ou telle attaque, etc. En remplissant ces tâches, le niveau de recherche du Pokémon augmentera et au niveau 10, il est considéré comme connu et assimilé. Certaines missions secondaires demandent l’étude totale d’un Pokémon, soit le niveau 10 de recherche. Il s’agit d’une fonctionnalité intéressante, permettant aussi de voir le monde de Pokémon sous un oeil neuf et de chercher à les comprendre. Dans les précédents jeux, une seule capture pouvait suffire, mais ici, spammer la capture n’est pas une option mais une nécessité. Heureusement que les pâturages, qui remplacent les boîtes Pokémon, sont infinis.

25 ans, l’âge du changement

Histoire de pimenter le côté RPG, le crafting fait son arrivée dans la saga. On accède à une trousse à outils directement depuis le menu d’objets pour y fabriquer tout type de choses pratiques : Pokéball, appâts, potions, rappels, etc. Il suffit de ramasser des ressources dans Hisui que ce soit par terre, dans les arbres ou en frappant les minerais et le tour est joué. C’est une option non négligeable car, une fois perdu dans la zone, cela permet de ne pas avoir à retourner au Bivouac pour soigner ses Pokémon en dormant et pour crafter sur un établi. Cette fonction apporte un sentiment de liberté et apprend le joueur à se débrouiller seul.

En ce qui concerne les évolutions et l’apprentissage des capacités, elles sont à gérer manuellement. Il faudra passer par le menu pour faire évoluer un Pokémon, mais aussi pour leur apprendre des attaques. Il n’existe pas encore de CS ou CT à Hisui, et c’est une adaptation intelligente de ne pas les avoir implémenté pour être en communion avec l’époque du jeu. Les fonctionnalités primitives de cet opus sont justes et amènent du challenge jamais vu auparavant dans la saga.

Faut-il fêter ce renouveau ?

C’est un travail d’orfèvre de la part de The Pokémon Company et Game Freak pour permettre à sa licence de prendre un véritable coup de jeune. Et on peut dire que le pari est tenu. On prend du plaisir à faire le tour d’Hisui, d’enfin pouvoir attraper les Pokémon en temps réel et sans avoir à entrer en combat avec. Devoir s’immiscer dans les hautes herbes pour ne pas se faire voir des créatures est dichotomique et permet de se séparer des codes de bases : le chasseur devient ici le chassé. On ressent la liberté et la contemplation à pouvoir visiter librement les zones de Pokémon, le tout saupoudré par une histoire efficace et emplie de retournement de situation.

Cependant, comme rien n’est jamais parfait, les graphismes sont encore une fois à la ramasse. Pour un jeu sorti en 2022, près de quatre ans après Breath of the Wild, c’est triste qu’autant de promesses et de travail sur le gameplay soient entachés par des graphismes trop faibles voire moches (sur une Nintendo Switch non OLED). Des textures en low definition autant sur la TV que sur l’écran portable, du clipping à deux mètres, quelques ralentissements quand les particules sont trop présentes, ce n’est pas digne d’un jeu actuel. Mais, en les mettant de côté, on a le droit à une expérience plus que satisfaisante qui nous fait oublier les pixels disgracieux. L’habit ne fait pas le moine dans Légendes Pokémon : Arceus.

Encore une fois, ce fameux renouveau manque de véritable challenge : le multi exp commun est toujours de la partie au grand dam des joueurs de la première heure ; le jeu se finit assez rapidement et malgré le menu retravaillé, il manque de finition : la sacoche très petite et qui coûte très cher à augmenter. Le fait de devoir passer par Rusti-Cité à chaque fois qu’on veut aller dans un autre endroit bloque le rythme sauvage du jeu et amène une légère frustration. Mais Légendes Pokémon : Arceus est un immense bond en avant pour la licence et une véritable surprise pour les fans de Pokémon.

Verdict

8/10

Quel pied ! Le voyage en terre d’Hisui est un véritable enchantement et de pouvoir vivre l’aventure en temps réel provoque une satisfaction authentique. Légendes Pokémon : Arceus est une réussite, on ne peut le nier. C’est un pèlerinage pour les aficionados de la licence japonaise, malgré ses défauts (très) visibles et visuels, ainsi que sa facilité déconcertante. Le renouveau de Pokémon se présente sous un beau jour et les prochains opus devraient être fort intéressants. D’autres épisodes Légendes Pokémon feront sûrement leur apparition, peut-être même prendre la place des épisodes canons ?

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