Batman, l’un des héros de comics préféré des aficionados du genre, passe par la case de l’adaptation made in Telltale. La vision de cet univers par le studio promettait de grands moments car, jusqu’à présent, Telltale n’a que rarement déçu – il suffit de voir The Walking Dead pour en être convaincu. Malgré tout, adapter Batman sous ce format était un pari risqué. Ont-ils réussi ? Notre réponse dans ce test.
L’avis de William sur les épisodes 1 et 2
Une vision originale
Le scénario nous met dans la peau de Bruce Wayne/Batman – de ce côté-là, pas de surprises – dans une aventure qui donne une importance presque égale aux deux identités du héros – ce qui est déjà moins courant. Bruce Wayne et Harvey Dent sont de très bons amis et ce dernier brigue le mandat de maire de Gotham City, sous fond de corruption dans le camp d’en-face. Des révélations sur le passé de la famille Wayne sont également au rendez-vous et le sentiment qui a prédominé lors de notre partie est le fait d’être assez désorienté.
La vision de Teltalle Games a ceci d’intéressant que certains personnages se retrouvent assez différents de la plupart de leurs versions successives dans les comics. Ainsi, Thomas et Martha Wayne vont voir leur bonne réputation et leur image immaculée être – peut-être – remise en cause, la mafia semble jouer un rôle intéressant et le Pingouin – Oswald Cobblepot, pour ceux qui le connaissent mieux – se révèle être un antagoniste plutôt calculateur – dans la veine du Pingouin de la série Gotham, mais en certainement moins charismatique.
En bref, la mise en scène et la vision d’ensemble sont plutôt rafraîchissantes et s’éloignent un peu de la plupart des interprétations déjà aperçues dans les comics. C’est du moins le sentiment qui se dégage des deux premiers épisodes que nous avons, pour l’instant, parcourus mais il se pourrait que les épisodes suivants changent la donne.
Gameplay aux possibilités discutables et problèmes techniques
Si la vision scénaristique de Telltale est assez intéressante, le gameplay, lui, peine à se renouveler en plus de se montrer peu adapté à la licence. Ce qui nous fait dire ça ? En particulier les phases de combats. Là où on attend des affrontements assez nerveux, on s’aperçoit que le système de QTE propre au concept de base du développeur ne permet pas de retranscrire tout le dynamisme des affrontements. Résultat : Ceux-ci paraissent très mous ce qui, vous l’avouerez, n’est pas vraiment ce que l’on attend d’un jeu estampillé Batman. Ajoutez à cela que les QTE en question se révèlent parfois mal pensées – des directions ou touches à presser aberrantes par rapport à certaines actions à l’écran – et vous obtenez une petite déception à ce niveau.
Ce mauvais point est tout de même en partie contrebalancé par la gestion des choix effectués. En effet, et c’est encore une fois rare dans les jeux tirés de la licence Batman, les choix que nous devons faire en tant que Batman influent sur les événements liés à Bruce Wayne et vice-versa. Un point très intéressant qui commence à être bien visible dans le deuxième épisode et qui augure une suite d’aventure plutôt intéressante. De la même manière, les phases d’enquête font partie des meilleurs moments du jeu en termes de pur gameplay.
Terminons sur le gros point noir du titre : l’aspect technique. Sur notre version de test – sur PlayStation 4 – nous avons noté de gros problèmes de fluidité toujours pas réglés depuis la sortie du premier épisode du titre, la version PC semble, elle, plutôt épargnée par ces problèmes. Les décrochages se ressentent vraiment dans certaines phases de jeu et nuisent à l’expérience. Autre petit détail gênant : les sous-titres en français sont toujours d’aussi mauvaise qualité, cela suit la logique des précédents jeux de Telltale Games, mais on apprécierait qu’un effort soit fait à ce niveau-là.
L’avis de Mathias sur les épisodes 3 à 5
Le gameplay sans bat-inspiration
La saison 1 de Batman étant finie, c’est pour nous l’occasion de vous faire part de nos impressions. Telltale s’est-il renouvelé ou reposé sur ses acquis ? Les premiers épisodes avaient moyennement marqué les esprits la faute à une réalisation maladroite et des choix de gameplay pas forcément judicieux.Cette fin de saison sera l’occasion de poursuivre dans la voie initiée par les deux premiers épisodes. On alternera donc entre des dialogues à choix multiples et des scènes « d’actions » où il faudra effectuer des QTE pour s’en sortir.
Comme l’avait mentionné notre rédac’ chef bien aimé dans sa clairvoyance légendaire, ces phases de jeu plombent le rythme et ne s’accordent pas avec le gameplay que l’on aurait pu attendre d’un tel univers. Les passages « d’enquête » ne sont pas non plus transcendants. Comme toujours, il s’agit de repérer les éléments d’une scène et de les associer jusqu’à trouver le bon ordre pour lancer la suite de l’histoire. C’est dommage et même frustrant de voir les orientations choisies par Telltale car on sent qu’on aurait pu avoir bien mieux, en particulier dans les scènes où il faut planifier son attaque et qui se résument finalement une fois de plus à des passages en QTE assez mollassons.
Une bat-réalisation à la ramasse
Là où le jeu est clairement à la ramasse, c’est au niveau de la réalisation. Si le style graphique en cell-shading est toujours aussi plaisant à regarder, pour ce qui est des animations, on à l’impression de voir des playmobils tant c’est raide. Les passages qui ne sont pas des cinématiques sont tristes comme un jour sans pain, Batman/Bruce Wayne marchant comme un danseur faisant le robot. Le jeu souffre aussi de soucis graphiques et ce même sur PC qui est supposé être la plateforme la plus aboutie pour Batman The Telltale Series. Entre ralentissements parfois très marqué et un aliasing trop présent, le jeu fait parfois peine à voir.
Là où le jeu se rattrape, c’est au niveau de son histoire, très forte (comme pour la plupart des jeux Telltale). Elle se situe, grosso-modo, dans la période Un long Halloween dans la mythologie Batman, c’est-à-dire aux débuts de Batman en tant que héros, quand il doit affronter la mafia avant que celle-ci ne laisse la place à des super-vilains plus traditionnels. Je dois avouer que c’est un choix assez couillus (si vous me passez l’expression) car il amène les joueurs hors de leur zone de confort par rapport à ce qu’on aurait pu attendre.
Si l’histoire à le mérite de se laisser suivre, elle risque néanmoins de laisser les aficionados de Batman septique car elle prend beaucoup, beaucoup de largesses dans la continuité « historique » de l’univers. Sans en dévoiler trop, le fait que Catwoman devine de suite l’identité de Batman m’a personnellement fait grincer des dents. L’histoire n’est toutefois pas horrible non plus et il serait dommage de jeter les batarangs avec l’eau du bain. Elle se laisse suivre comme une bonne série télé qui, sans réinventer la roue, reste assez sympathique pour donner envie de voir la fin. J’ai une expression pour ça : les séries-chips. On sait que ce qu’on voit n’est pas de la grande cuisine ni même de la bonne cuisine mais on les mange quand même parce que cette cochonnerie, elle est quand même bonne. Batman – The Telltale Series, c’est exactement ça. Un jeu qui est plaisant le temps de le faire mais qui ne laissera probablement aucun souvenir marquant après quelques jours.
Verdict
6/10
William : Le Batman de Telltale dispose d’atouts indéniables. Si le premier épisode, mettant en place l’intrigue, est relativement plat, les choses sérieuses commencent rapidement dans le second épisode et la vision des développeurs nous a semblé très intéressante. Néanmoins, les problèmes de fluidité rencontrés sur PlayStation 4 ont passablement affecté notre expérience et le gameplay semble ne pas arriver à se sublimer au contact d’une licence peut-être pas vraiment adaptée au format estampillé « Telltale ». Les épisodes suivants n’ont pas fait évoluer de manière drastique la donne, le jeu reste donc recommandable mais pas exceptionnel de mon point de vue.
Mathias : Cette première saison du Batman de Telltale n’est pas mauvaise et vous déconseiller d’y jouer serait malhonnête. Malgré tout, ne vous attendez pas à un grand jeu mais plutôt à un petit passe-temps les soirs de disette culturelle.
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