[Flashback 2016] Les comics des années 1990

La suite de notre article sur les comics des années 80/90 au Flashback 2016.

Nous revoilà pour cette deuxième et dernière partie de la table ronde, consacrée aux comics ayant jalonnés l’existence de Marvel Comics dans les années 80/90. Nous nous étions quittés sur l’apparition du premier cross-over historique de l’éditeur, Secret Wars, une série de comics prenant sa source d’une ligne de figurines d’action du même nom. Avant de plonger tête la première dans les années 90, je vous propose un léger retour à la fin des années 80, histoire de se remémorer les évènements clés qui conditionneront cette décennie 90.

 

Previously, on Marvel Universe

Lors de notre précédent article sur le sujet, – que vous pouvez consulter ici –  nous vous avions promis de revenir rapidement sur la fin des années 80, en vous parlant de deux dessinateurs de Marvel en particulier : Walter Simonson et Todd McFarlane. Ils vont véritablement insuffler une nouvelle énergie chez deux super-héros : Thor pour Walter Simonson et Spider-Man pour Todd McFarlane. Quand le dessinateur et scénariste Walter Simonson débarque dans l’univers de Thor, il ne le fait pas à moitié. En effet, à ce moment-là, Thor n’est plus le succès qu’il a été autrefois. Simonson met donc tout en œuvre pour faire repartir les ventes et marquera la série de son empreinte avec, notamment, la création d’un personnage extraterrestre capable de se saisir du célèbre marteau Mjöllnir et la transformation de Thor…. En grenouille ! Pourquoi pas, après tout, nous sommes dans les années 80, décennie des expérimentations en tous genres.

Quand à Todd McFarlane, il connaît encore de nos jours un grand succès grâce à sa société de figurines articulées, McFarlane Toys. Ce dessinateur va véritablement redynamiser la franchise Spider-Man. Il choisit de modifier l’apparence de l’homme araignée, accentuant son côté arachnéen par des membres raides et de grands yeux tout en lui rendant, par la même occasion, son costume noir. Son interprétation de Spider-Man, plus sombre et adulte, s’inscrit ainsi dans cette tendance « dark » amorcée au début des années 80 avec l’arrivée de personnes comme Franck Miller. Cela influencera bon nombre d’artistes par la suite, qui lui succèderont sur ce personnage. Pour conclure ces années 80, un constat s’offre à nous : celui du véritable changement qui a été opéré chez Marvel avec l’arrivée d’une génération d’auteurs et d’artistes qui ont bouleversé les codes du genre et repoussé les frontières. Une grande bouffée d’air frais a été apporté à des titres qui étaient plus ou moins tombés dans l’oubli et ces gens-là ont véritablement déterminé ce qui allait se passer dans les années 90.

 

Marvel renoue avec le succès

Ne perdons pas le « fil » et restons avec notre ami Spider-Man, puisque celui-ci voit son succès s’envoler au début des années 90. McFarlane a su se faire un nom dans l’industrie du comics, grâce à son travail sur la série The Amazing Spider-Man, ce qui va décider Marvel à lancer une nouvelle série au début des années 90, sobrement appelée Spider-Man. Todd McFarlane, arrivé chez Marvel à la fin des années 80 comme « simple » dessinateur, se voit attribuer la double casquette de scénariste et dessinateur sur cette nouvelle série. Celle-ci remporte un succès phénoménal : le premier numéro s’est, en effet, vendu à 2,5 millions d’exemplaires. Un succès qui s’explique en partie par les différentes couvertures proposées aux lecteurs : une stratégie de l’éditeur pour multiplier les ventes qui s’avèrera plutôt efficace. Un an à peine après le début de Spider-Man nouvelle mouture, Todd McFarlane décide de plier bagages pour former Image Comics avec 6 autres comparses, dont Jim Lee, dont nous allons vous parler maintenant.

 Ce dessinateur fait partie des artistes qui ont marqué ces années 90, bâtissant son succès sur le travail accompli sur la franchise X-Men. Jim Lee apporte sa vision créative sur la série Uncanny X-Men, utilisant des traits plutôt agressifs avec beaucoup de hachures, les personnages sont plus badass que jamais. Son parcours rappelle étrangement celui de McFarlane puisque Lee se voit offrir, tout comme lui, une nouvelle série suite, entre autres, à son travail remarqué sur Uncanny X-Men. Baptisée simplement X-Men, Jim Lee va relooker certains personnages avec de nouveaux costumes, qui deviendront une véritable référence pour toute une génération de lecteurs. Cette nouvelle série, parallèle à Uncanny X-Men, va remporter un succès retentissant – tout comme Spider-Man avec MacFarlane – puisque le numéro 1 va battre un record de ventes sans précédent, avec plus de 8 millions d’exemplaires vendus. Là encore, les différentes couvertures alternatives y sont pour quelque chose, les fans et les spéculateurs se les arrachent. Cependant, Lee ne fait pas l’unanimité, en particulier pour Chris Clermont – scénariste sur la franchise X-Men – qui éprouve une certaine difficulté à travailler avec lui, tant leurs visions créatives et scénaristiques divergent. Un désaccord avec l’éditeur Bob Harras le poussera d’ailleurs vers la sortie, après 16 années passées sur la saga X-Men. Et comme nous vous le disions plus haut, Lee marche dans les pas de McFarlane, pliant lui aussi bagage après un an passé sur la nouvelle série X-Men, pour rejoindre ce dernier et former Image Comics.

 

Années 90 : synonyme de piétinement, mais pas que

Il n’y a malheureusement pas que du bon à tirer de ces années 90. Nous pouvons citer les exemples de tentatives désespérées de la part de l’éditeur pour relancer ses ventes. Nous pourrons voir ainsi bon nombre de super-héros changer de costumes, de supers pouvoirs et même d’identité. Marvel tente alors pour la énième fois de relancer des séries, afin d’éviter de lasser ses lecteurs. Beaucoup de productions ont pavés les années 90 : nouveaux Doctor Doom, Punisher et autres Adam Warlock qui font alors peaux neuves. Des personnages profitent toujours du courant grim and gritty – tendance qui vise à assombrir et rendre plus violent les comics – apparu avec l’arrivée de Franck Miller dans les années 80, comme Blade ou Ghost Rider, qui refont parler d’eux. Nous pouvons aussi parler du paquet de gimmicks visuels qui ont « entachés » ces années 90, comme les muscles des personnages totalement disproportionnés voire hypertrophiés, l’image de la femme écornée par des formes féminines exagérées, avec une taille anorexique et une poitrine sur-gonflée, pour ne citer que ça.

Nous arrivons à la fin de cette table ronde avec, notamment, Marvel qui est à ce moment-là en grande difficulté financière. Un homme va alors apporter une lueur d’espoir et le début d’une solution pour sortir l’éditeur de la panade. Il s’agit de Joe Quesada, scénariste et encreur d’une société qu’il a fondé avec un ami – Jimmy Palmiotti, connu entre autres pour ses dessins de Painkiller Jane Event Comics. Les deux artistes sont engagés par Marvel à la fin des années 90 pour relancer certains personnages en perte de vitesse sous un tout nouveau label : Marvel Knights. Des personnages secondaires comme le Punisher, Daredevil ou bien encore Black Panther passent alors entre les mains de nouveaux artistes fraîchement recrutés par Quesada et Palmiotti et réussissent leur pari de re-rendre Marvel séduisant aux yeux des lecteurs. L’histoire se finit quand même bien, puisque même si Marvel a depuis été racheté par Disney, l’éditeur n’en reste pas moins une légende dans le monde du comics de super-héros, continuant à attirer toujours plus de fans et ce grâce à toutes ces générations d’artistes et d’auteurs qui se sont succédées pour faire rêver les lecteurs.

 

Nous souhaitons remercier TGS Évènements de nous avoir permis d’assister à cette conférence en deux parties sur les comics des années 80-90, qui fût un réel plaisir à suivre. Il faut dire que cette table ronde n’aurait peut-être pas été aussi captivante sans la présence du duo de choc formé par Jean-Marc Lainé et Paul Renaud. Vous pouvez d’ailleurs vous procurer un ouvrage qui traite justement des comics, plus particulièrement du magazine Strange, légende des années 70/80/90 et intitulé Nos années Strange par Jean-Marc Lainé et Sébastien Carletti. Paul Renaud travaille, lui, sur Secret Wars.

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