[TEST] Death Stranding : appelez-le FedEx Simulator ! [Mise à jour Director’s Cut PS5, 01/10/2021]

Death Stranding, c’est un projet un peu particulier et ce depuis son annonce par Hideo Kojima, le créateur japonais anciennement lié à Konami. Première aventure sortie des studios de Kojima Productions, le jeu s’est révélé très mystérieux dans les trailers successifs qui nous ont été présentés et c’est avec une curiosité totale que j’ai découvert ce qui se cache derrière les aventures de Sam, le héros que nous allons suivre durant maintes heures.

 

Superbe et grandiloquent

Nous sommes dans la peau de Samuel Porter Bridges, que nous appellerons donc Sam à partir d’ici. Sam est un « porteur » ce qui signifie qu’il doit jouer le rôle d’une sorte de coursier qui doit amener toute sorte de fournitures, nourritures ou autres objets indispensables d’un lieu à l’autre. Pourquoi est-il besoin de le faire ? Tout simplement car les Etats-Unis dépeints dans ce futur apocalyptique se révèlent pleins de dangers et il est impossible pour la population de sortir en dehors des villes et zones sécurisées sous peine de risquer sa vie. En effet, les Echoués guettent et peuvent surprendre les voyageurs imprudents.

Notre aventure commence alors qu’une de ces livraisons ne se passe pas comme prévu et Sam, attaqué par un Echoué, ne doit sa survie qu’à l’intervention d’une mystérieuse inconnue et fini par accomplir sa mission. Sa vie va ensuite basculer quand notre héros va se retrouver au cœur de la destruction de l’une des principales villes des UCA (l’équivalent des nouveaux Etats-Unis) et se verra confier le soin d’aider ceux-ci à survivre par sa mère adoptive qui est, accessoirement, l’actuelle présidente. Vous l’aurez compris, nous avons à faire avec un scénario d’une certaine complexité.

Parfois très bien mis en scène, parfois pas vraiment. L’exposition du contexte de cet univers souffre parfois de lourdeurs gênantes – comme lorsqu’au détour d’une conversation, un personnage raconte à Sam comment on en est arrivé là, un message destiné au joueur et qui semble assez mal amené, en effet, comment Sam pourrait-il ne pas connaître ces informations ? De même, la narration prend un peu trop le parti de la grandiloquence exagérée ou impose au joueur un côté « tire-larme » qui exaspère parfois. Malgré cela, la curiosité l’emporte la plupart du temps et la motivation pour connaître le fin mot de l’histoire prend le dessus sur ces écueils.

Il faut dire qu’en cela, Death Stranding est bien aidé par une technique quasi irréprochable avec une finesse graphique que l’on a rarement vu sur cette génération et une fluidité presque parfaite si l’on excepte une ou deux chutes de framerate qui restent marginales. En un mot, c’est superbe et le plaisir que l’on prend à découvrir l’univers est intact, même après des dizaines d’heures de jeu. A noter que ce test a été effectué sur PlayStation 4 Pro, mais le constat semble le même après une petite session de jeu sur la PlayStation 4 originale, c’est très solide techniquement.

 

Entre audace et répétitivité

Un sentiment ambivalent nous vient alors que l’aventure se poursuit dans les terres désolées de l’univers de Death Stranding. Tout d’abord, il faut saluer la volonté des développeurs de proposer une expérience multijoueur asynchrone qui permet aux joueurs de s’entraider en laissant à certains endroits des échelles, ou toute autre structure permettant de se déplacer plus facilement dans le monde ouvert proposé par le jeu. Vous ne verrez jamais les autres joueurs, ce qui permet de garder cette ambiance empreinte de solitude voulue par l’expérience mais cet aspect coopératif et pensé comme une cercle vertueux et bienveillant renforce encore le sentiment d’être obligé de se débrouiller sans cesse avec ce que l’on a, car chaque petite aide laissée par un joueur peut vous faire gagner un temps précieux voire vous sauver la vie.

Il sera alors important d’entretenir ces structures pour qu’elles soient pérennes. Un système de « like » permet de récompenser les joueurs les plus altruistes et fonctionne comme des points d’expérience. C’est un très bon système qui a été intégré de manière très réfléchie dans le level design du titre et on salue l’idée et l’intégration.

Maintenant, pourquoi est-il besoin de ce système ? Tout simplement parce que la progression dans le monde ouvert de Death Stranding peut s’avérer très laborieuse voire exagérément compliquée par le gameplay du titre. Chaque excroissance – ou presque – du terrain est un danger potentiel qui peut vous faire trébucher et abimer votre précieuse cargaison, vissée sur votre dos. En tombant, vous pouvez également perdre une partie ou la totalité des blocs de stockage que vous transportez et il vous faudra alors partir à leur recherche. Un système d’équilibre avec les gâchettes R2 et L2 vous permet de gérer les appuis de Sam et il faudra très – trop ? – souvent jouer avec elles pour ne pas se ramasser. Clairement, la proposition de gameplay va diviser. Elle ne m’a pas convaincu mais l’idée en soi est audacieuse et on ne peut que saluer la prise de risque en elle-même.

Outre ces points, il est un aspect qui a pu souvent frustrer : Death Stranding peut être d’une répétitivité folle. La plupart des missions à effectuer ont la même structure et tournent autour de la livraison de paquets d’un lieu à l’autre. Le gameplay varie parfois au gré des rencontres avec des ennemis – par exemple des sortes de bandits, anciens porteurs, qui vous attaquent. Il propose alors des phases s’apparentant à de l’infiltration ou des combats qui s’avèrent un peu trop simples une fois les armes non-léthales débloquées. En bref, le jeu propose avant tout une approche basée sur l’exploration et la gestion de l’environnement, à la manière de Breath of the Wild, en y ajoutant une importance accrue de la préparation de votre paquetage : il vous faudra emporter les bons outils pour une mission en particulier sous peine d’avoir de grosses difficultés pour évoluer sur le chemin qui vous attends.

 

Une expérience différente qui ne laisse pas indifférent

Death Stranding est clairement un jeu qui divise et pour le comprendre totalement, il faut adhérer au parti-pris des développeurs. Vous l’aurez compris, cela n’a pas été mon cas pour certains aspects. Pourtant, le jeu a su me marquer par certains moments particulièrement réussis. Les rencontres avec les Echoués restent des instants particuliers et il est rare de ressentir autant de tension en affrontant des adversaires dans un jeu. Dans une sorte d’infiltration inversée, Sam doit respirer le moins fort possible pour ne pas se faire repérer dans des environnements où l’on ne peut se cacher. La gestion du B.B. – ce fameux bébé dans une sorte d’utérus artificiel que vous avez dû voir dans les images dévoilées du jeu – est également très intéressante. Il sentira les secousses, la tension, la peur de Sam et vous devrez le bercer en secouant doucement votre manette et en utilisant la détection des mouvements pour le calmer. Sous peine de perdre les interactions que vous pouvez avoir avec lui.

Enfin, un mot sur la séquence finale du titre qui est, à l’image de la narration parfois très alambiquée du titre, intéressante et plutôt complexe. Disons qu’elle saura satisfaire les amateurs d’histoires aux multiples ramifications et qu’elle s’avère, comme le reste du titre, très efficace dans la mise en scène. Fidèle à la vision étrange d’un monde visiblement au bord de la mort, on peut dire que malgré les maladresses, l’expérience globale vaut le coup d’œil.

 

Une Director’s Cut qui en fait « trop » ?

A l’heure des portages qui n’ont de « nouvelle version » que le nom, que penser de celle-ci ? Eh bien, comme on pouvait s’y attendre dans un premier temps, l’amélioration qui aute aux yeux, c’est l’affinage graphique auquel le titre a eu droit. Résolution réhaussée en 2160p, framerate à 60 fps, Death Stranding était déjà beau, il l’est encore davantage dans cette Director’s Cut. Si l’on ajoute également les merveilles faites par le SSD de la PlayStation 5, nous avons évidemment ici la version la plus propre possible.

L’aspect visuel n’est cependant pas le seul à prendre en compte pour juger de l’apport réel de cette version car pas mal de choses ont, en fait, été ajoutées. Et pas toujours dans le ton du jeu original. Pour commencer, parlons des quelques nouveaux objets qui sont là pour faciliter votre quête (le stabiliseur ou le petit robot qui peut vous accompagner, par exemple), un peu trop, pourrait-on dire, puisque l’esprit du jeu tient dans son aspect pénible à parcourir. Heureusement, ces ajouts sont optionnels et s’obtiennent tardivement. De même, certains autres points ajoutés ne semblent pas particulièrement pertinents (les activités à caractère compétitif, par exemple, qui cassent un peu le sentiment d’entraide qui créait en partie cette ambiance si particulière), en particulier le mode Circuit Fragile.

D’autres ajouts sont accueillis avec plus d’enthousiasme, comme le imili mode Entraînement qui permet, sans pression, de perfectionner ses talents en combat contre les ennemis de Death Stranding. Cette version propose également 5 modes de difficulté et se révèle, de manière générale, bien plus soucieuse de convenir à un maximum de publics différrents. Enfin, Les missions spéciales de la version PC font leur retour et de nouvelles missions orientées infiltration ajoutent du contenu scénaristique. Tout cela est largement dispensable mais vu que c’est optionnel, autant en profiter.

 

Verdict

7/10

Death Stranding est loin d’être parfait. Death Stranding n’est pas le jeu de l’année, selon moi. Mais Death Stranding a pour lui des idées audacieuses et une proposition de gameplay qui intrigue et ouvre des voies. Efficace dans sa mise en scène, un peu moins dans le fond de sa narration, je vous conseille tout de même l’expérience si d’aventure prendre votre temps ne vous fait – vraiment – pas peur dans un jeu vidéo. On peut ajouter un point aux versions PC et PlayStation 5 pour le contenu supplémentaire et l’aspect technique, largement réhaussé.

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