[TEST] Final Fantasy XV, prêts pour un road trip en Eos ?

La franchise Final Fantasy a connu la gloire sur presque toutes les générations de consoles depuis les années  1980. Pourtant, les esprits chagrins – dont je fais parfois partie – ont pu se dire que le temps béni où la série de Square Enix – ou Squaresoft, pour les anciens – rebattait les cartes dans le secteur vidéoludique à chaque épisode était bien loin. L’arrivée de Final Fantasy XV a été synonyme d’espoir pour les fans, l’espoir de sortir par la grande porte d’une trilogie autour de Final Fantasy XIII qui n’aura jamais fait l’unanimité. Avec cette version PC, nous allons enfin pouvoir vous parler de ce quinzième épisode dans sa globalité.

 

Un univers exceptionnel, une narration critiquable

Une chose est frappante et nous saute au visage dès que l’on lance Final Fantasy XV : on sent que l’univers a été pensé dans ses moindres détails ou presque. Le fait de se retrouver avec ce que l’on peut considérer comme un monde ouvert donne une impression de liberté très agréable, certes, mais ce sentiment doit beaucoup au fait qu’artistiquement, le jeu nous offre un mélange presque idéal entre réalisme et fantaisie. On sent l’influence de ce qu’aurait dû être Final Fantasy Versus XIII – plus sombre, ancré dans une certaine réalité – et la patte Tabata, qui a proposé plus de légèreté. Je ne vous cache pas que l’aspect plus ténébreux des trailers de Versus XIII m’a personnellement manqué, mais je peux également me rendre compte qu’un équilibre intéressant a été trouvé. Un consensus qui sied, en fait, davantage à un titre qui est passé de spin-off de Final Fantasy XIII à opus numéroté.

Que serait un univers, si magnifique soit-il, sans un scénario qui l’exploite et en tire le meilleur ? C’est à partir de cette simple question que je me suis posée que quelques réserves ont commencé à poindre, de mon point de vue. Je pense que Final Fantasy XV a un problème gênant : il n’a pas réussi à raconter le contexte qui mène au voyage de Noctis et ses amis de manière satisfaisante. Les points qui pourraient manquer se retrouvent souvent … dans les autres parties de cet univers, exploitées dans la dimension transmédia de Final Fantasy XV. Je n’ai pu m’empêcher de me dire que le jeu aurait gagné à voir intégrés à sa narration quelques arcs scénaristiques développés dans Kingslaive : Final Fantasy XV, le film qui raconte la chute du Royaume de Lucis, évoquée plutôt rapidement au début du jeu. Une narration à la Final Fantasy IX aurait pu permettre de suivre en parallèle ces événements avant de se recentrer exclusivement sur Noctis passée cette introduction. Je regrette que cette option n’ait pas été prise en considération. Peut-être dans le but de proposer une politique transmédia efficace ? Pour le coup, le pari n’est pas pleinement réussi.

Pourtant, Final Fantasy XV possède d’indéniables atouts. Des personnages globalement très intéressants – même si les dialogues tournent parfois un peu en rond en ce qui concerne les séquences récurrentes en voiture ou en combat – et quelques moments qui nous font ressentir le frisson des épisodes d’antan. Des moments de grâce, dont nous pouvons surtout profiter durant la seconde moitié de l’aventure, où la narration prend clairement son envol – grâce notamment aux ajustements et ajouts faits au fil des mises à jour – comme toute la phase à Altissia ou à partir du tournant du chapitre 12 et, de manière générale, la relation Noctis/Lunafreya. On regrette d’autant plus une entrée en matière un peu légère en voyant certaines séquences vraiment très marquantes.

 

Dynamique, avec quelques faiblesses dans le gameplay

Pour un adorateur du tour par tour comme moi, Final Fantasy XV ne partait pas gagnant. Pourtant, force est de constater que le système mis en place pour les combats est relativement réussi et parvient à être dynamique sans forcément casser un certain aspect stratégique. Ceci étant, les problèmes de caméra que l’on avait pu entrevoir dans les démos avant la sortie du jeu n’ont pas été totalement réglés. Ainsi, dans les lieux exigus ou lors des affrontements contre des ennemis de grande taille – Titan ou l’Hydréenne, entre autres – les angles choisis peuvent être malheureux et les changements de caméras ne pas se faire correctement. Il est parfois difficile de suivre l’action car la caméra va se focaliser sur un angle en particulier qui ne permet pas d’appréhender l’action. Un problème pas forcément récurrent mais qui intervient lors de combats qui auraient pu prendre une dimension incroyable sans ce souci.

Il faut ajouter à cela quelques problèmes d’I.A. concernant les alliés, pas forcément très réactifs – euphémisme – quand il s’agit de venir vous ranimer, en cas de « mise en danger ». De manière générale, à moins de donner des ordres directement à nos amis Gladiolus, Ignis et Prompto pour qu’ils lancent une attaque spéciale, il sera parfois aisé de constater que leur utilité en combat est très relative. Ceci étant, le fait de pouvoir personnaliser leurs équipements et magies nous donne un petit impact sur leurs actions, ce qui nous laisse au moins l’illusion de les contrôler pour de bon. La magie, justement, dispose d’un système plutôt original. Lors de nos escapades, il sera parfois possible de trouver des roches ou réceptacles desquels Noctis peut absorber une magie élémentaire. Il faudra ensuite, via les menus, synthétiser cette magie récoltée pour en faire un sort – il est également possible de combiner plusieurs éléments. Pas toujours très pratique mais le système a le mérite de laisser les coudées franches au joueur.

Final Fantasy XV propose une évolution par niveaux classique et met également en place un système qui s’apparente à un arbre de compétences, dans lequel le joueur doit utiliser les points de compétences gagnés lors de ses quêtes et combats pour débloquer différentes … compétences, qui permettent de personnaliser la façon de combattre de l’équipe. Du classique. Un mot, enfin, sur les invocations. La façon dont elles ont été intégrées est plutôt intéressante et correspond bien à l’univers – elles n’apparaissent qu’à des conditions précises, ce qui marque leur volonté propre – mais le revers de la médaille, c’est que l’on peut avoir l’impression que celles-ci sont bien trop rarement disponibles et, au final, pas très utiles. Les séquences d’invocation en elles-mêmes restent très impressionnantes, comme toujours.

 

Une édition PC « ultime », mais…

Si j’avais déjà pu avoir un premier contact sur PlayStation 4, celui-ci m’avait laissé un souvenir plutôt contrasté. Tant et si bien que j’avais décidé d’attendre toutes les mises à jour de contenu de l’aventure principale avant de me relancer dans l’aventure de Noctis et ses camarades. Cette version PC, qui contient tous les ajouts sortis dans le premier season pass et la Royal Edition, est donc tombée à point nommé pour enfin me lancer pleinement dans l’aventure. D’autant que cette version a le potentiel pour être l’édition ultime du jeu. Pourquoi seulement le potentiel, me direz-vous ?

Eh bien, tout d’abord, le jeu n’est pas (encore ?) techniquement parfait. Nous avons eu affaire avec de nombreux bugs – parfois graphiques ou quelques blocages dans le décor, sans gravité – mais également avec un retour bureau qui a été très pénalisant car intervenant à un moment où le jeu n’avait pas fait de sauvegarde automatique depuis un petit moment – et c’est évidemment à ce moment-là que l’on ne pense pas à la sauvegarde manuelle. On peut également pester devant une optimisation pas vraiment aux petits oignons – impossible d’atteindre 60fps constants en 1080p, même avec quelques concessions, avec une configuration plutôt très correcte (i7, GTX 1060 et 8Go de RAM). La configuration recommandée pour la 4K est, par ailleurs, dantesque. Autre point, les temps de chargement sont extrêmement longs, ils l’étaient déjà sur consoles mais nous atteignons là des sommets assez vertigineux.

De manière générale, cette version PC est tout de même plaisante et on sent que, sous réserve d’une configuration très musclée, le jeu peut avoir un rendu assez incroyable et rendre l’univers encore plus époustouflant qu’il ne l’est déjà. Le contenu des DLC et de la Royal Edition permet de développer des arcs spécifiques aux personnages qui accompagnent Noctis, ce qui donne plus d’épaisseur à l’univers – même si cet aspect ne changera pas totalement votre expérience. Les variations de gameplay propres à chaque personnage y sont aussi plutôt intéressantes et permettent de donner à l’expérience plus de relief. Enfin, le DLC multijoueurs coopératif en ligne, intitulé Comrades, est un ajout sympathique et permet de partager les voyages en Eos avec des amis. Il ne s’agit pas, de mon point de vue, d’un ajout majeur mais il devrait réserver de belles heures à jouer entre amis.

 

Verdict

7/10

Final Fantasy XV est, selon moi, le meilleur épisode de la série depuis le X (ou le XII, pour ceux qui l’avaient adoré). Il tourne la page Final Fantasy XIII que beaucoup voulaient oublier – ce qui est assez ironique quand on se rappelle que cet épisode devait être Versus XIII et, donc, une part de cet univers honnit. Cependant, une narration inégale et des problèmes de caméra parfois très gênants durant les combats l’empêchent d’atteindre le même degré d’excellence que les grands classiques de la série. Ajoutez à cela une version PC pas encore totalement expurgées de ses bugs et une optimisation pas toujours convaincante et nous obtenons un jeu à l’immense potentiel pas toujours très bien exploité.

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