[TEST] Gran Turismo Sport, sortie de route chez Sony ?

Gran Turismo Sport, nouveau volet de l’emblématique saga automobile, nous est offert par Sony Interactive Entertainment. L’exclusivité Playstation est enfin sortie en ce mois d’octobre 2017. Le temps se faisait long depuis la sortie de son petit frère, Gran Turismo 6. Alors, amélioration significative ou pétard mouillé ? Est-ce que le jeu vaut ces 4 années d’attente durant lesquelles on s’est langui des moteurs ronflants et des courses endiablées ? Réponse dans ce test.

 

Voir ou conduire, il faut choisir

Le jeu commence tout en nostalgie par une élégante introduction : musique posée au piano, et petit montage d’images d’archives de rallyes et courses de F1 qui s’entrelacent d’images de voitures modélisées en 3D. C’est ce qu’on appelle une utilisation du moteur de jeu qui claque. Le ton est donné et on a droit à une qualité graphique de ce niveau in game, Gran Turismo Sport tire réellement parti de son statut d’exclusivité pour exploiter pleinement les différentes PlayStation 4. De plus, on a affaire à un jeu qui rend hommage au sport automobile et qui ne tombe pas dans le piège de la beaufferie et c’est agréable, notamment pour les connaisseurs.

Le problème ici c’est que, passée l’introduction, il va s’avérer évident que ce jeu est non seulement une exclusivité PlayStation 4 mais aussi … grand écran ! Oui, nous sommes taquins, mais le fait est que la taille et le placement des menus ne sont clairement pas adaptés aux écrans de taille modeste (en tout cas avec un écran de moins de 48 pouces). De même, certaines commandes ne s’avèrent pas très intuitives. Le système GPS, par exemple, propose une carte, partielle, indiquant la route au fur et à mesure, et située en dessous du tableau de bord. Ainsi, pour vérifier le parcours du circuit il faut baisser les yeux, entraînant ainsi une perte de temps et parfois de trajectoire. On perd peu, probablement quelques dixièmes de seconde, mais dans un mode rallye ou chronomètre, ça devient vite gênant.

Même constat pour la vue dite « en habitacle », qui est complètement inutile avec un « petit écran » parce qu’on perd une grande partie de la visibilité. Pour ceux qui ont un grand écran, l’effet diffère et est évidemment plus agréable. Il est probable que ces points soient communs à la plupart des jeux de caisses mais signalons-le tout de même.

 

Un changement (trop) radical de direction

Les courses en elles-mêmes sont assez classiques avec le choix du circuit à plusieurs moments de la journée et avec différentes conditions météo. Le jeu se prend bien en main et la sensation de vitesse donne un bon ressenti. Rien qui décoiffe, pour ainsi dire, mais on a bien l’impression de piloter une Mercedes-Benz AMG GT et pas la bicyclette de sa petite sœur.

En revanche, au niveau des circuits et des véhicules, on est servi… à condition de jouer des heures ! En effet, les marques disponibles sont restreintes, et le nombre de véhicules à conduire d’entrée de jeu est risible. Alors, je vous rassure, tout ça se débloque ou s’achète dans le jeu. Cependant, le prix des voitures à débloquer, plus ou moins réaliste certes, est totalement décourageant au vu du nombre de crédits que l’on doit péniblement amasser afin de pouvoir se les payer.

Et là on touche à un véritable problème du jeu : la progression est lente et laborieuse certainement due à une orientation assez différente des précédents opus. Les courses et les victoires ne vous donnent que très peu de crédits. On a l’impression d’être privé, rationné, nourri aux miettes ; tout ceci rend le rythme globalement lent, ce qui dans un jeu de courses est franchement déstabilisant, et un peu paradoxal. Un constat décevant pour le joueur qui voulait vibrer d’entrée de jeu. Même la customisation n’est pas complète : celle du casque de votre Sting, par exemple, est à débloquer également. Lorsqu’un jeu donne tout dès le départ, les enjeux sont réduits, mais à contrario, s’il ne donne rien, la motivation du joueur sera inévitablement entamée.

 

La vraie vie, c’est pas forcément mieux

L’avantage de Gran Turismo a toujours été l’aspect simulation et, donc, son réalisme. À l’inverse de ses concurrents, tel que Need for Speed pour n’en citer qu’un, le jeu se targuait de ne pas être trop orienté l’arcade. Au niveau simulation, on est effectivement toujours dans le réalisme. Il y a beaucoup d’informations sur les véhicules (moteur, conso, etc…), mais le jeu se veut vraiment trop proche d’une (éventuelle) réalité : On y retrouve le classique choix de la sélection de la boite automatique ou manuelle qui peut changer la difficulté des courses. Mais là encore, l’intérêt de la boite manuelle, mal exploitée dans le jeu, est finalement restreint sans les accessoires cockpit (ce qui est le cas de la majorité des joueurs à priori) qui permettent une vraie expérience de conduite.

On trouve aussi plusieurs modes de jeu, qui diversifient un peu l’expérience comme le mode rallye, le 1v1 ou encore le multijoueur. D’ailleurs, le jeu a été surtout pensé pour le multi. Ce dernier est définitivement axé sur la course en tant que sport (d’où le sous-titre). Il propose des courses online à intervalle régulier, pour lesquelles il faut d’abord passer des qualifications. Ce système, bien pensé, permet de niveler le niveau des joueurs pour des compétitions plus équitables. 

Les rangs se calculent sur plusieurs critères, notamment votre chrono et votre fair-play (si vous foncez dans les copains ou pas). C’est d’ailleurs très pratique car le jeu s’assure ainsi un minimum de courtoisie dans la communauté et il rappelle aux adeptes de Mario Kart qu’ils ne sont peut-être pas au bon endroit. Ainsi, la compétition dans Gran Turismo Sport se déroule plutôt online en multi plutôt qu’en solo. Le multijoueur prend clairement le pas sur des modes solo pauvres en intérêt sans un véritable mode Carrière. C’est une orientation qui se discute et qui pourrait diviser les fans.

 

Verdict

6/10

Gran Turismo Sport fait plus office de spin off que d’opus de la série canonique à proprement parler. Il peut avoir de l’intérêt pour les fans hardcores d’automobiles. Mais pour ceux venus pour jouer en revanche, Gran Turismo Sport n’a rien d’indispensable. La saga semble avoir perdu l’avantage qu’elle avait sur ses rares concurrents à ses débuts. Le jeu n’est peut-être plus le system seller qu’il était auparavant. Le jeu n’est pas injouable mais est restreint et frustrant. Etant le produit d’une saga ayant une telle histoire, la déception est d’autant plus grande. L’orientation multijoueur, plutôt maîtrisée, sauve les meubles mais pour un schtroumpf grognon comme moi ce n’est pas assez pour une franchise qui a toujours visé l’excellence.

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