[TEST] Ken Follett – Les Piliers de la Terre, découvrons l’adaptation en jeu vidéo de ce best-seller !

Entendez vous le chant des moines raisonner dans l’Église ? Ils annoncent en chœur le retour des germaniques de Daedalic Entertainment. Un nom qui vous est bien familier, surtout pour les joueurs de point ‘n click que vous êtes. Vous vous rappelez de votre aventure folle et burlesque sur Deponia ainsi que du chemin sombre et tortueux emprunté dans L’Œil noir : Les Chaînes de Satinav. Aujourd’hui vous suivrez les lignes du gallois Ken Follett avec cette adaptation de son best-seller Les Piliers de la Terre. Bénédiction ou malédiction ? Quoi qu’il arrive, ne perdez pas la foi.

 

Les temps sont bons ou mauvais selon que les hommes sont justes ou injustes.

Angleterre, hiver 1135, quelque part dans la forêt, des traces de pas encore fraîches dans la neige s’étalent sur plusieurs pieds. Sous le déluge incessant des flocons, une petite famille tente de se réchauffer autour d’un feu de camp. Les temps sont durs depuis que vous avez perdu votre travail, tout ça à cause de la colère d’un propriétaire terrien impétueux et égoïste qui n’a pas supporté d’être repoussé par la fille du comte de Shiring… Cependant, vous ne perdez pas espoir de retrouver du travail, tout le monde a besoin d’un bâtisseur, n’est-ce pas ? Votre femme s’inquiète, en effet, vous avez toujours nourri le rêve de construire une Église et il ne faudrait pas que vous crachiez sur le premier emploi venu, même si celui-ci s’avère peu gratifiant. Après cette discussion, une terrible tragédie frappe de nouveau votre famille…

Après ce prologue s’en suit un générique épique qui s’ouvre sur des tintements de cloches avec une épée plantée dans le sol alors qu’un homme pendu vacille au grès du vent. Des édifices, des croix, des statues de saints et des silhouettes se suivent tour à tour sous les chœurs des moines terminant sur une Église avec le titre du jeu. Un générique très bien réalisé qui donne le ton. D’ailleurs, il n’est pas sans rappeler celui de la série télévisée de 2010.

Pour ce premier chapitre, vous incarnerez différents personnages : Philip de Gwynedd, un moine humble dont la foi va être mise à rude épreuve (clairement au centre de ce chapitre), Tom le Bâtisseur, un brave homme qui cherche désespérément du travail pour prendre soin de sa famille et Jack Jackson, un petit garçon téméraire ayant toujours vécu dans la forêt avec sa mère. Chaque personnage a ses propres ambitions et son propre tempérament, ce qui permet de ne jamais tomber dans la monotonie d’un personnage.

 

Je ne me prêterai jamais à ces comportements crapuleux ! (épisode 2)

Les arbres sont fouettés par la pluie battante, les oiseaux ne chantent plus et cet air humide vous fait avoir le cœur lourd. Ce chemin de gadoue mène vers votre ancienne demeure, un grand château fait de pierre qui a perdu de sa superbe. Tout comme vous. Calfeutrée dans votre chambre insalubre, vous refusez d’en sortir et vous laissez aller à la famine. On demande où vous êtes et votre fidèle serviteur répond, non sans défiance, à l’homme que vous êtes là où il vous a laissé pourrir. Malgré la porte vous entendez que vous êtes attendue en bas. Vous finissez par descendre et vous voilà face à l’homme. Il est responsable de tous vos malheurs, tout ça parce que vous avez refusé de vous marier à lui… William Hamleigh. Outre les meurtres qu’il a perpétrés, il a usurpé le titre de votre père, earl Bartholomew, sous prétexte qu’il aurait conspiré contre le roi. William est « un homme triste qui ne connaît rien d’autre que la cruauté ». Cet homme est dangereux, il vous faut fuir au plus vite avec votre frère, sinon qui sait ce qui pourrait vous arriver.

Vous l’aurez compris, cette fois, le livre se concentre sur Aliena de Shiring, une jeune femme au caractère bien trempé que l’on a déjà croisé avec Jack et sa sœur. Mais si, rappelez-vous de la princesse, de cette chevelure ondulée et brune volant au gré du vent sur la tour du château. Vous parlez d’amour ? Je ne vois pas à quoi vous faites allusion. Bref, dans ce chapitre, vous incarnerez encore une fois Philip de Gwynedd qui verra de très près les tréfonds de l’esprit humain et Jack, jeune homme qui commence à se faire une place fragile au sein de Kingsbridge.

Il est très appréciable de voir les personnages évoluer avec des motivations, des objectifs et des envies différentes. Tout comme les lieux qui semblent familiers et étrangers à la fois. Ce livre est particulièrement poignant tant il met en scène nos personnages dans des situations rudes : la guerre, l’adversité, la solitude et la souffrance. Âmes sensibles, préparez vos mouchoirs…

 

C’est une prophétie dont le temps est déjà fixé, elle marche vers son terme, et elle ne mentira pas.

Côté gameplay Daedalic Entertainment a appris de ses titres passés en proposant une expérience plus simple et plus riche. Si, vous aussi, vous sentiez complètement perdu quant aux actions à effectuer ou aux combinaisons à faire pour avancer dans l’histoire de Deponia ou L’Œil noir : Les Chaînes de Satinav, soyez sans crainte, Les Piliers de la Terre est un titre sans prise de tête (et surtout sans combinaisons d’objets dans l’inventaire). Le but étant clairement de vous faire vivre l’histoire le plus intensément possible en proposant des objectifs et des interactions simples. L’inventaire et les objectifs sont affichés en bas de l’écran et vous permettront de toujours suivre l’action en cours. Ne vous inquiétez pas, ils ne viendront pas parasiter la scène puisque vous ne posséderez jamais plus de quatre objectifs ou éléments dans votre inventaire.

Le jeu alterne avec des phases de voyage sur la carte hautement narratifs, des phases de QTE pour réussir certaines actions, des phases de recherche d’indices et d’interaction avec le décor puis, pour finir, des phases de dialogue plus ou moins longues. Outre l’aspect point ‘n click plus que simplifié, le jeu vous permet aussi de faire des choix qui impacteront légèrement votre aventure. Si vous en faites de mauvais, c’est un game over non punitif puisque vous êtes repropulsé quelques secondes avant votre choix fatidique.

Seul reproche que l’on peut faire au premier chapitre, c’est qu’il n’a pas été clair dans le choix au moment où notre femme accouche. On peut interagir au choix entre nos enfants ou notre femme (et la couverture située en bas à gauche que l’on perçoit difficilement si on n’appuie pas sur le bouton aide qui met en évidence les interactions à l’écran). Si l’on interagit avec sa femme, on peut choisir soit de « raconter une histoire » à sa femme, lui « demander ce qu’on peut faire », « tenir ses jambes » ou « tourner la tête ». La situation est critique d’autant plus qu’on a un temps limité pour choisir votre réponse. Instinctivement on va tout choisir sauf « tourner la tête ». Grossière erreur puisque cela permet d’aller parler à nos enfants à qui on assigne des tâche pour aider notre femme à se réchauffer. C’est d’autant plus frustrant qu’on comprend notre erreur qu’à la fin du chapitre en lisant « Vous avez eu du mal à aider votre femme lors de l’accouchement ».

 

Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué ? (épisode 2)

Pour le second chapitre, pas de grand changement dans le gameplay. On notera juste que, comme pour le livre précédent, nous avons droit à une énigme qui paraît pour le moins confuse. Sous les traits d’Aliena, on se retrouve à la taverne avec son frère et deux de ses fidèles compagnons d’épée. Une dispute éclate dans le groupe et on doit rabibocher notre frère avec son ami. Les discussions ne mènent nulle part, dû à l’entêtement des deux hommes. On discute avec le tavernier, qui nous indique qu’il n’y a rien de mieux qu’une bonne galette pour réchauffer les cœurs. Chose que vous donnez à votre frère, mais il n’a pas faim et vous envoie balader de manière peu cordiale.

Non, ce n’était pas la solution. Pour régler le problème, il faut… sortir. Oui, vous avez bien lu, sortir de la taverne pour aller voir une jeune femme qui vend de la viande. Comme elle semble affamée, vous devez lui donner la galette, après quoi elle nous conseille de faire jouer les deux hommes à un jeu de société. Il faut ensuite parler à un groupe de moines pour qu’ils nous prêtent leur jeu de dames. Jeu de dames que l’on ramène finalement à notre frère pour qu’il fasse une partie face à son compagnon d’arme… Oui, tout ça pour ça. L’évidence est flagrante, n’est-ce pas ?

Bon, outre cette situation confuse, la scène du jeu de dames est fort appréciable car on peut choisir d’aider notre frère ou son ami. Si les deux ne se sont pas rabibochés, un peu plus tard dans le jeu, on remarque qu’avant une bataille, l’ami en question n’est pas présent. Mais peut-on réellement parler d’impact ? Il faudra encore certainement attendre le troisième épisode pour se forger un avis définitif.

 

Là où il n’y a pas de vision, les peuples périssent.

Daedalic Entertainment était déjà connu pour ses graphismes réussis et c’est une nouvelle fois le cas. Les scènes sont à couper le souffle dans un style illustratif fait à la main, rappelant d’anciennes bandes dessinées. Les décors fourmillent de détails, le rendant toujours plus crédible et vivant, notamment grâce à la parfaite maîtrise des lumières dans les scènes. C’est un magnifique travail de l’équipe artistique qui a réalisé les expressions des personnages. L’animation les rend vivants et attachants.

Et comment ne pas s’attarder sur la bande originale du jeu ? Celle-ci rythme le récit ainsi que vos émotions. Le ton est juste et authentique avec des chœurs de moines rendant l’expérience d’autant plus mémorable. Nous devons cette bande originale à Tilo Alpermann, un compositeur qui avait déjà travaillé sur d’autres titres de , à savoir The Night of the Rabbit, Silence et Les Chroniques de Shakespeare.

 

Verdict

9/10

Faites tinter les cloches ! Qu’elles raisonnent dans tout le comté car Les Piliers de la Terre mérite sa place parmi les saints du point ‘n click. Une histoire cohérente avec des personnages profonds dans un univers crédible à travers des graphismes sublimes. Un gameplay simplifié pour une expérience réussie et agréable ! Vous en aurez pour votre argent et pour votre temps. Pour 30 euros, déjà 10 heures de jeu sorties à ce jour. Chaque Livre comporte 7 chapitres, le Livre 1 propose 4 heures de jeu et le Livre 2 en propose 6. La patience est une vertu, seulement deux mois avant la sortie du Livre final. Vivement !

Propulsé par WordPress | Thème Baskerville 2 par Anders Noren.

Haut ↑