[TEST] Secret of Mana, un remake à refaire ?

Secret of Mana est un classique, c’est indéniable. Et dans le panthéon des JRPG de la Super Nintendo, c’est clairement l’un des trois titres les plus respectés, avec Chrono Trigger et Final Fantasy VI. Aussi, c’est avec un certain intérêt que j’ai vu arriver ce remake par Square Enix. Voici mon avis sur cette nouvelle version d’un jeu mythique.

Un héritage glorieux

Des jeux cités en introduction, Secret of Mana est le seul des trois à être sorti en France, à l’époque ! C’est difficile de s’en rendre compte aujourd’hui, mais les joueurs français n’ont pas pu jouer aux deux autres avant les années 2000 et les ressorties de ces monuments du JRPG. Du coup, Secret of Mana était un jeu monumental selon la perception de l’époque. Bien sûr, aujourd’hui, on a tous pu jouer à des dizaines de ces jeux mais je me rappelle être allé chez un ami qui avait une Super Nintendo spécifiquement pour pouvoir jouer en coop à Secret of Mana, par le passé.

Le jeu avait un système de combat en temps réel, un pixel art tout simplement superbe pour l’époque et c’était définitivement le seul jeu de rôle en coop et temps réel que je connaissais. Toute une époque. Alors, c’est évidemment plein de nostalgie que je me suis mis à jouer à cette nouvelle version. Les graphismes ont été entièrement refait, les pixels de la SNES ont été remplacés par des polygones. Ok, à priori, je n’ai rien contre… sauf que c’est là que le bât blesse.

Un pas en avant…

Alors, prenons les chose dans l’ordre. Les graphismes ont été redessinés mais le nouveau style fait plus penser à un titre PlayStation 2 qu’autre chose. Les animations des personnages sont franchement mauvaises et leurs visages sont figés même durant les cinématiques. Les dialogues sont maintenant doublés, avec les voix disponibles en japonais. Sympa, mais ça ne couvre pas le fait qu’un bon dépoussiérage aurait fait du bien, tant les dialogues paraissent clichés en 2018. Je parlais des cinématiques, il y a une minute, et… eh bien, c’est pas glorieux. Les personnages sont animés comme des marionnettes arthritiques, aux visages figés comme dit plus haut, comme peints sur des poupées agités par le jeu. Chaque passage avec du dialogue déclenche une scène, les personnages s’alignent sur leur marque et tout s’arrête pendant une seconde. Il n’y a aucun naturel, c’est incroyablement rigide et c’est probablement la pire chose qui ait été “fidèlement préservé” de la version Super Nintendo.

Si vous voulez mettre un coup de peinture, faites attention à ne pas repeindre sur des éléments qui n’en avaient pas besoin. Le pixel art de l’original était parfaitement joli encore aujourd’hui et les autres additions n’apportent vraiment pas grand chose. Cela dit, soyons justes, les remix de la musique sont, eux, tout à fait plaisants. Il est possible de choisir de jouer la musique originale ou les remix, et j’ai vite choisi les remix, pour les écouter et parce qu’ils étaient tout simplement bons. Pour le reste… cela me semble être un malheureux cas de : “si on colle une nouvelle couche de peinture, on peut revendre le jeu plus cher”.

… un saut en arrière

Mais si ce n’était que le problème de la présentation, Secret Of Mana est un jeu assez bon pour rester une super expérience et puis cela reste une question de goûts, bien sûr. Mais le vrai problème n’est pas là. Il se présente en deux parties. Ce qui a été mis à jour, et ce qui ne l’a pas été. C’est triste, mais Square Enix a fait un choix incroyablement malheureux : La manette de la Super NES ne permettait de bouger que dans 8 directions, comme il n’y avait pas de stick. Du coup, lors des combats, on ne risquait pas vraiment de frapper dans la mauvaise direction. Maintenant, le jeu utilise les manettes modernes, normal, et les nouveaux modèles des personnages en polygones tournent à 360 degrés, ce qui veut dire qu’il devient parfois frustrant d’aligner un coup. Il est particulièrement énervant de constater que le système de combat a une jauge de chargement, ce qui veut dire qu’un coup raté prend quelques secondes à recharger.

Autre aspect du problème, chaque frappe forte (avec la jauge pleine) assomme la cible et la lance dans une animation d’étourdissement… qui ne s’interrompt jamais ! En gros, à part les boss, si vous tapez un ennemi avec une frappe lourde dès le début, vous pouvez le coincer dans un cycle d’animation de stun lock jusqu’à ce que vous l’ayez tué pour cela, il faut attendre que l’ennemi ait exécuté toutes ses animations avec les dégâts qui s’empilent au lieu de juste disparaître quand il est mort. Ça prend une plombe et cela ralenti le rythme du jeu de manière incroyablement énervante. Dans le jeu d’origine, les sprites avaient des animations bien plus simples, et donc ils ne passaient pas aussi longtemps dans ces animations ridicules. Après 4 heures de jeu, on se rend déjà compte qu’on passe plus de temps à éviter les ennemi qu’à les combattre tellement c’est une corvée.

La nostalgie comme forme de myopie

Mais si ce gros problème de gameplay est le résultat du mariage des mécaniques du jeu d’origine avec les mises à jour graphiques de ce remake, je voudrais souligner que tout garder intact n’aurait pas été une meilleure idée. Si le jeu avait été un simple portage de la version SNES à 5€, d’accord, mais là, non. Le nombre de petites frustrations que l’on trouve partout dans le jeu est incroyable. Vous voulez savoir ce que le matériel que vous allez acheter fait ? Pas de bol. Vous n’aurez droit qu’à un nom. Pareil pour l’équipement. Donc si vous allez vous ruiner sur cette nouvelle armure, vous allez devoir espérer qu’elle n’est pas moins bien que ce que vous portez déjà, parce que vous ne le verrez qu’une fois dans votre inventaire. Vous avez ouvert le menu d’un de vos alliés ? Mieux vaut jeter un œil à la roue d’arme, parce que vous ne saurez pas à qui vous avez affaire autrement.

Secret of Mana est rempli jusqu’au bord de petites frustrations qui auraient pu être lissées si facilement. Il est évident que l’équipe qui a travaillé sur ce titre n’avait pas de UX designer. Je me demande si Square Enix s’est dit “on peut économiser tant d’argent si on ne met personne en charge de l’expérience utilisateur”, mais le fait est que personne n’était en charge de cet aspect pourtant absolument clé dans le développement moderne. Personnellement, j’aurais sacrifié les doublages qui n’apportent pas grand-chose, plutôt que de laisser le jeu dans cet état. Et en parlant d’état, Secret of Mana est une catastrophe sur PC. La gestion des résolutions est un bordel pas possible, avec le mode fenêtré bugué à un point ridicule, surtout sur des résolutions larges, comme le 4K. La détection des manettes est impossible une fois le jeu lancé, vous devrez redémarrer le jeu pour utiliser votre manette si vous aviez oublié de la brancher avant le lancement et, pour quitter, ce sera alt+F4, parce que une fois la manette allumé, il est impossible de quitter normalement, même si on ne peut pas contrôler le jeu.

 

Verdict

5/10

Secret of Mana est un jeu de légende. Un titre qui me renvoie à une autre époque. Ce portage est une énorme déception. Il parvient à réaliser la tâche incroyable de me faire réaliser quelles parties du jeu ont mal vieilli, tout en regrettant celles qui ont été “modernisées”, ou massacré, c’est selon le point de vue. La nouvelle musique est bonne … c’est vraiment le point le plus positif que je peux mentionner et ça me fend le cœur.

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