[TEST] Geopolitical Simulator 4 : Power and Revolution, François Hollande dans La Nuit du Risque

Geopolitical Simulator est une série qui a connu des fortunes diverses durant son existence. Alors que le quatrième épisode est sorti il y a quelques temps déjà, nous avons voulu voir si la belle progression constatée sur le précédent opus (comme en témoigne le test du troisième opus par William) avait servi de base pour ce Power and Revolution qui annonce du très bon sur le papier. Notre avis sur le nouveau jeu d’Eversim.

Je suis chaud, je vais redresser l’économie française !

Je commence donc une partie libre pour me familiariser avec l’interface, le jeu et les différentes possibilités car n’ayant jamais joué à un Geopolitical Simulator avant, c’est une grande nouveauté pour moi. Comme le tire l’indique je décide de me lancer dans une partie en incarnant François Hollande (du moins son double maléfique puisque aucun véritable nom n’est employé) avec une cote de popularité à 50%. À moi donc de réduire le déficit public et de changer la donne au niveau mondial. Petite nouveauté pour ce nouvel opus, la possibilité de « micro-gestion » lors d’émeutes ou de soulèvement populaire (ce qui arrive apparemment tous les deux mois en France). Malgré cette intention louable qui aurait pu ravir les aficionados du wargame pur et dur, la réalité est beaucoup plus pénible et fastidieuse et j’ai trouvé la solution consistant à envoyer les CRS directement beaucoup plus facile et accessible.

Je choisis donc ma première loi, celle qui va être la plus emblématique de mon mandat : la dépénalisation du cannabis. Tout va bien tout le monde est content sauf, bien sur, l’extrême-droite et les associations de familles qui décident de manifester contre cette infâme dictature Trotsko-socialo-bolchevique. Je les invite donc à l’Élysée pour leur dire que tout va bien. Je poursuis donc mon œuvre (taxe Taubin et d’autres mesures du même acabit). Et là, miracle, le pays réduit son déficit et fait des profits. Je tiens tout de même à préciser que je jouais en facile pour cette première partie mais une question se pose. Est-ce que le jeu est facile parce que je met en place une politique de gauche ou est-ce juste une facilité intrinsèque du jeu ? Une question qui restera sans réponse.

Tout va bien, je suis un modèle mondial et là « paf ! » : fusillé pour haute trahison !

Oui, oui vous avez bien lu. Qu’ai-je fait pour mériter ça ? Est-ce que j’ai utilisé l’arme nucléaire en Syrie pour résoudre facilement le conflit ? Suis-je devenu un despote tyrannique ? Non, rien de tout cela, j’ai simplement donné des armes à des rebelles en Syrie (comme cela se fait depuis le début du conflit mais apparemment, on s’en fout). Je dois vous avouer que j’ai vraiment les boules de finir comme ça et c’est pas faute d’avoir essayé toutes les solutions possibles pour mettre fin à l’enquête (assassinat du juge, emprisonnement, contrôler moi-même la justice) mais, non, rien de tout cela ne marche et je ne peux éviter l’inexorable enchaînement de circonstances qui conduisent à ma mort.

Pour être honnête, je suis vraiment circonspect devant Geopolitical Simulator 4, Pas assez complet pour attirer les aficionados des jeux de stratégie/gestion (la série des Geopolitical Simulator n’a d’ailleurs pas une excellente réputation chez eux) mais probablement trop méconnu pour intéresser les néophytes. Les jeux de stratégie/gestion s’adressant avant tout à un public de niche, cette posture d’Eversim qui consiste à se positionner entre les deux me semble problématique.

Eversim ou le paradoxe du mauvais Paradox

D’après moi, les joueurs qui jouent à Geopolitical Simulator 4 passent par ces différentes étapes. Une première partie sérieuse qui se termine en eau de boudin. Une seconde partie pour donner une seconde chance en essayant le mode Opposant Politique. Un questionnement devant l’ennui intersidéral de ce mode. Une partie trololo et éventuellement une vidéo Youtube de cette partie pour les plus motivés.

D’après moi, Geopolitical Simulator 4 échoue sur plusieurs points de vue. Le premier étant d’être un serious game comme on aime à le dire. C’est à dire un jeu réaliste sur sa façon de représenter le monde et les interactions qui s’y produisent. Dans le jeu, trop de place est laissée à l’aléatoire et à ce que le joueur ne peut pas anticiper ou du moins les aspects auxquels il ne peut pas apporter de solution. Je reprends l’exemple des ventes d’armes aux rebelles (qui me restent toujours en travers de la gorge) : rien ne permet de rattraper la divulgation de ce secret et seul le président est reconnu coupable.

Ce qui est plus problématique encore est la posture d’Eversim qui n’hésite pas à claironner sur son site :

« Eversim est une entreprise spécialisée dans le développement de jeux de simulation dédiés à l’apprentissage (serious gaming) ainsi qu’au grand public. Eversim a lancé sur le marché en 2007 le produit « Geo-Political Simulator« , alias GPS, jeu de simulation réaliste de géopolitique qui est devenu la référence de ce type de produit. En développement constant, GPS donne lieu chaque année à la commercialisation de nouvelles versions toujours plus approfondies , la prochaine version sortant fin 2012 dans de nombreux pays. S’appuyant sur des technologies logicielles pointues, Eversim a ouvert une branche de son activité pour réaliser des produits du type simulation de crise, destinés à la formation et l’entrainement pour les secteurs de la sécurité et de la défense, notamment pour l’OTAN (NATO ACT Norfolk). »

Source : Eversim

Cette impression d’entre deux se retrouve aussi dans des détails comme, par exemple, les doublages des voix qui oscillent entre le consternant et la parodie grasse. Détail qui renforce encore l’impossibilité de prendre le jeu au sérieux et c’est tout le problème. Quand on a joué à des jeux de stratégie aussi complets que Crusader King II ou Wargame Red Dragon, Geopolitical Simulator 4 ferait presque office de version nanarde à laquelle on jouerait de temps en temps pour rigoler un bon coup.

Verdict

5/10

Geopolitical Simulator 4 n’est pas une réussite, loin de là. On y trouve énormément de défauts et les amateurs de stratégie/gestion le fuiront sans doute. Il est peu probable qu’il gagne un jour le cœur des néophytes et l’unique planche de salut que je lui vois est d’être récupéré par des youtubers pour devenir une sorte de nanar que l’on montre à ses amis. Il offre quand même des bonnes tranches de rigolade même si c’est toujours parfois à ses dépends.

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