[TEST] Spirit, l’étalon italien

« Patoche ? »
« Oui Timéo ? »
« On a pas une licence pour les gamins qu’on pourrait rentabiliser en faisant des produits dérivés ? »
« Attends, on a pas la licence de Spirit, tu sais le film de cheval de DreamWorks de 2021. »

Un spirit qui ne renverse pas les tables

 

C’est ainsi que je m’imagine la réunion de pré-production de DreamWorks Spirit : La Grande Aventure de Lucky que l’on abrégera maintenant en Spirit. Le jeu est développé par le studio Aheartfulofgames basé à Madrid et édité par Outright Games.

Quelques petites informations avant de commencer. D’une part Outright Games a l’air d’être spécialisé dans la distribution de jeux à licences tirés de films d’animation, ce qui n’est pas choquant en soi. Sur leur site on trouve d’autres jeux comme Hôtel Transylvanie, La Famille Adams ou même un jeu Fast and Furious : l’ascension de SH1FT3R (sic) qui a l’air de toute beauté (et comme tout le monde le sait, le meilleur FF, c’est le 6). L’autre point rigolo c’est que l’équipe de développement Aheartfulofgames ne fait pas mention sur leur site de ce jeu qu’ils ont pourtant développé. Ce qui, si j’étais mauvaise langue, me ferait dire qu’ils n’ont pas très envie de dire qu’ils en sont responsables. Dernier petit point, le jeu se base sur un nouveau film de l’univers de Spirit sorti en 2021 : Spirit, l’indomptable.

Esprit es-tu là ?

Alors, que donne ce jeu, me direz-vous ? Eh bien, Spirit se veut être un monde ouvert avec des quêtes, une histoire et des méchants très méchants. Ça, c’est pour la théorie. Avant d’entamer de dépeçage du jeu (au cas où vous n’auriez toujours pas deviné, je n’ai pas été emballé) il me semble important d’aborder quelques points de clarification.

Je ne suis clairement pas le public cible du jeu. Je dirais à la louche qu’on doit viser, dans l’esprit des éditeurs, la tranche des filles de 8 à 13 ans. Cela me désole un peu de voir que l’on est toujours en train de proposer des produits ou des œuvres culturelles aussi genrées et calibrées. Cela ne veut pas dire que le produit soit réservé à cette tranche là mais c’est clairement le cœur de cible. Je ne suis donc pas le cœur de cible, soit. Est-ce que cela peut m’empêcher de faire une critique ? Certainement pas.

Le cheval, le cheval, le cheval c’est génial !

En effet, en dehors du public visé, il reste un élément qui, lui, parle à tout le monde : c’est le gameplay. Que le jeu parle de Lego, de cheval, de gestion de centre esthétique ou de planification d’une chaîne d’abattoirs, le gameplay reste central (sauf dans les jeux Quantic Dream mais c’est une autre histoire).

Et donc, que nous dit le gameplay de Spirit ? Il nous dit : « Va là-bas, va me chercher du foin, va chercher ma montre, bla bla bla ». Vous l’avez compris, on est sur un jeu à quêtes. Type de jeu particulièrement pénible sauf quand c’est Kojima qui s’y met et là on crie au génie. Le jeu n’est donc pas vraiment passionnant et l’on enchaîne les missions sans envie pour progresser dans le jeu.

Le jeu a aussi la prétention d’être un monde ouvert, sauf que de par la nature des missions eh bien même si c’était vrai, cela ne servirait à rien car le but est d’enchaîner les missions FEDEX. Si je dis « même si », c’est parce que créer un monde ouvert ne veut pas dire mettre un village au milieu d’une carte et 200 000 km² de vide autour. Un vide rempli de murs invisibles, qui plus est.

Je pourrais aussi rajouter que la partie graphique n’est pas très folichonne. Je n’en attendais rien et j’ai quand même été déçu. Pour être plus précis, j’ai plutôt alterné entre consternation et fou rire lors des phases de dialogues tant en raison des poses que de l’aspect figé des personnages, qui est étrange.

 

Verdict

4/10

DreamWorks Spirit : La Grande Aventure de Lucky est le stéréotype que vous vous faîtes du mauvais jeu à licence. On prend un produit culturel et on y calque dessus un gameplay insipide et une technique à la ramasse en tablant sur le fait que les parents n’y connaissent rien et vont prendre le jeu pour leur enfant sans trop y regarder. Une fois le jeu acheté, les éditeurs auront tôt fait de disparaître avec une bombinette à fumée, et est alors trop tard : l’argent est dans leurs poches.

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