[TEST] Mordheim : City of the Damned, voyage au bout de l’enfer

La grande braderie de Games Workshop continue et cette fois c’est Mordheim: City of the Damned, qui est à la base un jeu de plateau, qui se retrouve adapté par les développeurs de Rogue Factor et est édité par Focus Home Interactive. Après un accès anticipé (ou Early Access, si on aime bien parler en franglais) plutôt réussi, le jeu est sorti en novembre 2015 chez nous, via Steam. Alors, réussite ou pas ?

Mordheim, la cité de la peur

Le jeu se déroule donc dans l’univers de Warhammer et, plus précisément, dans la charmante bourgade de Mordheim. Suite à une période d »essor économique, la ville devient rapidement riche et opulente et, comme d’habitude dans ce cas-là, les habitants ne peuvent s’empêcher de sombrer dans le stupre et la luxure. Sigmar, cet empêcheur de vivre comme un bon décadent, décide donc de frapper un grand coup (au sens propre) et envoie son marteau (sous forme de comète) s’écraser sur la ville. Vous vous en doutez, cela ne va pas améliorer l’économie de la ville qui se retrouve frappée par une malédiction et qui voit l’arrivée de pierres magiques qui attirent la convoitise de tous ses voisins. Le jeu vous donne le choix entre 5 factions jouables : mercenaires, répurgateurs, sœurs de Sigmar, Skavens et Chaos. Chacune ayant, bien entendu, un style propre et des objectifs distincts.

Mordheim, mord, mort et morts

Pour me familiariser avec le jeu, je commence donc par le tutoriel et le premier contact avec Mordheim (oui, je ne met plus Mordheim: City of the Damned parce que c’est trop long) est … comment dire … désagréable. Oui, c’est le mot. On se trouve face à une vue en TPS (à la troisième personne) pour diriger son personnage, alors qu’on s’attendait plutôt à une vue à la X-COM ou une vue stratégique plus facile à gérer. on s’y attendait d »autant plus que tous ceux qui aiment jouer avec le combo clavier-souris seront déçus car le genre s’avère moins bien adapté à celui-ci. Le jeu est pensé pour jouer à la manette et est franchement désagréable à la souris. C’est donc avec la manette que je ferais l’ensemble du jeu, ce qui me semble déjà un point pour le moins curieux. On sent vraiment que le jeu a été pensé pour pouvoir être joué sur console et, manque de bol, il est uniquement sorti sur PC (du moins pour le moment). Si, dans l’idée, la vue en TPS pouvait se défendre (rajouter un coté immersif en collant au personnages) dans la pratique, c’est plutôt raté.

Il existe bien une vue stratégique qui permet de voir l’ensemble de la carte et de savoir où sont placé vos troufions. « Bon, me suis-je alors dis, c’est pas folichon mais, au moins, je vais pouvoir déplacer mes gugusses de manière plus précise ». Sauf que, non, c’est simplement une vue d’ensemble qui ne permet pas de déplacer ou de gérer son équipe. Elle est quand même vachement pratique puisque l’IA a tendance à placer vos soldats bien éloignés les uns des autres ce qui est souvent synonyme de mort subite si vos persos croisent l’adversaire. Mais bon, ne nous attardons pas sur cette première impression et creusons plus loin.

Mordheim, mort d’ennui

Le tuto est plutôt bien fait et nous familiarise bien avec l’ensemble en montrant les énormes possibilités tactiques du jeu. On nous explique l’intérêt des dizaines de tableaux différents, celui pour le buff, pour le dé-buff, pour les caractéristiques et tout et tout. C’est vraiment du porn pour expert comptable et tous ceux qui aiment les tableaux Excel. Le tout prend une forme assez envahissante à l’écran mais apporte de nombreuses indications … qu’on laissera finalement de côté car il y en a trop. C’est dommage : un petit élagage de printemps n’aurait pas fait de mal. C’est donc plein de bonne volonté que je décide de créer ma première troupe avec la seule faction qui vaille la peine : le Chaos (puisque personne ne veut mettre les elfes noirs). Comme X-COM, le jeu se sépare en deux parties : une première où l’on gère son repaire et sa bande et une deuxième constituée de missions à l’extérieur.

Dès le début des phases à l’extérieur un élément se fait ressentir, les temps de non-jeu. Ils sont suffisamment importants pour être désagréables, surtout en début de partie. Quand on commence une partie, on ne sait pas où se trouvent les unités adverses (c’est normal, sinon ça serait trop facile et la facilité, c’est pas le fort du jeu). Jusque là pas de soucis sauf que quand c’est au tour de l’IA de jouer, on a droit à une belle vue sur un personnage qui attend patiemment son tour (et on ne peut donc pas savoir ce que l’IA fait). Sauf que c’est loooooong comme un jour sans pain. Il m’est parfois arrivé de devoir attendre entre trois et cinq minutes avant de pouvoir jouer un de mes personnages. Cela s’arrange quand on a enfin une vue sur l’adversaire et qu’on le voit bouger mais c’est quand même ultra-relou et casse le rythme en début de partie.

Mordheim, Iron Man avec une batte de base-ball cloutée

Vous êtes sûrement en train de vous demander : « Mais pourquoi ce titre ? ». C’est simplement le début d’une métaphore que je vais développer si vous me donnez quelques minutes. Mordheim n’admet qu’un seul mode de jeu, celui connu sous le petit nom d’Iron Man par les joueurs d’X-COM. De quoi s’agit-il ? Simplement d’un mode de jeu qui sauvegarde à chaque action que vous faites et qui rend tout retour en arrière impossible. Il est donc inutile d’essayer de relancer une partie ou de rattraper une action ratée. Un mode de jeu qui impose une difficulté totalement délirante et qui donne un sentiment de crainte à chaque action que l’on fait. Alors, oui, on éprouve un fort sentiment de réussite et de satisfaction quand on réussit une mission. Sentiment qui dure environ 30 secondes et qui est vite remplacé par : « Merde, il faut vraiment repartir et prendre le risque de tout perdre sur une mauvaise action ? ».

Entendons-nous bien, je n’ai rien contre les jeux difficiles, bien que personnellement ce ne soit pas ma tasse de thé, mais je trouve ridicule d’imposer ce mode de jeu sans aucune alternative. Un jeu peut être difficile et s’apprivoiser avec le temps, mais rendre tout retour en arrière impossible alors que le jeu se base en grande partie sur des probabilités (pour savoir si l’on touche ou pas, si on réussit à monter au mur, etc), cela relève de la punition.

Pour revenir à ma métaphore, quand on joue on a l’impression que le jeu nous attend à chaque tour avec une batte de base-ball et si on fait une connerie, il se rue sur nous pour nous péter les rotules en criant : « Espèce de débile pourquoi t’as fait ça ? *coup de batte* maintenant recommence une nouvelle partie et t’as intérêt à faire gaffe, je t’ai à l’œil ». C’est, du moins, ce que je ressens en jouant au jeu. Alors, certains pourront aimer ça, personnellement je n’aime pas trop les coups de batte, du coup pour moi chaque partie relève de la punition. D’autant plus que tout peut bien se passer mais il suffit d’une partie foirée pour perdre sa bande et devoir recommencer une nouvelle session.

Verdict

6/10

Finalement, Mordheim possède des qualités, à savoir un gameplay vraiment profond, trop profond diront certains (dont je fais partie). Mais là où le jeu n’est pas pardonnable, c’est sur sa difficulté délirante qui n’admet aucune erreur et qui donne l’impression de rentrer dans un club SM chaque fois qu’on lance une partie. Un jeu qui n’est pas fait pour tout le monde et si d’aucuns lui trouveront un certain charme, pour ma part c’est un jeu qu’il m’est difficile de recommander.

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