[TEST] Along the Edge, un visual novel à l’approche originale

En grand amateur de narration bien développée et de visual novels aux ramifications complexe, je ne pouvais passer à côté d’Along the Edge par le studio Nova-Box. Nous avions déjà évoqué le titre lors d’une interview avec l’un des créateurs au Toulouse Game Show 2016 et plus brièvement lors de notre venue au BGF 2017 mais il est maintenant temps de vous faire part de notre verdict après avoir éculé toutes les possibilités du jeu avec un test. Voici notre avis plus détaillé !

Une écriture subtile et prenante

Along the Edge raconte l’histoire du nouveau départ pris par l’héroïne de cette aventure : Daphné Delatour. Elle vient d’apprendre le décès de sa grand-mère et reçoit en héritage le petit château familial situé dans une petite bourgade qui n’a rien en commun avec la grande ville où elle habite. Après des moments difficiles – perte d’un enfant, séparation – elle décide d’accepter cet héritage et de déménager. Nous sommes témoins de son départ et l’histoire va s’emballer assez rapidement une fois Daphné arrivée au château.

Evidemment, nous n’allons pas trop en dévoiler pour ne pas vous gâcher la surprise mais nous pouvons souligner la très belle écriture qui donne vie aux personnages. Chacun a un caractère propre et les événements ainsi que les différents embranchements sont très bien intégrés à la trame et paraissent logiques même lorsque l’on connait déjà un des déroulements possibles et que l’on refait une partie. En bref, malgré les différences très notables entre les dénouements disponibles, on sent que tout a été pensé pour que les choix aient un réel impact sans nuire à la cohérence de l’univers.

L’écueil principal dont souffrent pas mal de jeux à choix multiples, à savoir le fait que ces choix n’ont parfois que des conséquences assez limitées sur le déroulement et la fin, Along the Edge a fait en sorte de l’éviter. La première moitié de l’aventure voit de subtiles différences apparaître dans les possibilités de dialogues disponibles selon nos choix et les différences se font plus nettes dans la seconde partie. La dernière heure peut se dérouler de manière très différente selon les relations tissées entre les personnages et les différentes fins principales peuvent connaitre des variantes. Dans tous les cas, refaire le jeu plusieurs fois a été une expérience très intéressante et remarquer les différences après une première partie était presque une petite redécouverte.

 

Un système moins manichéen au service d’un bel univers

Along the Edge est très loin de proposer des choix simplement basés sur les notions de « bien » ou de « mal ». On doit ajouter à ces deux traits de caractère les notions d’esprit cartésien ou, au contraire, de mode de pensée résolument mystique. En clair, votre alignement est autant déterminé par votre bienveillance ou malveillance dans les réponses aux personnages qui vous entourent que par votre croyance profonde, ou non, en la magie et la sorcellerie.

Et croyez-nous, selon que vous ferez preuve d’un esprit tourné vers les explications scientifiques ou surnaturelles, le déroulement, les possibilités offertes et le dénouement seront radicalement opposés dans les moments clés de l’aventure. Daphné est même amenée – de manière plutôt subtile là encore – à changer d’apparence et son alignement jouera énormément sur la manière dont elle voudra être perçue. En vérité, vos choix influencent presque plus l’évolution psychique de l’héroïne que la perception des autres personnages ou du moins, la perception de ceux-ci découlera avant tout de l’évolution personnelle de Daphné. Cette subtilité, c’est très bien vu de la part des développeurs qui donnent aussi de l’importance à autre chose qu’au côté très factuel des choix proposés.

Parler d’apparence est l’occasion parfaite pour aborder l’aspect visuel des dessins utilisés. Un magnifique travail, tout autant inspiré que l’écriture, qui donne une vraie personnalité à cet univers très ancré dans une volonté de représenter des paysages et lieux très « français » ou plus largement européens – ça change de la vision americano-centrée à laquelle nous sommes maintenant habitués depuis des décennies dans les arts en général. Le sens du détail est très perceptible quand on s’aperçoit que l’apparence changeante de l’héroïne est parfaitement retranscrite dans les séquences selon votre alignement, le travail est vraiment très sérieux. De même, la musique est très réussie et pose une ambiance selon les circonstances. Là encore, tout en subtilité et c’est ce qu’il fallait pour accompagner cette aventure.

Au niveau des problèmes rencontrés, pas grand-chose à signaler si ce n’est que quelques coquilles – peu nombreuses – sont encore visibles dans les textes et qu’il nous est arrivé une seule fois qu’un événement qui ne s’était pas produit dans notre partie soit cité dans la sorte de récapitulatif de fin. Pas de défaut rédhibitoire, donc.

Verdict

9/10

Along the Edge est incontestablement l’une des visual novels les plus marquantes de ces dernières années. La relative complexité de l’alignement confère un charme particulier au jeu qui est déjà très bien servi au niveau de l’écriture et des ambiances visuelles et musicales. On s’attache beaucoup à Daphné et son avenir nous importe de plus en plus au fur et à mesure que l’on avance. Pour un jeu qui base son intérêt sur la narration, c’est généralement très bon signe et nous ne sommes pas déçu.

Propulsé par WordPress | Thème Baskerville 2 par Anders Noren.

Haut ↑