On vous avait déjà parlé de Daniel Andreyev (alias Kamui) lors du Toulouse Game Show 2017 (mais si, rappelez-vous), je ne vais donc pas revenir sur la biographie de l’auteur mais vous parler plus en détail de l’ouvrage que nous avions commencé à évoquer lors du TGS : La Légende Dragon Quest, publié chez la maison d’édition Third (qui commence à jouir d’une bonne street cred, comme disent les jeunes).
Où l’on découvre un agité du bocal
L’ouvrage suit assez fidèlement un plan chronologique avant d’aborder un aspect plus thématique lors des derniers chapitres. On commence donc par suivre l’une des trois têtes formant le « triumvirat » Dragon Quest : Yûji Horii. On découvre une personne que l’auteur qualifie malicieusement de « Héros de Shonen ». On y suit ses études dans de prestigieux établissements et on découvre l’importance des clubs et en particulier le club de manga dont fera parti Yûji Horii.
Malheureusement, un grave accident mettra un frein à sa carrière et le poussera à se tourner vers l’écriture. Son attrait pour les jeux vidéo le poussera à rencontrer plusieurs petits génies du code et un partenariat judicieux placera le non moins célèbre Akira Toriyama au chara-design. Mais ne gâchons pas le plaisir de la découverte car ce que je vous raconte ici en quelques lignes prend deux chapitres sur les dix que compte l’ouvrage.
En route vers l’aventure
Le corps de l’ouvrage nous montre comment un RPG créé par Yûji Horii, Akira Toriyama et Kôichi Sugiyama finit par devenir l’une des séries de jeux vidéo les plus importantes et influentes au Japon. C’est d’abord avec ce que l’on appelle la trilogie de Roto et qui correspond aux trois premiers Dragon Quest, que le jeu va obtenir son statut de série culte. Ou plutôt à partir de la fin du troisième opus si l’on veut être précis et ce grâce à un twist qui va marquer profondément les joueurs japonais (lequel ? la réponse est dans le livre !).
L’ouvrage est vraiment bien écrit, le style est fluide et on se surprend à enchaîner les pages sans jamais se rendre compte du temps que l’on y passe. Les nombreux passages plus « factuels » sont contrebalancés par les nombreuses anecdotes personnelles de l’auteur ce qui fait que le livre n’est jamais pénible à lire et que l’on y découvre toujours quelque chose. Par exemple, l’importance du street pass et du phénomène qu’a constitué Dragon Quest IX au Japon, l’occasion pour l’auteur de raconter ses souvenirs entre échanges de cartes et tuyaux pour farmer tranquillement ou encore les dessous de la fusion entre Square et Enix.
The dark side of Dragon Quest
Néanmoins, j’ai aussi grandement apprécié le recul critique que pouvait avoir l’auteur sur le sujet. N’hésitant pas à montrer les aspects les moins fréquentables de la série et de ses créateurs. J’ai ainsi appris que Kôichi Sugiyama, en charge de la musique de la série et membre du triumvirat (j’aime ce mot) était par exemple un ultra-nationaliste doublé d’un négationniste (oui pardon ? Nankin ? La Mandchourie ? Les « femmes de réconfort » ? Connaît pas, jamais entendu parler. D’ailleurs ça n’existe que dans l’esprit de sales gauchistes qui veulent rien qu’embêter la fière patrie nippone).
C’est aussi l’occasion d’aborder des cas qui touchent aussi plus directement la série comme le personnage de Silvia dans Dragon Quest XI et la vision de l’homosexualité dans un pays comme le Japon. Pour ceux qui n’aurait pas encore vu passer l’info (ce qui me semble quand même peu probable car si vous lisez cet article c’est que Dragon Quest vous intéresse), Silvia est un personnage de Dragon Quest XI qui est un travesti représenté par les développeurs avec toute la naïveté de quelqu’un qui est persuadé que les homos vivent comme dans La Cage aux folles.
And Now For Something Completely Different
Ayant eu l’ouvrage en version e-book, je ne pourrais pas vous parler du livre en tant qu’objet (finis les passages sur le grammage du papier…). Sachez que, comme toujours chez Third Editions, les livres sont disponibles en deux versions : la version normale et la version dite First Print, tirée à un nombre d’exemplaires limité (mais dont on ne connaît pas le nombre) et qui ne sera plus distribuée par la suite. Le tout enrobé de quelques petites attentions qui font toujours plaisir, comme le fait de disposer du livre en format numérique et une couverture alternative.
La version first print est disponible pour 30€ (oui, bon, 29,90€, en fait) et la version classique à 24,90€, à vous de voir si les 5€ supplémentaires se justifient par rapport au rapport que vous avez avec l’objet en lui-même..
Finalement, que retenir de cet ouvrage ? Que c’est sans aucun doute un livre qui maîtrise bien son sujet et qui possède d’indéniables qualités, tant au niveau du fond que de la forme. Si Dragon Quest, le Japon ou les J-RPG (voire les trois) vous intéressent, il n’y a aucune raison de passer à côté.
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