[TEST] Backbone, une belle coquille… vide

Backbone est magnifique, atmosphérique et terriblement mal écrit. Le genre de jeu qui produit des trailers incroyables qui vous donnent envie de cliquer sur “acheter” immédiatement, mais qui vous laisse un goût amer dans la bouche. Attention, jeu en anglais.

 

Backbone est un jeu d’aventure en 2D pixelisée. J’hésite à dire que c’est un point and click puisqu’il se joue entièrement sans la souris et qu’il n’y a qu’un puzzle dans tout le jeu et près de zéro besoin d’un inventaire. D’un point de vue mécaniques, Backbone ne va pas casser trois pattes à un canard mais, pour être honnête, c’est vraiment secondaire dans le cas de ce jeu.

 

Atmosphère de fou
Quand le jeu clique, c’est une tuerie visuelle.

Moi aussi, j’aime les films noirs

Au début, le jeu est un vrai régal. C’est magnifique et dégoulinant de style, il a un prémice intéressant et le prologue se termine sur une révélation très forte. C’était le contenu de la démo, et je peux vraiment comprendre comment tant de gens, moi y compris, ont pu vouloir voir où ce jeu nous emmènerait. La véritable histoire de Backbone commence alors et elle a ses bons moments, je ne parlerais pas du gros rebondissement mais, bon sang, vous n’y êtes pas préparés, croyez moi.

Pourtant, une fois le prologue fini… des fissures commencent à apparaître. En rejouant le prologue dans le jeu complet, j’ai commencé à remarquer que le ton était vraiment maladroit pour un cadre de film noir. Beaucoup trop d’argot moderne jeté à la pelle, ça brise le charme. De plus, le ton général est juste… très grande gueule qui se prend au sérieux.

Un style amateur et si “edgy”

Vraiment??
Mais c’est quoi ces dialogues?

Plus on joue, plus chaque personnage commence à sonner de la même manière. Ils parlent avec la même voix, le même ton, et ils deviennent très agressifs en un instant sans raison. Je n’ai pas de problème avec une bonne dose de “fuck”, mais il s’avère qu’il y a une façon de jurer qui donne du poids à ce que vous dites… et puis, il y a putain de moyen d’en faire trop, bordel de merde, ça fait putain de con surtout quand on utilise trois ou quatre putains de jurons et rien d’autre. J’espère que cette dernière phrase illustre suffisamment mon exemple.

Le jardinage, c'est big brain
Vraiment ? Les greffes de plantes c’est « big brain » ?

Pendant ma partie, j’ai joué un Howard (le protagoniste) conciliant, qui n’a jamais essayé de provoquer qui que ce soit. Je me disais que ce serait plus facile d’attirer les mouches avec du miel que du vinaigre, comme on joue un détective privé sans autorité. Mais cela n’a pas empêché la moitié de mes conversations de se transformer en une variation sur le thème de « putain pour qui tu te prends, connard ? Je vais te buter si tu me cherches« . Sérieusement, ce jeu avait besoin d’un script doctor pour retoucher le dialogue, individualiser les personnages, mais surtout donner une douche froide à tout le monde, parce que tout le monde en a besoin dans ce jeu.

Oh et n’oublions pas : TELLEMENT DE PROBLÈMES PARENTAUX ! Je doute que quiconque dans la situation du duo de personnages principaux passe vraiment autant de temps à échanger des « ma mère est nulle. – ouais la mienne aussi, elle me comprend pas« , ils ont des choses légèrement plus importantes à gérer.

Moi aussi, j’ai lu Sartre et Marx !

Si profond...
Ouais, je comprends l’existentialisme maintenant.

Backbone se lance par moment dans des diatribes philosophiques sur la condition humaine (dans ce monde d’animaux anthropomorphiques). Et cet angle philosophique semble… Eh bien, j’ai presque 40 ans, et ça ressemble à quelque chose que j’aurais écrit il y a 20 ans. Je vois d’où cela vient, mais on patauge dans une piscine, on est loin de quelque chose de profond. Ils auraient pu aller beaucoup plus loin avec plus de retenue. Il est clair que Backbone s’inspire de Disco Elysium, mais la différence de qualité est tout aussi douloureusement évidente.

 

Du moment qu’ils concluent… Ah, non ?

Le tout se termine par… ce que l’on appelle un cliffhanger, je suppose. Sachant à quel point il est difficile de créer un jeu, je ne reproche pas aux développeurs d’avoir essayé de trouver un bon endroit pour laisser les choses en suspens et garder de la place pour une suite. Mais pour le moment, cela ressemble plus à « soyons assez vagues pour ne fermer aucune porte ». Je ne veux pas trop entrer dans les détails, le jeu est court et ce serait dommage de le ruiner complètement, mais je peux comprendre pourquoi tant de gens se sont sentis trompés par la non-fin.

Verdict

5/10

Backbone était intéressant à jouer. Il est magnifique, la musique est clairsemée, mais ce qu’il y a est vraiment bon, et même si l’écriture oscille entre prétentieux et immature, il y a de bons moments. J’ai adoré l’intrigue, je pense qu’elle a un potentiel impressionnant mais j’avais l’impression de me battre avec le dialogue à chaque étape. J’ai passé mon temps à essayer de trouver la seule option qui ne fasse pas passer Howard pour un connard complet, alors même que tant des personnages à qui il parle finissent par se comporter comme des petites frappes. En fin de compte, la conclusion abrupte et le ton général seront probablement suffisants pour décevoir la plupart des joueurs.

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