[TEST] Until Dawn, un slasher des 90’s en mieux !

Until Dawn risque bien de soulever les mêmes interrogations que les jeux de Quantic Dream lors de leurs sorties respectives. Comme Heavy Rain, Until Dawn propose une narration qui prend le pas sur le gameplay direct, mais est-ce que le tout est bien calibré ? Le débat est souvent intense face à de tels softs : jeu vidéo ou film interactif ? Nous allons tenter de déterminer l’intérêt d’Until Dawn pour le média.

Until Dawn, un slasher qui a un scénario

Le pitch d’Until Dawn nous place dans la peau d’un groupe de jeunes qui se retrouve dans le chalet appartenant aux parents de trois d’entre eux, pour un week-end de fête. Le tout se passe assez mal, car les deux jumelles – filles des millionnaires auxquels le chalet appartient – disparaissent sans laisser de traces. Un an plus tard, Josh, seul rescapé des trois, réunit à nouveau tout le monde au même endroit pour commémorer la disparition de ses sœurs, et c’est là que les ennuis continuent.

La plupart des critiques négatives sur Until Dawn ont insisté sur le côté cliché des personnages et de la trame, mais il convient de relativiser un peu tout ça. Oui, les personnages sont tous – ou presque – tirés de clichés typiques des slashers des années 1990, mais le tout est parfaitement assumé par les développeurs – ils en parlent même dans les bonus que l’on débloque au fur et à mesure – qui développent le tout avec un certain brio. « Brio », dans le sens où si le début de la trame présente des personnages très convenus, mais les rôles vont devenir beaucoup plus flous et moins délimités qu’attendu. En bref, le travail sur la narration et la construction des personnages est particulièrement soigné. De plus, le folklore amérindien est plutôt bien exploité et permet quelques rebondissements intéressants.

Ces aspects sont encadrés par le système dit de « l’Effet Papillon », qui régit les variations de l’histoire générées par vos choix. Chacun des choix importants pris fait l’objet d’un signal indiquant que ce que vous avez décidé a une influence sur la suite des événements. De la même manière, vous pouvez trouver des totems tout au long de l’aventure, ceux-ci vous envoient une prémonition qui aura une thématique différente selon la couleur que le totem arbore. Noir pour la Mort, Blanc pour la Chance et trois couleurs intermédiaires : Rouge pour le Danger, Marron pour une Tragédie et Jaune pour les Conseils.

Une atmosphère magistrale en atout majeur

Le boulot sur l’ambiance et l’aspect visuel est assez impressionnant, les effets de lumière ont été particulièrement soignés car ils donnent un bon cachet au jeu. L’atmosphère de montagne enneigée avec un chalet perdu dans une forêt constitue un background solide pour un jeu inspiré des slashers. Le tout est parfaitement mis en avant par une réalisation superbe, un jeu d’acteur excellent – que ce soit en version originale ou française – malgré une synchronisation des doublages avec les lèvres parfois légèrement faussée, et un mélange des genres de l’horreur qui permet d’être surpris pendant une bonne partie de l’aventure. La bande originale est, elle, très inspirée et nous met vraiment dans l’ambiance, sans toutefois tomber dans l’uniformisation du rythme, comme on aurait pu s’y attendre dans un jeu d’horreur. Les sonorités sont plus variées que ce que l’on pourrait penser.

Le gameplay du titre est une succession de scènes narratives entrecoupées de QTE et de quelques phases où l’on contrôle les personnages. Les phases de contrôle direct sont volontairement lourdes, pour que le personnage se déplace assez lentement, le bouton L1 sert à accélérer légèrement le pas, mais rien de notable. Pas de problème, cependant, car cela sert la mise en scène. L’immersion est encore plus prégnante lorsque certaines phases vous demandent de ne pas bouger d’un pouce, le jeu se servant de la détection de mouvement pour traquer le moindre tremblement. On s’est alors surpris à retenir notre souffle. De meme, le gameplay gagne en profondeur lorsqu’il est suggéré que parfois, ne rien faire est la meilleure des solutions. Dans un autre ordre d’idée, les screamers sont relativement nombreux et inattendus, même si on sent arriver certains juste avant qu’ils ne se produisent. Le rythme est plutôt bien calibré, même si tout s’accélère peut-être un peu trop dans les trois derniers chapitres. Signalons également qu’une option existe pour basculer vers un gameplay au PlayStation Move ou avec le capteur de mouvement de la Dualshock 4, cependant, on préfèrera les contrôles traditionnels, plus précis. La durée de vie, proche des 7 à 8 heures de jeu si on prend la peine de fouiller un peu partout est correcte pour ce type de jeu, d’autant que la rejouabilité est au cœur du jeu.

Les différents embranchements mènent à des déroulements et conclusions différents, amenant à recommencer plusieurs fois le jeu pour tenter toutes les approches et essayer de voir toutes les fins possibles. Au final, peu de points faibles nous sont apparus, hormis quelques effets de lumière ratés – on parle du reflet des lumières ambiante dans les yeux des personnages qui scintille beaucoup trop pour que ça fasse naturel – mais on chipote clairement car la réalisation reste très soignée. Reste l’éternel débat : jeu ou film interactif ? On a envie de répondre que, oui, Until Dawn est une vraie expérience vidéoludique et pas un simple film interactif, dans le sens où le lien avec les personnages est fort et qu’on s’implique vraiment dans les décisions. Until Dawn a la qualité rare de nous donner un nombre de choix et de possibilités qui fait que chaque aventure est différente, avec une finalité tout aussi différente. Une vraie bonne surprise.

Verdict

8/10

Dans son genre, Until Dawn excelle dans presque tous les points. Il n’est pas techniquement parfait mais son excellent travail sur l’ambiance, l’environnement et les effets de lumière permet de camoufler les imperfections. La tension amenée par les QTE et les décisions à prendre participe à l’ambiance autour du titre et la rejouabilité est là. Toutefois, il est clair que ceux qui n’ont pas apprécié des expériences comme Heavy Rain n’apprécieront pas plus Until Dawn. A réserver à un public spécifique ou qui a envie de découvrir. En ce qui nous concerne, c’est un vrai coup de cœur et on aurait presque été tenté de placer le curseur un tout petit peu plus haut.

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