[CRITIQUE] Caligo : face à la mer, je rêve de …

Dans ma première critique, je vous parlais de Football Game, aujourd’hui on aborde un autre jeu : Caligo, sorti en septembre 2017. L’occasion d’aborder à travers cette rubrique les différentes expérimentations que propose le medium vidéoludique. Fini les point and click en pixel art, place au walking sim avec des graphismes léchés.

Caligo feat Passi (ou pas)

Caligo est donc un walking sim, c’est-à-dire un jeu qui repose principalement sur la narration. Ici, point de skill à avoir : il s’agit, comme dans les autres jeux du genre, d’avancer dans l’histoire de suivre la narration et de récolter quelques dessins ici et là. Le jeu est développé par Krealit, un studio un peu obscur. Les seules informations que j’ai pu trouver viennent de leur page Facebook qui est dédiée à leur nouveau jeu, Guns’n’Zombies. Bref, le jeu nous place dans la peau d’une personne se réveillant dans une pièce et qui va, au fur et à mesure de l’avancée, découvrir plusieurs endroits qui servent à exposer une situation.

Ce qui frappe en premier dans Caligo, c’est le style graphique, plutôt joli et varié. La progression dans l’histoire va nous faire passer d’endroits idylliques et merveilleux à des lieux beaucoup plus glauques et tordus. Le joueur découvre assez rapidement qu’il est la moitié d’une entité qui lui fait vivre ou revivre plusieurs vies qui constituent les différents tableaux que l’on traverse. On pourrait, certes, reprocher le tempo un peu lent imposé par le jeu mais d’un autre côté n’est ce pas ce rythme lent et posé qui permet de découvrir et de prendre son temps ?

Çaligo !

Comme dit plus haut, les différents endroits traversés dans Caligo sont tous extrêmement différents mais ont chacun quelque chose à dire. Le premier est, par exemple, le souvenir ému du narrateur d’une partie de son enfance, le tout baignant dans une atmosphère proche du merveilleux, littéralement. On s’attendrait presque à voir surgir une licorne ou un leprechaun de derrière un bosquet. L’idée centrale de ce niveau, outre les souvenirs d’enfance, tourne autour de la lecture et du plaisir qu’il peut y avoir à créer des mondes. Idée qui trouve un écho avec la création artistique autour du jeu. Le narrateur évoquant ses souvenirs se confond alors avec le créateur du jeu lui-même pour donner un dialogue intéressant sur le rôle et la portée du créateur.

La direction artistique est plutôt réussie même si certains environnements ne sont pas loin du cliché. Le monde de la prison en est sans doute l’exemple le plus marquant. Certes, ce monde est plutôt glauque mais est, à mon avis, le moins réussi. Sans doute aussi que l’idée principale qui le dirige n’est pas non plus d’une grande finesse dans sa critique de la société du spectacle et de la consommation. C’est finalement en me perdant, ou plutôt en tombant dans un bug du jeu (mais est-ce vraiment un bug ?) que j’ai découvert un paysage ressemblant beaucoup à une toile de peinture. J’ai du mal à croire que le studio se soit donné du mal en créant ce paysage pour que personne ne puisse le voir. D’autant plus que c’est le seul moment du jeu où il n’y a pas de murs invisibles empêchant de tomber dans le vide. En tout cas, c’est de toute beauté et chapeau à l’artiste derrière.

Calimar mar mar

Finalement, c’est sans doute tout ce que l’on peut dire de l’histoire sans trop en gâcher la découverte. Le genre du walking sim étant ce qu’il est, il est toujours délicat de trouver le bon dosage entre trop en dire ou ne pas en dire assez. Caligo reste quand même, à mon humble avis, un jeu assez sympathique. Il ne révolutionnera sans doute pas le medium mais il possède des qualités pour qui aime les belles histoires. D’autant plus qu’il vous prendra tout au plus deux heures pour le traverser de fond en comble, de quoi profiter du jeu le temps d’une soirée au lieu de regarder un film par exemple.

Caligo coûte 5,99€ mais se trouve de temps en temps en promo. C’est durant l’une de ces promos que j’ai pu le trouver pour 0,99€ (au passage, merci au forum des bons plans sur le forum de Canard PC). À ce prix-là, n’hésitez pas, vous trouverez toujours quelques chose à en retirer. Il y a, à mon avis, des walking sim plus attractifs pour qui souhaiterait en essayer un pour la première fois (Virginia, ou même Firewatch) mais il reste néanmoins un jeu à essayer pour les curieux.

 

Au final, Caligo ne changera pas la face du monde mais l’histoire qu’il propose et sa narration m’ont fait passer un moment plutôt agréable en sa compagnie. Ceux qui aiment les histoires y trouveront leur compte, de même que ceux qui n’y connaissent pas grand-chose non plus.

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