[TEST] God of War, il nous a envoyé dans la kratosphère !

God of War est une franchise qui a débarqué sur la pointe des pieds dans le paysage vidéoludique mais qui a rapidement su s’imposer comme une exclusivité très forte dans le catalogue estampillé PlayStation. Alors que la série semblait avoir atteint ses limites vis-à-vis de la direction prise depuis ses débuts, voilà que ce nouvel épisode essaie de rebattre les cartes tout en gardant l’essence de ce qui fait un God of War. Pari réussi ?

 

Les enjeux émotionnels au même niveau que les jeux de pouvoir

Il faut le dire, les jeux de la franchise God of War que l’on pourrait maintenant qualifier de « classiques » ne brillaient pas forcément pour le développement des personnages dans leur sensibilité, malgré un véritable sens de la mise en scène et une magnifique exploitation d’un univers mythologique très dense. Le nouvel opus, qui sonne tant comme une continuité scénaristique que comme un reboot qui réorganise la franchise, semble avoir été l’occasion pour Sony Santa Monica de changer la façon de mettre en valeur sa narration dans les jeux de la série.

Dans la pratique, ce nouveau God of War change bien des aspects dans la façon de raconter l’histoire mais parvient tout de même à garder le lien avec des thématiques qui étaient déjà importantes dans certains des précédents opus, même s’il n’avaient alors pas le même poids dans le développement narratif – l’importance de la famille, en particulier.  Ici, la relation entre Kratos et son fils Atreus est particulièrement mise en avant, jusqu’à influer sur le gameplay – nous y reviendrons – mais recentre surtout le propos sur une quête qui se veut tant initiatique que personnelle et ce, de manière parfois étonnante, pour chacun de deux protagonistes que l’on contrôle. L’évolution du regard que porte Kratos sur Atreus est une sorte de fil rouge qui rythme la relation entre les deux personnages et constitue presque plus le véritable objectif du parcours du joueur que le but qui nous est fixé en premier lieu.

Ce descriptif des enjeux narratifs de God of War pourrait peut-être faire peur aux amoureux des débuts de la saga, pourtant, le jeu regorge de moments épiques, dans la plus pure tradition des combats dantesques que Kratos a pu mener auparavant. La mise en scène fait toujours la part belle à des affrontements et des finish moves très esthétiques qui permettent de mesurer la puissance du héros. D’autre part, la présence d’un antagoniste qui se révèle être une sorte de Némésis, apparaissant à divers moments, permet également de personnifier l’adversité et de rendre clairs les objectifs et impératifs du duo pour accomplir leur destin et se préserver de la mort qui les guette.

Un dernier mot, enfin, sur la trame globale du titre qui propose une histoire efficace et faisant vivre aux joueurs quelques moments inattendus qui changeront leur perception de certains protagonistes. L’intégration des quêtes annexes dans cette globalité narrative est également une franche réussite qui permet d’étoffer considérablement l’univers en complétant et soutenant l’effort d’immersion fourni par la quête principale. Certains personnages rencontrés nous font parfois découvrir d’autres facettes de l’univers, parfois plus sombres. Des facettes qui sont parfois autant de leçons données aux personnages mais aussi aux joueurs.

Une esthétique à faire tomber les Valkyries

Dans l’aspect purement technique, God of War réussit à impressionner, tant sur PlayStation 4 classique que sur son modèle Pro. Si nous avons parcouru l’aventure sur ce dernier, nous avons également mis un point d’honneur à constater le niveau visuel affiché par le titre sur sa petite sœur et nous n’avons pas été déçus. Evidemment, le rendu, une fois sublimé par la « 4K » de la PlayStation 4 Pro est d’autant plus impressionnant. Inutile de dire que certains environnements en particulier – un panorama de la forêt dans laquelle réside un des personnages importants de l’histoire, entre autres – nous ont particulièrement impressionné. Certaines quêtes se déroulant dans des environnements enneigés sont également particulièrement impactantes en grande partie grâce au travail fait sur les détails qui entourent le joueur. De ce point de vue, le travail des concept artists semble avoir joué un rôle déterminant tant le rendu à l’écran est proche des dessins préparatoires que nous avons pu découvrir.

L’aspect monumental que l’on pouvait ressentir dans les précédents God of War est ici plutôt largement préservé. Si la forêt dans laquelle débute l’aventure est un environnement relativement classique, les lieux que le joueur visite ensuite font la part belle aux bâtiments, statues et mécanismes gigantesques. Quelques larges zones assez ouvertes confortent d’ailleurs ce sentiment, tout comme la mise en scène de certaines quêtes qui amènent Kratos et Atreus à avoir un impact physique sur d’immenses structures. Nous n’en dirons pas plus pour ne pas dévoiler d’éléments de l’intrigue, mais la sensation de puissance dégagée par Kratos est toujours aussi impressionnante. Elle se ressent également dans le gameplay, et il est justement temps d’aborder ce point dans notre prochaine partie.

Un style différent qui préserve l’essence de God of War

Quiconque a déjà joué à un des précédents God of War sait que la série s’est forgé une solide réputation autour de son gameplay, très dynamique et qui met en avant la brutalité de son protagoniste principal. Ici, l’approche est très différente en soi mais recèle tout de même une volonté de ne pas changer la nature des réactions du personnage. Un constat particulièrement visible alors que notre personnage principal affiche ses paradoxes, entre bestialité dans le combat et apprentissage de la retenue quand il tente de donner à Atreus la paix qu’il n’a lui-même jamais réellement réussi à atteindre. Résultat ? Les combats sont différents mais l’impression de puissance dégagée est toujours aussi forte. La façon d’aborder les affrontements dans leur dimension tactique s’en voit changée mais il conviendra toujours de savoir manier l’esquive autant que les phases d’attaque pour espérer s’en sortir. Comme auparavant dans les précédents opus, en somme – surtout si on jouait dans les modes de difficulté élevés.

Atreus est également un personnage « jouable » à part entière puisqu’il viendra prêter main forte à son divin paternel lorsque le joueur le décidera. Il faudra alors appuyer sur Carré dans le rythme souhaité pour que le garçon décoche quelques flèches. Le nombre qu’il sera possible de tirer dépendra de la façon dont vous aurez fait évoluer le personnage. Cela nous amène, d’ailleurs, à parler du système d’évolution, relativement différent en comparaison des précédents titres. Il utilise l’expérience récoltée pour améliorer les compétences propres des personnages – jusque-là, pas de gros changement – mais marche différemment en ce qui concerne les armes.

Pour ces dernières, il vous faudra passer par des forgerons nains – deux frères qui sont des personnages récurrents et vous donneront de nombreuses quêtes. Ces forgerons vous permettront d’améliorer vos armes et d’acheter de nombreux équipements ou objets utiles – dont certains seront à lier aux armes – contre de l’argent et des objets spécifiques. Ces objets sont parfois compliqués à trouver, surtout en ce qui concerne les améliorations d’armes à des niveaux élevés. Le farm est donc une composante plutôt importante de ce God of War.

Un dernier mot, enfin, sur l’OST du titre, vraiment de très haut niveau et qui suit les ambiances des moments vécus durant l’aventure – le thème résonnant lors d’une scène émouvante au tout début de l’épopée est, d’ailleurs, particulièrement marquant. Les doublages français sont d’excellente qualité et suivent la nouvelle approche narrative avec un Kratos dont la voix résonne avec moins de colère et plus de retenue – même s’il lui arrive de péter un câble, on ne se refait pas, vous vous en doutez.

 

Verdict

9/10

Autant être clair, la note maximale n’était pas loin du tout pour ce God of War. Qu’est-ce qui a fait pencher la balance pour un 9 ? C’est ce petit « facteur X », le sentiment que ce nouvel opus est un excellent jeu mais pas l’expérience hors du commun qui pourrait, selon moi, justifier une telle note. Pour autant, God of War est une remise à plat de ce qui fait l’essence de la série. Réussir l’exploit de conserver « l’âme » d’une franchise aussi populaire tout en réussissant à proposer une expérience nouvelle – à son échelle – est un tour de force et une prise de risque qu’il convient de saluer. De mon point de vue, la très probable suite partira avec un socle très solide et Sony Santa Monica avec un crédit encore renouvelé. Mais qui doutait encore du talent de ce studio ? Les développeurs qui le composent ont, en tout cas, montré qu’ils savaient se renouveler.

Propulsé par WordPress | Thème Baskerville 2 par Anders Noren.

Haut ↑