[TEST] Spiritfarer : beau, touchant, joyeux et tragique.

Spiritfarer est beau, touchant, à la fois joyeux et tragique, mais il aurait pu prendre un petit raccourci au niveau de la durée qui s’étire un peu trop dans la dernière partie du jeu. Voici tout de suite mon avis sur le titre de Thunder Lotus Games.

Il y a des sujets qui valent la peine d’être traités sérieusement

Peu de jeux vidéo parlent de la mort. Oh, bien sûr, on flingue des milliers d’ennemis anonymes dans une grande partie de nos titres préférés, mais le sujet de la mort, de ce qui se passe quand on arrive à la fin de sa vie, qu’on soit jeune ou vieux, malade, digne, entouré de nos proches, ou seul… Ce n’est pas un sujet si courant. Alors quand un titre se présente et qu’il traite du sujet non seulement avec tact, mais avec un cocktail aigre doux de joie et de tristesse, ça vaut la peine de prendre note.

Stella se "réveille"
Le jeu fait immédiatement forte impression visuellement

Dans Spiritfarer, vous incarnez Stella, la nouvelle navigatrice du vaisseau de Charon, chargée de conduire les âmes des morts vers le Seuil Éternel pour qu’ils embarquent pour leur dernier voyage. Le jeu ouvre sur Stella se réveillant sur une barque, accompagnée de son chat Daffodil et de Charon. Ce dernier vous explique qu’il est temps pour lui de passer le Seuil Éternel et de vous laisser en charge d’amener les âmes à ce même Seuil Éternel. C’est maintenant à vous de parcourir le monde des âmes pour embarquer celles qui sont prêtes à faire leur dernier voyage.

Une expérience personnelle qui m’a laissé brisé

Chacun des passagers que vous acquérez au long de votre voyage à sa propre personnalité et tous ont un lien personnel avec Stella. Avec la nouvelle mise à jour “Lilly”, on en apprend plus sur Stella elle-même et pourquoi elle est maintenant dans l’au-delà, prête à endosser le rôle du passeur d’âmes. Je suis sûr que ça ne sera pas évident pour tout le monde, mais ces vignettes ont recontextualisé le jeu pour moi vers la fin, et j’ai vraiment eu du mal à finir le jeu, car je ne pouvais plus m’arrêter de pleurer. C’est le genre de fin qui vous donne envie d’en parler avec quelqu’un, de décortiquer le symbolisme du jeu parce qu’il y a tellement à découvrir.

Les vies des esprits de Spiritfarer ne sont pas de simples histoires inventées. Chaque esprit est inspiré par un membre de la famille d’un des développeurs du jeu, et ça se ressent. Leurs histoires ne sont pas simplement crédibles, elles ressemblent aux histoires que mes grands-parents me racontaient… ou refusaient de partager par honte ou regret. Alzheimer, la guerre, le cancer, la sclérose en plaque, la mort d’un enfant, ou même voir sa sœur s’éteindre dans un lit d’hôpital quand on ne peut rien faire d’autre que d’attendre la fin… Spiritfarer n’épargne pas beaucoup de tragédie.

Chacun aura une expérience différente avec les passagers de Spiritfarer mais, à bientôt 40 ans, après avoir perdu le dernier membre de ma famille de la génération de mes grands-parents, le poids émotionnel de mon expérience avec le jeu m’a marqué. C’est le genre de coup de poing dans l’estomac qui nous rappelle la valeur des proches qui sont encore là.

Spiritfarer est aussi un jeu qui illustre très bien pourquoi les jeux vidéo ont des atouts uniques d’un point de vue narratif. Le fait que vous êtes chargé d’amener vos passagers au Seuil Eternel et que c’est votre choix quand vous leur permettez de quitter ce monde est puissant. Vous n’êtes pas un témoin passif, c’est vous qui les emmenez à leur destination finale, qui recevez leurs dernières paroles. Vos passagers n’ont pas tous quelque chose de joyeux ou de serein à partager au seuil de la fin.

Visuellement magnifique, plein de couleur et de vie

Développé par le studio qui nous avait amené Jotun et Sundered, on pouvait s’attendre à de somptueux graphismes comme tirés d’un dessin animé et Spiritfarer ne déçoit pas. C’est un jeu magnifique aux animations détaillées. Vous pouvez faire des câlins à vos passagers pour leur remonter le moral, et à votre chat, parce que Daffodil est le meilleur et qu’il faut lui faire des câlins, non mais oh, on est pas des monstres. Enfin, bref, les animations lors de ces échanges vous feront fondre. C’est juste beau.

Spiritfarer n’est pas seulement beau, il est aussi plein de couleur, plein de vie, et il reflète assez parfaitement le genre de personne que Stella était avant de devenir la passeuse d’âmes. L’expérience de Stella ne se résume pas à une série de tragédie, il y a tellement de beauté et de joie aussi. Le ton reste positif et joyeux pour une grande partie du jeu, ce qui donne le poids nécessaire aux moments lourds. Ils ont l’impact qu’ils doivent, parce qu’ils tombent alors qu’on ne s’y attend pas. Du moins au début.

Des mécaniques qui relaxent, mais un peu répétitives

Toutes ces belles animations sont parfaitement utilisées dans un jeu de plateforme comme Spiritfarer. Et même si on n’est pas face à un Mario où le but du jeu est un test de votre précision, naviguer de plateforme en plateforme est très satisfaisant. Je vais tout de même recommander à quiconque de ne pas hésiter à faire quelques expériences avec le mouvement. C’est surtout visible à la fin du titre, mais il y a des pouvoirs qui ne sont vraiment pas clairement expliqués et vous pourriez rater certaines zones si vous ne faites pas attention.

Votre bateau peu assez facilement devenir un peu bordelique
Le placement des bâtiments est aussi assez important

Spiritfarer est aussi et surtout un jeu de… gestion de ressources. Une touche d’artisanat, de cuisine et de gestion de l’humeur des passagers, c’est une formule familière. Vous construisez de nouvelles structures sur votre bateau pour loger vos passagers, fabriquez les matériaux dont vous avez besoin et progressez pour accéder à la totalité de la carte. Avec un sujet aussi grave que la mort, passer autant de temps à se charger de petites tâches qui s’apparentent presque à des corvées peut paraître étrange, mais cela devient facile à comprendre quand on en apprend un peu plus sur Stella.

Peut être un peu plus long que nécessaire

Le jeu nous propose de nombreux mini jeux pour les récoltes de matériaux : de la pêche, à une vitesse effrénée (et parfois franchement un peu énervante) d’un bout à l’autre du bateau pour récolter telle ou telle ressource. Quand on ajoute une touche de jardinage et la préparation de petits plats pour les passagers, il y a de quoi faire entre les ports que vous devrez visiter pour faire progresser l’histoire.

Au début, ces distractions sont bienvenues et certaines sont vraiment sympas, mais une fois que vous commencez à vous approcher de la fin du jeu, vous commencez à ne plus les apprécier autant car elles vous empêchent d’interagir plus profondément avec vos passagers. C’est vraiment dommage parce qu’en passant trop de temps sur la partie gestion du jeu, on peut perdre le fil de l’histoire de certains compagnons et finir par rater un moment clé. Ce n’est pas un rédhibitoire, mais j’aurais bien aimé pouvoir couper court à la monotonie du côté gestion de Spiritfarer dans le dernier quart du jeu.

Verdict

9/10

Malgré mon sentiment que le jeu aurait pu être un chouilla plus court, je ne saurais trop recommander Spiritfarer. Le jeu est magnifique, vraiment plaisant au niveau du gameplay et la seule raison que j’ai de dire qu’il aurait pu être un peu plus court est que l’histoire et les personnages m’ont tellement marqué que je ne voulais plus perdre de temps à pêcher alors que j’avais tellement plus important à faire. Difficile de vraiment reprocher à un jeu d’être émotionnellement “trop prenant ». Préparez vos mouchoirs, Spiritfarer vous fera sourire jusqu’au moment où il vous arrachera le cœur, et je l’adore pour cette raison.

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