[TEST] The Medium, on l’avait pas vu venir

The Medium est un jeu que j’attendais personnellement beaucoup depuis son annonce. C’est finalement à l’occasion de sa sortie sur de nouveaux supports que j’ai pu m’y essayer. On le sait, le souci, lorsqu’on attend beaucoup un jeu, c’est de se faire une idée un peu trop flatteuse de celui-ci avant même d’y jouer. Autant le dire, ça a été un peu le cas lorsque j’ai découvert le dernier titre de la Bloober Team, même si tout n’est pas à jeter, loin de là.

 

Entre deux mondes

Notre histoire débute en 1999, en Pologne, dans la ville de Cracovie. Nous incarnons Marianne, qui possède un don peu commun lui permettant de voir au-delà de notre réalité et de se projeter dans le plan spirituel. Pas de tout repos, surtout lorsque l’assassinat d’une jeune fille près d’un lac vous hante fréquemment. Alors que son père adoptif meurt, Marianne reçoit un mystérieux appel d’un certain Thomas, lui demandant de le rejoindre à la Station Niwa, un complexe hôtelier abandonné qui se trouve dans la forêt à l’extérieur de la ville.

Elle fait ce que tout être humain ferait (non) et se rend donc au lieu indiqué, espérant trouver des réponses aux questions qui la hantent depuis des années. Le tout début de The Medium est très intéressant en termes de narration, mais cela va un peu s’essouffler dans la suite de la première moitié du jeu. Heureusement, la seconde partie va s’avérer bien plus spectaculaire avec un scénario à la fois mature et touchant, qui aborde des thématiques plutôt rares dans le média vidéoludique.

Au niveau de la mise en scène, la production de Bloober Team se rappelle au bon souvenir des amateurs de jeux horrifiques des années 1990 et début 2000 (Les Resident Evil, notamment) avec une mise au goût du jour de la fameuse caméra fixe, ici bien plus dynamique et aux angles changeants selon les besoins de la progression. L’avantage ? On ne maîtrise pas tout et c’est un plus pour se faire peur. L’inconvénient ? Vous aurez l’impression d’être dirigé à la baguette et jamais vraiment maîtres de votre partie.

Beau, mais pas trop ; linéaire, un peu trop

The Medium nous en met plein la vue dans un premier temps avec une cinématique d’introduction tout simplement magnifique. En vérité, les séquences de ce type seront, il faut le dire, d’un très haut niveau durant toute notre aventure. Pour ce qui concerne les séquences in-game, le constat est assez différent. Si le tout est agréable à regarder, il ne s’agissait pas, à sa sortie, du meilleur représentant de celle que l’on appelait alors la new gen, et cela ne s’est évidemment pas arrangé depuis. Les animations sont relativement rigides et les effets de particules ne sont pas des plus réussis.

La conclusion est plutôt différente si l’on considère l’aspect artistique qui, lui, se trouve être très inspiré. L’architecture du complexe hôtelier dans lequel nous passons la majorité du jeu est directement tirée du style soviétique, qui avait cours pendant la Guerre Froide dans le pays, ce qui donne à ce lieu abandonné un cachet assez authentique et se marie très bien à la version spirituelle de l’univers, où les environnements prennent une tout autre allure, plus organique et malsaine.

Nous allons aborder le gameplay dans notre ultime partie mais il y a un constat que l’on peut faire d’ores et déjà : The Medium est très linéaire. Cela ajoute d’ailleurs à la monotonie certaine que l’on ressent dans la première moitié de l’aventure. Certaines phases demandent seulement de marcher pendant quelques minutes sans avoir rien d’autre à faire qu’avancer, et à un rythme très lent. Pas forcément agréable.

Du frisson, des puzzles et de la contemplation

Comme dit précédemment, The Medium brille par son dirigisme à outrance et ne nous laisse quasiment jamais l’initiative. Pour autant, le gameplay est loin d’être inintéressant. Nous avons droit à une utilisation plutôt intéressante des deux dimensions : Marianne utilise ses pouvoirs – notamment celui de projeter son esprit dans le plan spirituel en laissant son corps derrière elle ou une sorte de bouclier protecteur – pour détecter les présences spirituelles dans le monde réel et pour les combattre ou s’en défendre dans l’autre dimension.

Pour autant, comme dit plus haut, le jeu ne nous laisse pas le loisir de choisir quand nous alternons entre les deux mondes. Les phases sont bien déterminées et c’est une petite déception en soi. Malgré tout, l’utilisation qui est faite du concept est très intéressante et donne lieu à des puzzles très intéressants où il faudra utiliser les pouvoirs de notre héroïne et utiliser les deux dimensions pour progresser. Notons que si on sursaute de temps en temps, on ne se sent que rarement en danger face aux obstacles qui sont sur notre route. The Medium mise tout sur l’ambiance et un peu moins sur votre capacité à vous en sortir. Certains aimeront, d’autres un peu moins.

Enfin, parlons de deux collaborations d’acteurs emblématiques de l’industrie dans le titre : Akira Yamaoka, qui accompagne Arkadiusz Reikowski à la bande-son – qui est d’excellente qualité – ainsi que Troy Baker, qui incarne la némésis de Marianne : The Maw, qui sera probablement le seul antagoniste qui vous fera frissonner et appréhender certains moments.

 

Verdict

6/10

The Medium est un thriller psychologique et horrifique plutôt réussi mais qui laisse un petit goût d’inachevé. On aurait pu s’attendre à une utilisation des différentes dimensions un peu plus poussée – même si environ un tiers du jeu se joue en écran partagé – et à une expérience moins linéaire en globalité. Malgré tout, le titre est une œuvre très inspirée, qui va au bout d’une partie de ses idées en proposant un scénario très bien mis en scène, adulte et glaçant à certains moments. L’ambiance est le point fort du jeu, sans aucun doute, et cela pourrait suffire à de nombreux joueurs malgré son dirigisme.

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