[TGS 2013] Conférence sur l’évolution de la presse jeux vidéo

Au Toulouse Game Show 2013, nous avons eu l’occasion d’assister à une conférence qui nous touche de près, puisqu’elle concerne la presse vidéoludique, en particulier son évolution, mais aussi son influence et le niveau d’indépendance dont elle dispose, sujet qui a souvent enflammé le web ces dernières années.

Au commencement était le papier …

La conférence nous racontant l’historique de la presse vidéoludique s’est déroulée en présence de trois intervenants principaux dont les plus bavards se sont révélés être Julien Chièze, rédacteur en chef du site Gameblog et Alain Huygues-Lacour, alias AHL, aka le « vieux » sage derrière des magazines comme Tilt, Joystick ou Joypad (eh oui, c’était le bon temps, hein).

Alors, bien sûr, nous n’échappons pas à la bonne vieille soupe qui nous rappelle des souvenirs émus (on aime), les débuts de la presse vidéoludique, c’était bien sûr, du papier, puisque comme vous le savez sans doute, internet c’était pas encore pour nous dans les années 1980, années qui ont vu le magazine Tilt régner sans partage ou presque sur le marché. Révélant au passage des talents qui exploseront bien plus tard comme Marc Lacombe, que vous connaissez tous sous le nom de Marcus, désormais un des animateurs vedettes de la chaîne Game One.

Vous vous en doutez, les anecdotes touchant ces magazines typiquement années 1980-90 nous viennent pour la plupart d’A.H.L., dont les nombreuses expériences sont riches en moments forts et moins forts, de hauts et de bas que peuvent cacher la profession.

Une évolution fulgurante ?

En soi, et si nous nous basons sur les débuts de ce type spécifique de presse, la progression du niveau d’audience pour ce qui est des médias dédiés au jeu vidéo peut paraître relativement rapide. Comme cela est abordé lors de cette conférence, internet joue un grand rôle dans l’expansion de cette audience. Dans ce cas, nous pourrions nous demander si l’explosion de l’audience est un effet d’une popularité croissante des jeux vidéo ou est tout simplement dû à de nouveaux moyens de communication. La réponse est à chercher dans les deux cas de figure.

Revenons à nos intervenants, qui nous expliquent leur vision de l’évolution de l’audience. A.H.L. nous fait remarquer que la manière d’obtenir et de diffuser l’information ainsi que l’appréhension de la concurrence étaient radicalement différentes de ce qu’elle peut être de nos jours. Quoi de plus normal ? Les magazines qui ont survécu restent sur le modèle établi à l’époque consistant à une mensualisation de l’information, là où les médias dominant actuellement proposent des mises à jour continues ou presque de l’actualité mondiale du jeu vidéo. A.H.L., encore, en profite pour parler d’une anecdote quand à un scoop obtenu lors de l’E3 au milieu des années 1990, concernant un casque à la mode Oculus Rift développé alors par Sega (en moins abouti techniquement, fatalement …) et de l’importance de conserver le droit de diffuser l’information, car, avec un rythme mensuel, un scoop valait alors de l’or. Si les scoops sont, dans l’esprit de Julien Chièze (et celui de votre serviteur), toujours possibles à obtenir, ils ont, du coup, une portée moins importante car très rapidement relayée par d’autres sites.

Intervient alors la notion de confiance avec les développeurs/éditeurs, qui amènent à d’autres problématiques que nous aborderons plus loin dans cet article. La confiance est essentielle pour se voir confier des nouvelles qui sont encore non officialisées. Il est toujours nécessaire, pour garder une chance de rester dans ce genre de confidences, de ne pas braver l’interdit éventuellement imposé par celui qui vous confie ce « secret ».

La presse jeux vidéo, milieu corrompu en manque de reconnaissance ?

Que de mots forts avec ce titre, pour un rédacteur en chef qui fait pourtant partie de ce système depuis de nombreuses années et sous différentes casquettes, sous différents projets, mais ce n’est qu’une question qui est ici posées et à laquelle nous allons essayer de répondre.

La question du financement par la publicité des sites internet d’actualité de jeux vidéo par les éditeurs a été soulevée. Nous le savons pour la plupart, le sujet soulève parfois de grandes controverses entre les lecteurs d’un site, qui le taxe alors de « pro-Sony », de « pro-CoD ». Bien sûr, et les intervenants ne l’ont pas forcément nié, il existe bien quelques pressions, rares, selon eux, concernant le retrait de brèves qui n’auraient pas dû être dévoilées, de notes un peu trop rigides qui pourrait éventuellement avoir des circonstances fâcheuses sur les partenariats publicitaires.

Si de telles éventualités sont possibles, il convient de rappeler que cela reste marginal et que le tout tourne souvent à l’opposition de force. La pression des régies publicitaires d’un côté, le poids de l’audience qui serait perdue de l’autre, si le site devait manquer d’argent et fermer. Tout est donc une question d’équilibre des rapports de force, mais il faut aussi noter que ces pressions ne sont pas la norme, encore une fois. Pour ce qui est de mon expérience personnelle (eh oui, il fut un temps où cette question pouvait se poser de manière personnelle), les éditeurs ont très souvent fait preuve de beaucoup de respect s’agissant de l’indépendance de la notation. Qu’en est-il d’un site qui serait détenu en majorité par un éditeur important ? La question est ouverte, mais gageons que les sites les plus importants dans le paysage vidéoludique font preuve de la même fermeté affichée par notre intervenant Julien Chièze, vis à vis de Gameblog.

Dernier sujet majeur qui a été abordé en fin de conférence : La reconnaissance du média jeu vidéo par les médias généralistes et les organismes ou institutions régissant les divertissements. D’accord, il est vrai que pour qu’un rédacteur/journaliste (ou ménestrel en l’occurrence, hein, Julien ?) du jeu vidéo intègre une institution qui a trait à la culture, il faut se tenir prêt à un travail de longue haleine. Certes, les médias généraux n’en finissent pas de montrer du doigt le jeu vidéo comme un diabolique moyen de rendre fou notre jeunesse (on passe sous silence les diarrhées cognitives que sont les Ch’tis, Allô Nabilla et autres Marseillais), comme un moyen de s’entraîner à commettre des attentats mais aussi comme d’une espèce de drogue qui coupe les personnes de la réalité et de la vie sociale. Mais des motifs d’espoirs subsistent. Car bien des formes d’art ont été rejetées à leurs débuts balbutiants, car, oui, le jeu vidéo est un art jeune à l’échelle de l’humanité. Et puis, son développement est stupéfiant, figurez-vous que près de 30 millions de français déclarent être des joueurs, comme quoi, il semblerait que certains arrivent à accommoder jeux vidéo et vie sociale. Et comme l’a très bien dit Julien : « Lorsqu’une caméra de France 2 vient vous poser des questions sur votre rapport aux jeux vidéo, restez calmes et tout ira bien », enfin, un truc comme ça !

Merci à tous les intervenants et au médiateur de cette rencontre privilégiée qui nous a été offerte et à bientôt pour de nouveaux articles.

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