[TGS 2018] Les comics indépendants, une alternative aux super-héros ?

Cette conférence du Toulouse Game Show 2018 avait pour objet les comics indépendants et comme interlocuteurs quatre personnalités venues tout droit de cet univers. Cette rencontre était constituée d’une série de questions/réponses en compagnie de Roberta Ingrata, Leila Leiz, Trevor Hairsine et Barry Kitson. Nous allons voir si elle s’est avérée fructueuse comme celle de l’année dernière ? C’est parti !

Bonjour à tous, ma première question, pour poser les bases, concerne la différences entre indépendants et mainstream ?

Pour moi, la principale différence est que dans le monde du comics indépendant, on a plus de liberté et moins de censure que chez les gros éditeurs.

C’est certain que l’on à moins d’indépendance chez les éditeurs mainstream. Il y a les petits éditeurs qui sont un peu indépendants mais si on veut réellement être indépendant et avoir le plus de liberté possible, il ne faut pas être rattaché à une maison d’édition et publier et éditer soi-même.

Oui, il y a une vraie différence entre les gros éditeurs et des éditeurs plus petit comme Valiant qui est plus souple mais qui impose quand même un certain cadre. En fait, la plus grosse difficulté si on publie chez un gros éditeur c’est que les licences sont déjà en place et qu’il est très difficile de les faire évoluer ou de les changer. Du coup, tu ne peux pas faire ce que tu veux.

Et quelle différences entre le monde du comics français et le monde étasunien ?

Il n’y a pas vraiment de grosses différences à mon avis, c’est assez similaire. Mais quand j’ai travaillé en Italie, les gens étaient plus tatillons sur le dessin et te donnent vraiment une direction et un cadre à suivre.

Tu reprends la série Witchblade qui était très populaire dans les années 1990, quelles différences entre la nouvelle série et l’ancienne ?

Il n’y a pas de grande différence mis à part le style graphique vu que je reprend la série. Mais sinon, le personnage est beaucoup plus habillé qu’avant.

Vous étiez là au début de la création d’Image Comics, pouvez-vous nous parler de cette période ?

Ça s’est créé avec beaucoup de transfuges de chez Marvel qui voulaient plus de liberté. Moi, comme je venais de chez DC, je regardais tous ça d’un peu loin. Mais c’est vrai qu’il y avait beaucoup de liberté à l’époque et même encore aujourd’hui.

Pouvez-vous nous raconter l’anecdote sur la création d’Empire [le comics, NdR] ?

Quand Image a été créée, d’autres auteurs ont voulu faire pareil et on a lancé Gorilla Comics. Beaucoup de personnes ont créé des histoires et des personnages mais ils n’ont pas pensé qu’ils allaient devoir les publier eux-mêmes. Comme nous on avait pas d’argent, on a commencé à publier Empire chez Gorilla Comics, mais après quelques numéros, on avait plus d’argent. Alors, on est allé voir DC qui a publié quelques numéros aussi, mais finalement on a fini par partir pour aller chez IDW. Ce qui fait qu’Empire a eu trois éditeurs différents !

Pensez-vous que le monde des indépendants permette de créer et de faire passer des messages plus facilement ?

Probablement que oui. Quand tu es indépendant, c’est toi qui choisis le sujet donc tu es maître de parler de ceux que tu veux. Tu peux même te permettre d’être blessant pour certaines personnes. Moi je ne l’ai jamais fait mais je sais que j’aurais pu.

C’est vrai que quand tu es indépendant, tu peux aborder des thèmes plus difficiles ou plus polémiques, mais même les grandes maisons d’éditions commencent à aborder ces sujets, par exemple avec des personnages LGBT. Mais le risque c’est que comme ils ont plus de visibilité, ils s’exposent plus et sont plus frileux pour prendre des risques.

À mon avis, oui, c’est plus facile. Comme dit avant, c’est plus facile pour un indépendant qu’un gros éditeur, qui va prendre plus de risque et risquer de perdre des lecteurs ou de vendre moins.

Quelle est votre relation avec votre scénariste, comment se passe votre travail avec lui ?

Moi je n’en ai pas, à une exception près, c’est Mat Kilt mais on partage la même vision du comics et on travaille ensemble depuis longtemps.

Je travaille beaucoup avec les mêmes scénaristes. On partage beaucoup mais rien n’est jamais figé, on discute beaucoup ensemble ce qui fait que parfois cela prend plus de temps que chez d’autres.

En Europe, le duo scénariste et dessinateur, c’est comme un couple qui font un enfant. C’est très fusionnel et on passe beaucoup de temps ensemble. Quand je travaillais aux États-Unis, c’est plus distendu et l’éditeur fait la passerelle entre les deux, le lien n’est pas aussi fort qu’en Europe.

Merci à tous les intervenants pour cette conférence de qualité et qui était fort instructive !

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