[TEST] Elden Ring, From Software à son paroxysme ?

Aussi attendu que le messie, Elden Ring le nouveau RPG d’action développé par From Software et édité par Bandai Namco Entertainment est enfin disponible depuis le 25 février. Déjà le GOTY 2022 ? On donne notre avis !

Ah, FromSoftware, un nom qui fait frémir les joueurs du monde entier. Pourquoi ? Car il s’agit de la firme japonaise vidéoludique avec des notions de game design très particulières. En effet, Hidetaka Miyazaki, le PDG et réalisateur de la plupart des œuvres, a des visions du jeu vidéo très créatives. Il appelle chaque joueur à s’immerger dans la difficulté et le courage. Le public répond présent depuis 2009 avec la sortie de Demon’s Souls sur PS3, mais surtout en 2011 avec Dark Souls, deux RPG se déroulant dans un univers fantasy. Depuis, d’autres œuvres voient le jour, dont deux suites pour Dark Souls, ainsi que Bloodborne en 2015, dans un univers mêlant époque victorienne et mythologie lovecraftienne, et Sekiro : Shadows Die Twice en 2019 qui retourne leurs codes et introduit le joueur dans le Japon médiéval.

From Software se démarque grâce à de nombreux aspects : son level design, qui a pour volonté de capter l’attention du joueur via des éléments de décor proches comme lointains. Les secrets disséminés un peu partout captent sans arrêt l’attention. Rien n’est laissé au hasard. Et un autre aspect qui fait frissonner à chaque fois : la difficulté. Oui, un jeu FromSoft n’est pas facile à prendre en main : les ennemis font mal, il y a beaucoup d’assets qui peuvent paraître déroutants, chaque action est punitive si elle est loupée, etc. Cependant, la récompense est tellement gratifiante que la pression retombe et laisse place à la joie.

Les joueurs apprécient cette audace du développeur japonais et attendent patiemment chaque opus comme une renaissance du jeu vidéo. Beaucoup de joueurs considèrent ces jeux là comme un vrai challenge pour les gamers, mais attisent aussi la discrimination entre les « bons » et « mauvais gamers ». Mais là n’est pas la question.

Alors Elden Ring est dévoilé, le public mise énormément dessus. À juste titre puisque qu’il a été écrit en collaboration avec l’illustre George R.R. Martin, le père de la saga Game of Thrones. Qu’est-ce qui pourrait mal se passer ?

« Rise, sweet Tarnished »

L’histoire, ce n’est pas le plus grand fort des jeux From Software. Enfin, pour ceux qui n’aiment qu’effleurer la surface de l’iceberg. Car une fois plongé à l’intérieur, la glace est douce, belle, mais d’une grande complexité. Sans-éclat, lève-toi et prends la place qui est tienne : celle de Seigneur du Cercle d’Elden. Pour cela, il faudra déchoir les grands qui te barre le chemin. Et ainsi réclamer le poste qui est le tien. Enfin, celui de nombreux Sans-éclats qui ont déjà tenté le diable, en vain.

Cela parait faiblard à première vue. Mais l’histoire d’un jeu FromSoft se cache dans ses écrits intradiégétique, soit dans l’intrigue. On en apprend plus en découvrant soi même l’histoire. Il faut y aller de sa personne, se donner soi même pour la mériter. Un aspect qui parait réducteur aux premiers abords, mais cela a tout d’un jeu qui se mérite. C’est pour cela qu’un jeu FromSoft est difficile à appréhender, car il se mérite. Le choix reste au joueur.

Un gameplay digne des meilleurs

Voilà ce qui le met au rang des plus grands. Son gameplay. Il s’agit d’une des fonctionnalités les plus attendues par les joueurs . Et on peut dire qu’ils s’en sortent avec brio chez From Software. On retrouve les mêmes assets que dans les épisodes précédents, notamment la série des Dark Souls, mais avec une fluidité et agilité très proches du gameplay de Sekiro : on peut sauter, s’accroupir pour éviter de se faire repérer, esquiver ou rentrer dans les tas, etc. Le niveau est correctement dosé, mais n’est pas recommandé pour tous. Ce n’est pas un jeu facile à apprendre, mais une fois qu’on a bien tryhardé, il devient plaisant et jouissif.

Avant tout, il faut créer son personnage. Il existe de nombreuses classes : guerrier, prisonnier, indigent, samouraï, prophète, astrologue, bandit, héros et vagabond. Toutes auront des points d’expériences réparties de manière à correspondre à l’approche voulue. Les classes sont équitables et tout le monde peut trouver son bonheur. Le personnage évolue au fur et à mesure de l’aventure, car lorsque des ennemis sont tués, le joueur récupère des runes (ou âmes si vous venez de l’écurie des Souls). Celles-ci peuvent être dépensées pour attribuer des points de compétences (1 par niveau) sur les différentes capacités proposées. C’est une fonctionnalité déjà bien connue dans les Souls, donc rien d’étonnant à ce niveau. On prend les même et on recommence. Cependant, maintenant on peut enfin sauter et s’accroupir mais aussi se déplacer plus rapidement sur la carte grâce au destrier Torrent. Bien plus pratique dans un open-world, on ne va pas se mentir.

Jolie nouveauté afin de rendre le jeu un peu plus simple : la possibilité d’invoquer des cendres d’alliés ou de jouer en coop. Un peu partout dans les donjons ou sur la carte, des zones d’invocation sont disponibles afin de faire appel à des alliés réels (en mode en ligne) ou des PNJ appelés « cendres« . Ces derniers s’utilisent comme un consommable et sont utiles pour combattre et attirer l’attention d’un boss pour l’attaquer sans encombre. Cette fonctionnalité permet de mieux appréhender un ennemi coriace. Et ça fait plaisir de voir que FromSoft a pensé aux joueurs débutants dans leurs RPG.

En grande nouveauté, Elden Ring implémente une méthode d’artisanat. En effet, un peu comme dans Horizon Forbidden West et tant d’autre, il est possible de se crafter des objets via une table d’artisanat. Seulement ici, pas besoin de se rendre directement dans un établi car la table de fabrication est disponible depuis le menu pause. Ce qui est un gain de temps et évite de faire des trajets juste pour fabriquer un seul objet. Pour cela, de nombreux ingrédients sont à retrouver un peu partout dans l’Entre-Terre : des fleurs, champignons, morceaux de verre, etc. Le menu de crafting offre de nombreuses possibilités : des bombes, de la nourriture, des graisses pour son arme, des flèches, etc. Tout est offert pour appréhender l’univers.

Entre-Terre, à nous deux !

Ce n’est plus une nouveauté dans le monde du jeu vidéo, les open world sont partout aujourd’hui et toujours autant à la mode. Rien que début 2022, trois sont déjà sortis : Pokémon Legends Arceus, Horizon Forbidden West et ce cher Elden Ring. Alors que vaut cette fonctionnalité dans le nouveau jeu From Software ? Tout y est surprenant, rien n’est laissé de côté. On peut se rendre partout et à tout moment, et même passer le temps. La carte est immense et sublime et offre des points de vues toujours aussi impressionnants. Sans oublier les splendides environnements et décors : des châteaux médiévaux aux paysages désolés. Elden Ring est une invitation au voyage et à la découverte. L’univers est divisé en zones qu’on peut directement visualiser sur une carte. Une grande première dans un FromSoft. Pour se familiariser avec les zones, il faut cartographier en découvrant des balises qui dévoilent les détails de la zone dans laquelle on se trouve. Certains endroits sont aussi accessibles via des téléporteurs présents un peu partout, et même dans des pièges. Et tomber dans un piège téléporteur est souvent très surprenant. Il arrive souvent de se retrouver dans des zones lointaines et se demander « mais comment je retourne d’où je viens ?« .

Pour se déplacer rapidement sur la map, des points de téléportation sont ouvertes et disponibles. De la même manière que les feux ou lanternes des anciens opus, il s’agit des sites de grâce. À retrouver un peu partout, ils servent autant de points de téléportation que de HUB pour passer des niveaux, augmenter ses fioles et bien d’autres options. En battant les ennemis ou les boss, on amasse des runes (ou âmes pour les habitués) qui servent de monnaie. Celles-ci se dépensent pour acheter des armes ou les améliorer, ainsi que pour passer de niveau. Et c’est dans les sites de grâce que cela peut se faire. Une fonctionnalité qui n’est pas inconnue pour les fans des Souls mais elle se prête plutôt bien au style de l’open world.

Rendre un jeu encore plus beau grâce au son

Un grand point fort des jeux FromSoft, c’est bel et bien la musique. Les Souls ont toujours droits à des thèmes musicaux forts et prenants, mais seulement pendant les boss. Cependant Elden Ring change la donne. Car il y a enfin de la musique pendant notre pérégrination dans l’Entre-Terre. Exit le silence pesant à se concentrer sur chaque bruit. Les mélodies sont courtes et contemplatives pour immerger le joueur dans ce monde immense et toujours étonnant. Et c’est une vraie réussite, on se sent transporté par les thèmes qui habillent les environnements. Et on n’oublie pas de valider fortement les musiques de chaque boss. La symphonie puissante fait la force de ces combats et accompagne vivement les mouvements chorégraphiques de l’ennemi et du joueur. C’est toujours autant réussi. Il arrive même de mourir pendant un combat car on est trop occupé à écouter la musique. Véridique !

Un beau jeu, certes, mais qui n’est pas exempt de bug.

Le sound design est un art complexe. Il implique d’illustrer de manière sonore un jeu vidéo et ce n’est pas chose facile de trouver des sons appropriés, surtout dans un jeu heroïc fantasy. Mais dans Elden Ring, les choix sont toujours minutieux et calculés. Chaque son se place correctement avec chaque action, chaque décision, chaque personnage, tout se reconnait. Ce qui est impressionnant avec le sound design, c’est qu’il est appliqué et impliqué. C’est fort, beau et participe à l’enchantement qu’est Elden Ring.

Trop similaire à Dark Souls ?

C’est le reproche souvent donné au dernier titre de From Software : est-ce qu’Elden Ring sort du lot par rapport à un Dark Souls ? On ne peut le nier : il est très ressemblant aux précédents jeux de la firme, a contrario de Bloodborne et Sekiro : Shadows Die Twice qui ont leur propre univers. Son monde, son message, ses ennemis et monstres, son époque, sa difficulté, tout peut y faire penser. Cependant, le dernier opus FromSoft se démarque par sa souplesse et son monde ouvert. Bien que ressemblant à ce que Dark Souls offre, Elden Ring prend le meilleur de chaque épisode et l’anime. On peut sauter dans Sekiro ? Alors on l’ajoute dans le nouveau jeu. Passer en toute discrétion ne peut pas se faire dans les Souls ? On le met dans Elden Ring. Tout le jeu est issu du meilleur de From Software et du meilleur du RPG. Mais à cause de sa ressemblance frappante de par son univers heroïc fantasy, il aurait sans problème pu s’appeler « Dark Souls 4« .

Beaucoup de personnes le comparent aussi avec The Legend of Zelda : Breath of the Wild, de par son côté révolutionnaire du RPG. Mais aussi pour avoir fait de l’ombre à Horizon Forbidden West. Car pour la petite anecdote, Horizon Zero Dawn est sorti en parallèle de BotW en 2017. Et ce dernier lui a fait de l’ombre, de la même manière qu’Elden Ring le fait pour sa suite. Pas de chances pour Guerrilla. Mais revenons à l’intéressé. Il apporte beaucoup pour le RPG : la grandeur de l’open-world, les classes personnalisables, les surprises disséminées un peu partout, l’environnement, etc. Il s’agit d’un jeu très important pour le style vidéoludique et on tient peut-être un des plus grands titres de la décennie. Mais, est-il aussi révolutionnaire du genre que Breath of The Wild ? Rien n’est sûr. Le sentiment de liberté, le vent de légèreté, le fait d’aller partout sans encombre grâce à la grimpette, ce sont des assets propres à BotW. Elden Ring, lui, insuffle sa nouveauté sur un matériau préexistant, soit la saga des Dark Souls, et le rajeunit pour devenir un jeu ultime avec de superbes fonctionnalités. Mais il ne révolutionne pas. Au-delà de tout ce qu’il apporte au genre, son approche est différente. Même si elle est notable et très louable. On sent que From Software a voulu faire son Souls ultime, son chef d’œuvre et c’est sans conteste une réussite totale, mais rien de révolutionnaire.

Verdict

9/10

Un seul mot : grandiose. L’expérience de jeu qu’offre Elden Ring inflige autant de douleur que de plaisir. Tout y est jouissif : les boss, les musiques, l’environnement, la liberté, la soif de découvrir. C’est fou comme un jeu si difficile sur le papier peut autant attirer l’attention de tous les joueurs. Souffrir ensemble nous rapproche. Tient-on déjà le GOTY 2022 ? En attendant de le savoir, Elden Ring est disponible sur PC et consoles sauf Nintendo Switch. Et dites-vous qu’il ne faut pas avoir peur d’un jeu From Software, car il a tellement à offrir : si on veut l’adopter, il faut l’essayer. Cependant, ce n’est pas un jeu à mettre entre toutes les mains.

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